Engouement n La 12e édition du Salon international du livre d'Alger a pris fin, hier, vendredi, au Palais des expositions aux Pins-Maritimes. Les deux derniers jours du salon, à savoir jeudi et vendredi, ont été marqués par un afflux considérable de visiteurs. Certains venaient en famille, d'autres en groupe d'amis. Les visiteurs étaient si nombreux qu'il était, parfois, difficile, voire impossible de se déplacer entre les stands. Mais cela ne décourageait pas le public. «Ce qui se confirme, d'année en année, c'est l'afflux du public et son engouement pour le salon», a déclaré une responsable des éditions Chihab, ajoutant : «C'est exagéré, compte tenu du nombre croissant de visiteurs, de dire que les gens ne lisent pas. Cela n'est pas tout à fait vrai.» Et de poursuivre : «Il y a un lectorat certes mais la question qui se pose est : que lisent les gens ?» En sillonnant les pavillons et en allant d'un stand à l'autre, l'on est frappé de stupeur lorsqu'on voit les gens penchés, concentrés sur les étalages en train de farfouiller à la recherche d'un livre qui pourrait répondre à leurs besoins. Ils sont là, et pour la plupart, ils sortent du présentoir avec, pour certains, un ou deux livres, et, pour d'autres, chose étonnante, plusieurs livres. Force est de constater que ce genre de scène dément effectivement le discours alarmant et désolant, selon lequel les Algériens ne lisent pas. «Les Algériens lisent», affirme la responsable des éditions Chihab. Et d'expliquer : «Si l'on procède par classification, les ouvrages pratiques viennent en première place. Vient ensuite la littérature même si cela n'est pas dans la même proportion. Il y a alors dans l'ensemble un lectorat et une demande.» La même responsable ajoutera : «Il y a un fait important à relever : les Algériens lisent, mais ils n'achètent pas régulièrement de livres. Ils attendent la tenue du salon pour faire leurs achats parce que les prix y sont plus abordables qu'en librairie. Nombreux sont ceux qui, d'ailleurs, consacrent un budget pour le salon, en faisant des économies durant l'année.» Ayant approché dans la foulée quelques visiteurs, tous ont soutenu le constat avancé par la responsable des éditions Chihab. Tous s'accordent à dire, surtout les étudiants, qu'un budget est alloué chaque année au salon. Revenons à l'éternelle question – et qui parfois devient redondante, rébarbative et stérile – celle de savoir si les Algériens lisent, Radia Abed des éditions Sédia dit : «J'avoue franchement que je suis incapable de répondre à cette question vraiment délicate car elle dépend de plusieurs facteurs interdépendants.» Pour sa part, Karim Chikh des éditions Apic est catégorique : «Les Algériens, pour une grande majorité, c'est-à-dire la jeune génération – hormis quelques-uns et notamment ceux de l'ancienne génération – ne lisent ni en français ni en arabe», a-t-il déploré, regrettant : «Je pensais avant que les jeunes ne lisaient pas en français, mais en éditant des livres en langue arabe dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», j'ai pu constater qu'ils ne lisaient pas non plus en arabe, puisque je n'ai pu vendre jusqu'à présent depuis qu'ils sont en librairie, il y a de cela près d'une année, aucun des livres édités en arabe.» Enfin, d'une façon comme d'une autre, et en dépit de la divergence d'opinions, que les Algériens soient assidus en lecture ou qu'ils ne lisent carrément pas, cela n'a pas empêché cependant le salon de drainer un nombre conséquent de visiteurs.