L'Algérien se désintéresse-t-il du livre et de la lecture ? Oh que non ! La preuve en est le nombre étonnant de visiteurs qui se rendent quotidiennement au Salon international du livre, dont la dix-huitième édition se tient depuis quelques jours à la Safex. Jamais une manifestation culturelle n'a drainé autant de monde que cette manifestation. Samedi passé dans l'après-midi, le parking était bondé de véhicules. Les fervents de la lecture sont venus des quatre coins du pays rien que pour acheter des livres. Ainsi, à l'entrée du pavillon principal, une foule se forme. L'agent de sécurité, sourire aux lèvres, fait entrer les visiteurs. Une organisation irréprochable qui n'a rien à voir avec les précédentes éditions, où beaucoup de failles ont été déplorées par le public et par les participants. La foule, à l'intérieur de la structure, est telle qu'il est difficile, sans jouer des coudes ou de slalomer, de se faire un passage d'un stand à un autre. Mais ce beau monde, qui montre, si besoin est, tout son intérêt pour le livre, procure une ambiance particulière. Les pavillons fourmillent telles des ruches, surtout que les écoliers n'ont pas cours mardi après-midi. Des chérubins, accompagnés de leurs parents, passent d'un stand à un autre à la recherche de livres. Les exposants, heureux de cet engouement, tentent d'expliquer, d'orienter et de conseiller les visiteurs sur l'importance des ouvrages. Les livres sont hors de prix mais les stands locaux ou étrangers ne désemplissent pas. Les maisons d'édition arabes sont quasiment surmenées. Les livres religieux s'achètent par carton, par balle transportés d'ailleurs par groupe de cinq ou six jusqu'au fourgon, stationné dans le parking. Que peut-on dire de cette affluence ? Les ouvrages ne coûtent pas moins cher dehors, les remises sont sommaires au Salon. Quoique ce rendez-vous offre plus de choix qu'ailleurs, parce que tous les participants sortent le grand jeu, ces livres on peut les retrouver partout en librairie. Le " Livre roi " reste cependant le livre religieux qui accapare à peu près plus de 50% du salon. D'autres recherchent des livres de cuisine, des romans d'aventures, des livres d'histoire ou tout simplement flânent sous les chapiteaux grouillants qui leur donnent une pâle impression ludique. Pour rappel, le 18e Salon international du livre d'Alger accueille, cette année, pas moins de 922 exposants issus de 43 pays, soit 204 participants de plus que la précédente édition. Celui-ci sera aussi un espace de réflexion, puisque plusieurs rencontres et tables rondes sur différents thèmes, à l'instar de "les jeunes auteurs algériens" et "le voyage dans la littérature" seront animées par des enseignants universitaires, journalistes, écrivains et chercheurs. Il est important aussi de rappeler que le Sila est classé au 4e rang mondial en terme de fréquentations. Reste à savoir seulement si les Algériens lisent ce qu'ils achètent. Certainement oui, puisque leurs bibliothèques servent à ranger la vaisselle et non pas les livres !