L'or et l'argent ont été ballottés au cours de cette semaine en fonction des spéculations sur l'avenir de la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed). L'amélioration du marché du travail américain, mise en évidence par la publication du rapport sur l'emploi et le chômage vendredi dernier, a continué de peser sur l'or et l'argent au début de cette semaine. En effet, les bons chiffres de l'emploi américain ont conduit les investisseurs à parier sur un retrait anticipé des mesures d'aide de la Fed. Or, ces mesures d'aide, qui consistent en des injections de liquidités à hauteur de 85 milliards de dollars par mois, ont tendance à diluer la valeur du dollar et font craindre une augmentation de l'inflation à long terme, deux éléments qui poussent les investisseurs vers la sécurité que représente l'or. Le métal jaune a donc glissé jusqu'à un plus bas en quatre semaines mardi, à 1 261,42 dollars l'once, tandis que l'argent tombait à 20,44 dollars l'once mercredi, son plus bas depuis trois mois. Le métal blanc, qui a bien plus d'applications industrielles que l'or, a également souffert mercredi de la chute des métaux de base, et surtout du cuivre (qui est passé sous la barre des 7 000 dollars pour la première fois en trois mois), ont ajouté les analystes de Triland Metals. De leur côté, le platine et le palladium ont marqué des plus bas depuis mi-octobre respectivement lundi (à 1 425,40 dollars l'once) et mercredi (à 731,47 dollars l'once), alors que les négociations salariales se poursuivent dans le secteur du platine en Afrique du Sud, le premier producteur mondial de ce métal précieux. Puis à partir de jeudi, "l'or s'est légèrement redressé, après que la prochaine présidente de la Fed Janet Yellen s'est engagée à conduire une politique (monétaire) accommodante", ont indiqué les analystes de Natixis. Auditionnée jeudi devant la Commission bancaire du Sénat américain, Mme Yellen a en effet estimé qu'il "serait coûteux de retirer l'assouplissement monétaire trop tôt". "Ses déclarations suggèrent que la réduction (des injections de liquidités) pourrait commencer plus tardivement que le marché ne l'anticipait", ce qui supporte donc l'or, ont expliqué les analystes de Natixis. Sur le London Bullion Market, l'once d'OR a terminé à 1 287,25 dollars au fixing du soir, contre 1 285,50 dollars la semaine précédente. L'once d'argent a clôturé à 20,63 dollars, contre 21,70 dollars sept jours auparavant. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1 438 dollars, contre 1 446 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a clos à 729 dollars, contre 757 dollars il y a sept jours.
Marché du platine en déficit en 2013 à cause de la demande Le marché mondial du platine sera en déficit pour la deuxième année consécutive en 2013, l'offre ne parvenant pas à satisfaire une demande record, selon les prévisions de l'équipe de recherche de Johnson Matthey rendu public. La demande mondiale de platine devrait atteindre un record historique de 8,42 millions d'onces en 2013, en hausse de 4,9% par rapport à l'année dernière, indique le rapport intérimaire 2013 de Johnson Matthey, le premier affineur mondial de métaux platinoïdes. Etant donné que l'offre primaire de platine et le recyclage n'augmenteront que légèrement, à respectivement 5,74 et 2,08 millions d'onces, le marché mondial du platine devrait accuser un déficit de 605 000 onces en 2013, près du double de celui de 2012 (340 000 onces). Cette forte hausse de la demande ne proviendra pas des deux principaux débouchés du platine que sont l'industrie automobile (40%) et la bijouterie (30%) mais du reste de la demande industrielle (chimie, verre et électronique) et de la demande d'investissement. Ainsi, l'appétit des industries hors automobile devrait s'afficher en hausse de 11,5% à 1,79 million d'once, tandis que les investisseurs devraient rafler 765 000 onces, 68% de plus qu'en 2012 et un record historique. "La demande d'investissement a été très importante cette année à cause du lancement d'un ETF (fonds d'investissement adossé à des stocks physiques de métal) de platine par Absa Capital, qui a été incroyablement populaire", explique Peter Duncan, analyste de Johnson Matthey.
