Les poches pleines grâce à la vente de Verizon Wireless, Vodafone va encore renforcer ses investissements dans son réseau en vue d'être prêt dès que l'Europe, qui a pesé sur ses résultats semestriels, sortira de l'ornière. Le géant britannique de la téléphonie mobile a annoncé mardi qu'il allait investir 7 milliards de livres supplémentaires (8,3 milliards d'euros) au cours des deux prochaines années, principalement dans son réseau 3G et 4G, contre 6 milliards supplémentaires sur trois ans annoncés en septembre. Ce plan baptisé "Project Spring" s'ajoute aux investissements déjà prévus par le groupe et porte le montant total de ses investissements à près de 20 milliards sur deux ans. Assis sur une montagne de "cash" grâce à la vente à l'américain Verizon de sa part de 45% dans leur coentreprise Verizon Wireless pour 130 milliards de dollars, Vodafone entend préparer l'avenir afin de devancer ses concurrents lorsque la conjoncture sera plus favorable. Ces investissements doivent permettre à Vodafone "de sortir (de la crise en Europe) à une vitesse plus rapide que quiconque", a insisté le directeur général du groupe, Vittorio Colao, au cours d'une conférence téléphonique. Pour le moment "les conditions de marché restent très difficiles en Europe" en particulier dans les pays du sud, où les opérateurs se livrent à une "brutale guerre des prix" pour attirer des clients frappés par les difficultés économiques, a souligné l'Italien. Mais "nous nous attendons à ce que (la situation en) Europe s'améliore au cours des trois à cinq prochaines années", a-t-il pronostiqué. Au premier semestre, la difficile conjoncture européenne a encore pesé sur les résultats du groupe. Les revenus tirés des services (hors réseau) ont reculé de 4,2% à 20 milliards de livres, plombés par une chute de 14,9% en Europe du sud, tandis que le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a reculé de 4,1% à 6,6 milliards et le bénéfice opérationnel ajusté de 8,3% à 5,7 milliards. "Les pays émergents continuent d'enregistrer des performances très solides, particulièrement en Inde", a en revanche souligné M. Colao. Le groupe avait d'ailleurs annoncé fin octobre qu'il allait demander l'accord des autorités pour prendre le contrôle à 100% de sa filiale indienne en rachetant les parts des minoritaires pour 1,65 milliard de dollars. Malgré le repli de sa performance opérationnelle, Vodafone est revenu dans le vert avec un bénéfice net de 17,95 milliards de livres (21,4 milliards d'euros) contre une perte de 1,98 milliard un an plus tôt, grâce à un effet comptable. Ce bénéfice s'explique en effet par la reconnaissance d'actifs d'impôt différé de près de 15 milliards liés à des charges fiscales datant d'il y a plusieurs années en Allemagne et au Luxembourg.
Objectifs confirmés, stratégie "solide" Fort de ces résultats, le groupe a confirmé ses objectifs et table donc toujours sur un bénéfice opérationnel ajusté d'environ 5 milliards de livres et sur une trésorerie disponible comprise entre 4,5 et 5 milliards. A la Bourse de Londres, le titre Vodafone prenait 1,52% à 230,8 pence, dans un marché en baisse de 0,19%, après avoir cédé du terrain en début de séance. Interrogé sur les rumeurs d'intérêt de l'américain AT&T pour Vodafone, Vittorio Colao a botté en touche mais a souligné les points forts de son groupe, laissant entendre qu'il n'avait pas besoin d'un partenaire. "En ce qui concerne AT&T, toute question est pour eux, pas pour nous", a-t-il lancé. "Nous avons une stratégie très solide, un bilan très solide" qui permettra au groupe de "regarder des opportunités", a insisté le patron de Vodafone. Le groupe va par ailleurs être généreux avec ses actionnaires, à qui il compte reverser 84 milliards de dollars issus du produit de la vente de Verizon Wireless. Sur l'année 2013, il entend en outre augmenter son dividende ordinaire de 8% à 11 pence par titre.