Une source judiciaire du tribunal administratif de Sidi M'hamed qui a été contactée par l'APS, a déclaré, avant-hier, que la grève illimitée des chauffeurs de bus et receveurs relevant de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) est illégale. La même source a indiqué que, selon le verdict prononcé après un jugement en référé, les grévistes ont été sommés de reprendre immédiatement leur travail. Pour sa part, le ministre qui a effectué lundi une visite de travail et d'inspection à Alger a été catégorique quant à l'application de la loi, en disant que " la loi sera appliquée de manière stricte à l'égard de toute personne qui enfreindrait cette règle ". Pour en savoir plus sur cette affaire, nous avons contacté une source de l'Etusa qui a préféré garder l'anonymat. Elle a indiqué que " les forces de l'ordre qui ont été envoyées par le wali d'Alger, nous ont empêchés de nous rendre au siège de l'entreprise pour nous entretenir avec les responsables ". Pour sa part, l'avocat, qui s'occupe de la défense des grévistes, Salah Debouz, a déclaré que " ce dispositif ne tranche pas dans la légitimité de la grève". D'autre part, l'avocat a ajouté que cette décision " ordonne aux cinq meneurs d'arrêter la grève qu'ils ont entamée le 11 novembre dernier ", ce qui signifie, poursuit-il, qu'elle "n'est applicable qu'aux cinq personnes, car l'entreprise ne les a pas attaquées en tant que représentants des travailleurs, mais à titre individuel. En plus ce jugement n'est pas définitif car il peut faire objet d'un appel dans un délai de quinze jours à partir de la date de la notification pour chacun des cinq initiateurs de la grève". Il a tenu à préciser que cette grève " est une action sociale, c'est la justice qui est apte à juger si la grève est légale ou pas, et celle-ci n'a jamais dit qu'elle est illégale". Il est à noter que la principale revendication de la grève, entamée sans préavis, est " l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques ". Jeudi dernier rappelons-le, le directeur général de l'Etusa, Yacine Krim, a jugé " illégale " la grève des chauffeurs de bus et receveurs de l'entreprise, affirmant que " toutes les revendications des grévistes pour l'application de la convention collective de 1997 ont été satisfaites en octobre 2012". Il a indiqué qu' " il n'était plus possible de tolérer ce genre de débrayages inopinés qui causent des désagréments aux usagers des transports et des pertes à l'entreprise ". M. Krim avait aussi souligné qu' " il était du devoir de l'Etusa d'appliquer et de respecter les lois en vigueur ", appelant les grévistes à "assumer leur responsabilité ". En marge d'une visite d'inspection effectuée par le ministre des Transports, Amar Ghoul, ce dernier a estimé que la grève des travailleurs de l'Etusa était un " problème interne qui doit se régler au niveau de l'entreprise ", ajoutant que son département ministériel avait donné des instructions pour prendre en charge les revendications des grévistes, à condition qu'elles soient " raisonnables ". Le ministre a ajouté que " cette question concerne l'entreprise et ses travailleurs et doit être réglée par le dialogue à l'intérieur de l'entreprise ". Il a ajouté que "l'ETUSA est une entreprise économique qui rémunère ses travailleurs à partir de ses revenus et il est anormal que sa masse salariale soit supérieure à ses revenus, sinon ce serait la faillite ". Il a insisté pour que les revendications soient conformes à la loi et soient soulevées dans le cadre du dialogue, avertissant que " la loi sera appliquée de manière stricte à l'égard de toute personne qui enfreindrait cette règle ". Pour leur part, des représentants du bureau syndical de l'entreprise affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dissout en octobre dernier, avaient affirmé leur détermination à poursuivre le débrayage et plaidé, par ailleurs, pour le rétablissement du bureau pour " faciliter le dialogue ". Ils avaient reconnu que cet état de fait donnait à leur grève un aspect " sauvage " qui risque de rendre le dialogue difficile et de compromettre la légitimité du débrayage.
Les répercussions de la grève sur les citoyens Après plus d'une semaine de grève, les citoyens continuent à subir les désagréments. Ces derniers sont contraints de recourir à d'autres moyens de transport " improvisés ". A la station du 1er Mai, les grévistes rassemblés en petits groupes à côté des bus stationnés ici et là, réaffirment leur détermination à poursuivre le débrayage jusqu'à satisfaction des revendications. Madjid, un sexagénaire d'Aïn Naâdja, habitué à prendre le bus à partir de la station du 1er Mai pour rentrer chez lui après une journée de travail, ne cache pas sa colère lorsqu'il s'adresse à un jeune receveur pour connaître la destination. Il a indiqué avec beaucoup de peine que " je ne comprends plus ce qui se passe ici. La grève dure depuis une semaine sans même assurer un service minimum. Je suis obligé de prendre, à contrecœur, les bus du secteur privé qui ne sont ni propres ni confortables, pour rentrer chez moi ". D'autres personnes approchées par l'APS ont exprimé la gêne infligée par la grève même si, en même temps, elles se disent " compréhensives " envers les grévistes. Les personnes interrogées se sentent comme des " otages ", car n'ayant pas d'autre choix, elles se retrouvent entassées dans des bus qui manquent de commodités, ou obligées de prendre des " taxis clandestins " pour arriver à leurs destinations.