Utilisé pour les voitures diesel A l'inverse, la demande du secteur automobile, où le platine est utilisé dans les pots catalytiques, devrait reculer de 2% à 3,13 millions d'onces et celle de la bijouterie de 1,4%, à 2,74 millions d'onces. "La consommation de platine a été touchée en Europe par la baisse continue des immatriculations en France, en Allemagne et en Italie, où les voitures diesels représentent une large proportion de la flotte", explique le rapport. Le platine est principalement utilisé pour les voitures diesel tandis que le palladium, un autre platinoïde, est plutôt utilisé pour les voitures à essence. Du côté de l'offre, l'approvisionnement de platine en provenance d'Afrique du Sud (plus de 70% de l'offre mondiale hors recyclage) devrait progresser de moins de 1%, à 4,12 millions d'once, après une chute de 16% en 2012. Cette année est pourtant jusqu'ici moins conflictuelle que l'année dernière: en 2012, la police sud-africaine avait abattu 34 mineurs grévistes dans la mine de Marikana, déclenchant une vague de grèves violentes dans l'ensemble du secteur minier du pays. Si la production sud-africaine ne parvient pas à se remettre, c'est à cause de la "très grande réduction de la capacité productive de l'industrie observée ces dernières années, en raison de fermetures de mines et d'une incapacité à lancer de nouvelles mines à temps", explique Alison Cowley, analyste pour Johnson Matthey. Le redressement de l'offre sud-africaine de platine ne sera pas non plus pour 2014, estime Mme Cowley, notamment à cause de l'impact de la restructuration engagée par le numéro un du platine Anglo American Platinum (Amplats). Quant au marché du palladium, il devrait également être en déficit pour la deuxième année consécutive en 2013, de 740 000 onces, sous le coup d'une baisse conjuguée de l'offre primaire et de la demande.
Les métaux de base en repli Les métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) se sont majoritairement repliés cette semaine, à cause d'inquiétudes sur la croissance en Chine et en Europe, avant de reprendre un peu en fin de semaine grâce aux propos de Janet Yellen. Après un début de semaine calme, les cours des métaux ont chuté mercredi à cause de rumeurs sur la croissance chinoise, ont expliqué les analystes du courtier Triland Metals. Depuis la réunion des hauts dirigeants du Parti communiste chinois à huis clos de samedi à mardi à Pékin, "il y a des rumeurs persistantes sur le marché que le gouvernement chinois pourrait abaisser sa cible de croissance pour 2014 à 7%", ont détaillé les économistes de Commerzbank. Alors que la croissance chinoise avait enregistré l'an dernier sa plus faible performance depuis 13 ans, Pékin s'est doté d'un objectif de 7,5% pour 2013 et n'a toujours pas annoncé de cible pour 2014. Etant donné que la Chine est de loin le premier consommateur mondial de métaux, ces rumeurs ont pesé sur les cours, notamment celui du cuivre, baromètre du marché, qui est passé mercredi sous la barre des 7 000 dollars la tonne pour la première fois depuis trois mois. Le nickel et le zinc ont d'ailleurs atteint ce jour-là des plus bas depuis début octobre, à respectivement 13 584 dollars la tonne et 1 876 dollars la tonne. La baisse des métaux industriels s'est poursuivie jeudi à cause de "données montrant un recul inattendu de la croissance en France ainsi qu'un ralentissement en Allemagne", les deux premières économies de la zone euro, a-t-on expliqué chez Triland Metals. Le produit intérieur brut (PIB) allemand a grimpé de 0,3% au troisième trimestre, après une croissance de 0,7% au deuxième trimestre et en France, le PIB a reculé de 0,1% au troisième trimestre, après son rebond de 0,5% au deuxième. L'Europe est le deuxième consommateur mondial de la plupart des métaux industriels, après la Chine. Le cuivre a ainsi atteint jeudi un plus bas depuis le 7 août, à 6940 dollars la tonne, tandis que l'aluminium et le plomb tombaient à des minimums depuis respectivement deux mois (à 1 781,75 dollars la tonne) et un mois (à 2085 dollars la tonne). Les métaux de base se sont quelques peu redressés jeudi en fin d'échanges européens et vendredi, grâce aux propos rassurants de Janet Yellen devant le Sénat américain, qui devrait remplacer Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale américaine (Fed) début 2014. En insistant sur l'importance d'attendre une reprise économique plus solide aux Etats-Unis avant de ralentir les mesures d'aide de la Fed, Mme Yellen a laissé penser aux investisseurs que la politique monétaire de l'institution allait rester ultra-accommodante pour encore quelque temps. Ces mesures d'aide, qui consistent notamment à injecter 85 milliards de dollars de liquidités tous les mois, ont tendance à diluer la valeur du dollar et à alimenter les investissements dans les actifs risqués -- deux conséquences qui favorisent les métaux de base. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 6 965,50 dollars cette semaine, contre 7 115 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 1 784,50 dollars la tonne, contre 1 803,75 dollars. Le plomb valait 2 089 dollars la tonne, contre 2 128 dollars. L'étain valait 22 900 dollars la tonne, contre 22 850 dollars. Le nickel valait 13 712 dollars la tonne, contre 13 912 dollars. Le zinc valait 1 885 dollars la tonne, contre 1 891 dollars.