Le Fonds monétaire international salue la nouvelle politique économique du gouvernement japonais qui fait remonter la production et la consommation. Mais il pointe des «risques considérables» si rien n'est fait, en parallèle, pour réduire la dette publique. L'«Abenomics» est efficace mais pas sans risques. Tel est le verdict du FMI (Fonds monétaire international) sur la nouvelle politique économique japonaise, très audacieuse, qui mélange relance budgétaire et monétaire, avec une forte dévaluation du yen en point d'orgue. Dans son rapport annuel sur le Japon publié vendredi à Tokyo, le FMI se félicite que le programme de relance de l'économie du premier ministre Shinzo Abe fournisse une «occasion d'en finir avec de longues années de déflation et de croissance faible». Mais il pousse le pays à ne pas relâcher les réformes et pointe les «risques considérables» qu'il y aurait à «ne pas prendre de mesures budgétaires concrètes pour réduire la dette publique», et à reporter la hausse des taxes sur la consommation, de 5% à 10% annoncée en deux étapes, pour avril 2014 et octobre 2015. Le Fonds appelle même l'Archipel à les porter à 15% ultérieurement. En avril, a annoncé le gouvernement vendredi, la production industrielle du Japon a augmenté de 1,7% par rapport à mars, sa cinquième hausse consécutive, portée par les exportations que favorise de plus en plus la baisse du yen, tandis que le chômage est resté stable, à 4,1%, son niveau le plus faible depuis quatre ans. Deux bonnes nouvelles auxquelles s'ajoutent une reprise de la consommation des ménages, en progression de 1,5% sur un an, et un léger ralentissement de la déflation. Les prix à la consommation, hors produits périssables, ont certes encore reculé de 0,4% en avril, mais ils avaient baissé de 0,5% en mars. Et, surtout, l'indice des prix à la consommation dans la région de Tokyo, considéré comme un indicateur avant-coureur de la tendance dans l'ensemble du pays, a, lui, progressé de 0,1% en mai comparé au même mois de l'an dernier. Autant de chiffres qui tendent à montrer que la politique du gouvernement commence à porter ses fruits. Toutefois le FMI, qui note que la croissance a «fortement rebondi au premier trimestre», en hausse de ,9% entre janvier et mars, maintient sans changement ses prévisions pour 2013 et 2014 à respectivement 1,6% et 1,4%. Pas question donc de signer un chèque en blanc. Le Fonds, au contraire, pointe du doigt la dette colossale du Japon, qui pourrait atteindre 245% du PIB (produit intérieur brut) fin 2013. Et d'ajouter: «le chantier ne fait que commencer. Les réformes pour la croissance et l'ajustement budgétaire qui doivent être présentées le mois prochain sont indispensables à la réussite de la stratégie» du Japon. En revanche il ne s'inquiète pas de la dépréciation de la monnaie nippone, le yen, qui a perdu 25% de sa valeur face au dollar et à l'euro depuis novembre dernier. Elle n'est «pas problématique» si elle est accompagnée par de réelles réformes de structure, juge le FMI. In Le figaro du 31/05/2013