Le Gouvernement l'a Décidé Benachenhou : “Nous rembourserons la dette par anticipation” Les réserves en devises atteindraient 31,66 milliards de dollars à fin 2003. L'argentier du pays a qualifié la situation économique et financière de l'Algérie “de bonne”. Dans une conférence de presse organisée, hier, au niveau du siège du ministère des Finances, après avoir rencontré le corps diplomatique établi en Algérie, Abdelatif Benachenhou a évoqué la gestion de la dette, les finances publiques, le problème de Khalifa et la pauvreté. Vers une gestion active de la dette La dette extérieure, selon le ministre des Finances, s'élève à 22 milliards de dollars, dont 18 milliards sont des dettes publiques. Mais la totalité des dettes publiques sont estimées à 30 milliards de dollars. “Dans la dette publique interne (12 milliards de dollars), nous avons une partie qui est chère”, souligne Benachenhou, qui affirme avoir donné des instructions à ses collaborateurs pour commencer un programme de gestion active de la dette publique interne. “Pourquoi je paie 6 à 7% d'intérêt, lorsque je peux emprunter 2 à 3% ?”, s'interroge le ministre des Finances. Pour lui, la question de la gestion de la dette ne concerne pas seulement la dette extérieure mais aussi la dette intérieure. Les banques algériennes ont été déjà averties quant aux intentions du gouvernement de procéder à la gestion active de la dette. Pour la dette publique extérieure (18 milliards de dollars), une partie, soit un tiers, revient aussi chère à l'Etat. C'est-à-dire que les taux d'intérêt sont élevés, plus de 6%. “Nous ne pouvons pas continuer à payer des taux d'intérêt supérieurs à 6%”, déclare l'argentier du pays. Pour lui, la gestion de la dette “consiste à trouver les moyens de transformer cette dette chère en une dette moins chère”. Les méthodes pour ce faire sont nombreuses, explique le ministre. Pour que le Trésor se désendette, il faut des dinars, et le ministre affirme avoir “une bonne nouvelle pour les Algériens”. Les dinars existent dans le Fonds de régulation des recettes. Ils seront utilisés dans la gestion active de la dette, conformément à la loi. Le montant peut ne pas être suffisant, ce qui explique l'article 46 de la nouvelle ordonnance sur la monnaie et le crédit, qui dit, à titre exceptionnel, dans le cadre de la gestion de la dette extérieure, la Banque d'Algérie peut faire une avance au gouvernement. “Techniquement, je transforme la dette externe en dette interne”, précise Benachenhou. Le ministre ajoute : “Techniquement, nous sommes prêts, politiquement cela a été décidé. Il n'y a plus qu'à passer à l'action.” Le ministre des Finances espère, dans une année, annoncer une dette extérieure de 15 milliards de dollars ou de 14 milliards de dollars, au lieu de 22 milliards de dollars actuellement. “C'est très important !”, souligne le ministre. Parce que l'Algérie va revenir sur le marché international des capitaux. Il est préférable d'avoir une dette de 15 milliards de dollars qu'une dette de 22 milliards de dollars. Bientôt, un comité mixte Banque d'Algérie-ministère des Finances sera installé pour superviser la gestion des réserves de changes, tel que prévu par la nouvelle ordonnance sur la monnaie et le crédit. Dinar : “La hausse de l'euro nous fait souffrir” L'économie algérienne risque de souffrir de la montée rapide de l'euro. Parce que l'Algérie vend en dollars et achète en euros. De quelle façon traiter cette question ? Benachenhou affirme que c'est l'affaire du Conseil de la monnaie et du crédit, nouvelle formule de la loi sur la monnaie et le crédit qui vient de sortir. Les politiques de taux de changes se traitent au sein de ce conseil, dans lequel le ministère des Finances est représenté par deux de ses fonctionnaires. Le ministre n'en dit pas plus. Il s'est contenté de souligner l'importance du problème qui mérite d'être traité par le Conseil de la monnaie et du crédit, comme mérite d'être traitée la question du capital minimum des banques à créer. “La prochaine réunion du Conseil de la monnaie et du crédit sera aussi importante que la réunion du Conseil des ministres.” Affaire Khalifa : “Que Abdelmoumen donne des noms !” “L'affaire de Khalifa est la meilleure leçon que le gouvernement algérien et la République algérienne ont reçue !”, soutient le ministre. “Tout le gouvernement considère, de ce point de vue, que nous avons reçu une bonne leçon”, ajoute-t-il. Selon Benachenhou, il y a des citoyens qui avaient des faux bons de caisse. Interrogé sur l'implication de certains hauts responsables de l'Etat, cités par la presse, Benachenhou paraphrase le Chef du gouvernement, en disant : “Abdelmoumen Khalifa, actuellement libre à Londres, sous la protection de la reine, n'a qu'à prendre le micro et dénoncer. Parce qu'il est le seul à connaître les tenants et les aboutissants. qu'il