La Banque du Japon (BoJ) a décrit, avant-hier, un panorama ensoleillé de l'économie nippone jugée en phase de reprise, ce qui apporte de l'eau au moulin du Premier ministre Shinzo Abe à dix jours d'élections sénatoriales. A l'issue d'une réunion de deux jours, le comité de politique monétaire de la BoJ a souligné que la troisième puissance économique mondiale commençait à "se reprendre", une expression qui avait disparu des communiqués de l'institut depuis deux ans et demi. Il a souligné que l'économie nippone se portait déjà mieux, évoquant "une reprise des exportations", "des signes de redémarrage des investissements des entreprises", "l'augmentation des investissements publics" et "la solidité de la consommation privée". Le comité a aussi mis en exergue "une augmentation modérée de la production industrielle", "une amélioration du moral des entrepreneurs" et "des conditions financières accommodantes". La BoJ a certes revu en très légère baisse ses prévisions de croissance et d'inflation pour l'économie japonaise, mais elle les avait nettement relevées au mois d'avril. Les nouvelles estimations publiées jeudi restent en outre loin d'être inquiétantes: d'après une moyenne réalisée à partir des projections des neuf membres du comité, la croissance du produit intérieur brut (PIB) pourrait atteindre 2,8% pendant l'année budgétaire 2013-2014 (avril 2013 à mars 2014) et 1,3% pendant l'année budgétaire 2014-2015. L'activité s'est effectivement intensifiée au premier trimestre, au cours duquel le PIB a grimpé de 1% par rapport au quatrième trimestre 2012, et le Fonds monétaire international (FMI) vient lui-même de relever sa prévision de croissance pour le Japon à 2% en 2013. Ce rebond a coïncidé avec la mise en place d'une nouvelle politique économique dans l'archipel, conduite par le chef du gouvernement conservateur, Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre.
"Vaincre" près de 15 ans de déflation Il est difficile de juger que la politique de M. Abe est responsable de ce regain d'activité, mais il tombe à point nommé. Le diagnostic optimiste dressé par la BoJ est en effet publié à dix jours d'élections sénatoriales, abordées en position de force par M. Abe, lequel avait d'ailleurs choisi à dessein le gouverneur de l'institut d'émission, Haruhiko Kuroda, pour qu'il mène la politique monétaire espérée. Ce scrutin pourrait fournir au Premier ministre une majorité stable pour trois ans et lui donner les moyens d'entreprendre d'importantes réformes. M. Abe a en effet promis de doper le potentiel de croissance de l'archipel, ce qui selon lui passe par des réformes structurelles et une plus grande latitude donnée aux employeurs. Le tout entrerait dans le cadre de ce que M. Abe présente comme la "troisième flèche" de sa politique surnommée "Abenomics", qui a consisté par ailleurs à relancer les dépenses budgétaires et pousser la Banque centrale à assouplir considérablement la politique monétaire. Mis en place en avril dans cette logique, le changement de braquet monétaire de la BoJ vise à sortir au plus vite le Japon de la déflation, en favorisant l'investissement, la consommation et in fine l'activité. Jeudi, le comité dirigeant de l'institut d'émission a maintenu à l'unanimité de ses membres son programme d'assouplissement qui consiste à doubler en deux ans la masse monétaire (c'est-à-dire les liquidités en circulation et les réserves obligatoires des banques), via l'augmentation par la BoJ de ses achats d'obligations d'Etat. L'institut juge que cette politique va "soutenir l'amélioration de l'activité économique et sur les marchés financiers contribuer à augmenter les attentes d'inflation et permettre à l'économie japonaise de vaincre la déflation qui dure depuis près de 15 ans". D'après ses nouvelles prévisions, les prix à la consommation (hors produits périssables) pourraient grimper de 0,6% lors de l'année budgétaire 2013-2014 et de 1,3% en 2014-2015 en excluant l'effet d'une hausse possible de la taxe sur la consommation. La BoJ vise une inflation de 2% à un horizon d'environ deux ans.