Après l'amendement de la loi sur les hydrocarbures, c'est maintenant la réévaluation de la vision algérienne de la privatisation. Cela ne constitue pas un retour à l'abandon total et irréversible du processus de privatisation, mais la prise en compte de la réalité qui domine sur le terrain, à savoir que d'une part ce ne sont pas toutes les entreprises publiques qui ont intéressé les investisseurs, et d'autre part l'Etat veut mettre en œuvre une politique d'industrialisation dont les acteurs ne peuvent être que les entreprises publiques. Il y a des pays qui privatisent pour renflouer le Trésor public et qui assimilent à des recettes le produit de ces ventes. L'argent de ces recettes est déjà prévu dans le chapitre des dépenses. Or, sur le plan particulier du renflouement du Trésor public, la conjoncture a beaucoup changé si on considère qu'entre le moment où il a été décidé de privatiser massivement et aujourd'hui, la situation financière du pays a radicalement changé. Le besoin de financement du Trésor public n'est plus exprimé, ou plutôt ne se ressent plus et ne peut plus constituer un alibi pour la privatisation. D'autre part, l'opinion publique ne comprend pas qu'il faudrait privatiser juste pour privatiser quand elle fait le constat que des entreprises proposées à la privatisation sont assez rentables par elles-mêmes et font du bénéfice, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas besoin de recourir à des subventions du Trésor public. Pour un pays qui dispose d'une politique industrielle, la question se pose de savoir s'il peut réellement compter sur les entreprises privées, exclusivement, pour mener celle-ci à son terme. L'autre question met la paix sociale au centre des enjeux. Dans un contexte où les populations, depuis particulièrement le rétrécissement des recettes et donc des marges de manœuvre financières consécutivement à la baisse des cours du pétrole au milieu de la décennie 80, ont accumulé les frustrations socioéconomiques, le front social ne peut plus être contenu si les entreprises publiques déposaient le bilan ou subissaient une compression des personnels.