parle ! Qu'il donne les noms !” Ce qui est sûr, c'est que l'Algérie a perdu beaucoup d'argent. Une croissance de 6,5% en 2003 Le ministre des Finances soutient que le produit intérieur brut connaîtrait une augmentation de 6,5%. Cette augmentation est tirée essentiellement par l'agriculture avec un taux de croissance de 16%, les hydrocarbures avec un taux de 6,6%, les BTP avec un taux de 7,5%. Le point faible, selon lui, réside dans le secteur industriel, dont les performances sont insuffisantes pour créer plus d'emplois. Selon lui, l'investissement dans ce secteur n'est pas suffisant, alors que le marché est très important. “Ce qui est paradoxal”, relève-t-il. Benachenhou indique que l'investissement public est passé de 790 milliards de dinars en 1999 à 1 261 milliards de dinars en 2003. Le ministre a souligné, surtout, la montée en puissance des crédits au profit du secteur privé qui, en 2002, représentent 44% des crédits bancaires, alors qu'ils n'étaient que de 18% en 1996. Les réserves en devises de l'Algérie atteindront 31,66 milliards de dollars à la fin de l'année 2003, “si l'euro ne continue pas à grimper”. Ce montant correspond à 25,4 mois d'importations, selon M. Benachenhou, qui a précisé que les exportations attendues à la fin de l'année 2003 sont évaluées à 23,3 milliards de dollars contre 12,33 milliards de dollars d'importations. Le programme complémentaire pour 21 wilayas a été évalué à 108,58 milliards de dinars, affirme le ministre des Finances. Pauvreté : des inégalités entre les régions Du point de vue de Benachenhou, la pauvreté recule. Le pouvoir d'achat, selon lui, a progressé. Les revenus disponibles des ménages se sont chiffrés à 2 322,3 milliards de dinars, en 2002, contre 2 132,7 milliards de dinars en 2001, a indiqué le ministre des Finances, Benachenhou. Le revenu par habitant a augmenté à un rythme de 5% par an en termes réels (déduction faite de l'inflation) pendant les années allant entre 1997 et 2002. Ce qui signifie, a affirmé le ministre, que le revenu par habitant a augmenté de 25% durant les cinq dernières années. Le ministre parle d'inégalité territoriale. “On trouve plus de pauvres dans certaines régions que dans d'autres.”Mais, selon lui, en s'appuyant sur une enquête de la Banque mondiale, les inégalités sociales ne se sont pas développées et les écarts ne se sont pas aggravés. Benachenhou parle de 6 milliards de dollars de transferts sociaux (10% du PIB) et de 2,5 milliards de dollars de subventions implicites aux prix de l'eau, gaz, électricité, carburant, transport… Mais, il exclut toute augmentation du prix du carburant. Meziane Rabhi Repères Salaires Pour l'argentier du pays, il y a un dynamisme salarial incontestable. Puisque la rémunération des travailleurs a doublé : elle est passée de 570 milliards de dinars en 1995 à 1 030 milliards de dinars en 2002. Selon lui, le pouvoir d'achat des Algériens a augmenté. Le revenu par tête d'habitant a augmenté de 5% en moyenne, au cours de ces cinq dernières années. Enveloppes du chef de l'état Même réponse que le Chef du gouvernement. Les crédits publics supplémentaires accordés par le chef de l'état, plus de 108 milliards de dinars, lors de ses visites dans les wilayas sont budgétisés (loi de finances complémentaire 2003 et loi de finances 2004). Elles sont orientées essentiellement vers l'habitat, l'hydraulique et l'agriculture, les infrastructures socioéconomiques. C'est pour réduire la pauvreté, plus grave à l'intérieur du pays, en particulier les Hauts-Plateaux, que ces dotations sont accordées et non pour des raisons électoralistes, a affirmé le ministre. Investissements (publics et des entreprises) Ils ont évolué de 790 milliards de dinars, en 1999, à 1 262 milliards de dinars en 2003. Ce sont plus de 6 milliards de dollars supplémentaires. Le pays investit aujourd'hui plus de 15,5 milliards de dollars. Chômage Le taux de chômage actuel est de 27%. Mais il faut attendre les chiffres de l'ONS qui seront prêts avant la fin de l'année pour avoir un taux plus exact. Hausse des carburants L'augmentation n'est pas prévue en 2004. Mais les prix des essences pourraient évoluer à moyen terme. Demande algérienne de réduction de la dette extérieure elle est toujours à l'étude au niveau du G8, le groupe des pays les plus riches de la planète. Stabilité du dinar le Conseil de la monnaie et du crédit de la Banque d'Algérie se charge de ce problème. Le Fonds de régulation Il sert à faire face à des années difficiles en matière de recettes extérieures. Dépendance des cours du brut Si pendant trois ans les cours du baril de pétrole atteignent quinze dollars en moyenne, le budget servira à assurer seulement les dépenses de fonctionnement. Il n'y aura aucun sou pour la construction d'écoles, d'infrastructures de santé, la réalisation de logements et d'équipements hydrauliques…