Les prix au détail au Japon ont progressé en octobre dans des proportions inédites depuis des années, un signe encourageant pour la politique économique du Premier ministre Shinzo Abe qui veut mettre un terme à une déflation d'une quinzaine d'années. Il s'agit d'une bonne nouvelle pour la politique économique du Premier ministre conservateur Shinzo Abe, qui a fait de la lutte contre la déflation ancrée depuis une quinzaine d'années l'une de ses priorités. Sous sa pression, la Banque du Japon (BoJ) a considérablement assoupli sa politique monétaire depuis le mois d'avril pour tenter d'en finir avec ce phénomène pernicieux de recul tendanciel des prix qui décourage l'investissement des entreprises et incite les consommateurs à reporter leurs achats. L'institut d'émission gouverné par Haruhiko Kuroda vise une augmentation des prix de l'ordre de 2% d'ici à deux ans, mais Yoshiro Sato, du Crédit Agricole, a souligné qu'il y avait "encore un long chemin à parcourir avant d'arriver à cet objectif". Un certain nombre d'économistes pensent que la BoJ n'aura pas d'autre choix que d'assouplir encore davantage sa politique monétaire pour tenter d'y parvenir et soulignent que la troisième puissance économique mondiale est encore officiellement en déflation. La situation est d'autant moins idéale que l'essentiel de la progression des prix n'a pas été provoqué par un rééquilibrage entre l'offre et la demande mais plutôt par des facteurs externes, notamment une flambée des tarifs de l'énergie importée.
Consommation des ménages en hausse En octobre, l'indice de référence des prix à la consommation, qui exclut les produits périssables, a augmenté de 0,9% sur un an, son cinquième mois consécutif de hausse et son rythme de progression le plus rapide depuis cinq ans, a annoncé, avant hier, le ministère des Affaires intérieures. Hormis les produits alimentaires et l'énergie, ces tarifs ont progressé de 0,3%, un gain inédit depuis 15 ans, a ajouté le même ministère. Elle représente un moteur important de l'activité. L'affaiblissement de sa progression au troisième trimestre (juillet-septembre) avait d'ailleurs ralenti la croissance du Japon qui avait grâce à elle été robuste au premier semestre. En octobre, les ménages ont investi 75% de plus dans des véhicules motorisés (voitures, motocyclettes), un rebond en partie mécanique après une notable baisse suivant l'arrêt de subventions un an plus tôt. Toujours en octobre, ils ont dépensé en outre 22% de plus en travaux de maintenance domestique et payé pour 1,8% de plus en vêtements et chaussures. Le moral des ménages s'est amélioré depuis l'arrivée au pouvoir en décembre 2012 d'un Premier ministre volontariste, Shinzo Abe, ce qui peut expliquer en partie l'augmentation des dépenses. Les dépenses de consommation des ménages salariés, qui représentent environ 60% du total, ont en revanche diminué de 1,0% en terme réels sur un an. Toujours en octobre et par rapport au même mois de l'an passé, le revenu moyen de ces ménages salariés s'est contracté de 1,3% à 482 684 yens (environ 3 500 euros). Des économistes avertissent en effet qu'une partie des ménages est déjà obligée de restreindre ses dépenses à cause de la stagnation des salaires, combinée à un certain retour de la vie chère, dopée par les tarifs de l'énergie. Les prix de l'essence ont ainsi fortement augmenté (de 7,1% sur un an), comme ceux de l'électricité (+8,2%) et du gaz (+3,9%). Le coût des importations d'hydrocarbures de l'archipel s'est en effet fortement accru à cause d'une dépréciation de 25% du yen face au dollar sur un an, entraînée par la politique ultra-accommodante de la BoJ. Cette facture énergétique plus salée a élevé les frais des raffineries de l'archipel mais aussi ceux des compagnies d'électricité, qui recourent nettement plus à leurs centrales thermiques depuis l'arrêt du parc nucléaire à la suite de l'accident de Fukushima. M. Sato a souligné que ce facteur principal de la hausse des prix au détail ces derniers mois allait "bientôt s'atténuer": la chute du yen s'est enclenchée il y a environ un an, aussi le renchérissement des hydrocarbures d'une année sur l'autre devrait-il peu à peu s'estomper. Le gouvernement n'en reste pas moins confiant et le ministre des Finances Taro Aso a souligné que l'effet positif de l'affaiblissement du yen sur l'économie nippone allait s'intensifier. Cette forte dépréciation a en effet dopé le moral des industriels et les revenus des groupes exportateurs. En octobre, la production industrielle a encore progressé de 0,5% d'un mois sur l'autre, une hausse certes moins élevée que prévue mais qui confirme une tendance de fond observée depuis le début de l'année. Sur un an, elle a grimpé de 4,7% et le ministère de l'Industrie a prédit avant-hier une poursuite de ce mouvement. D'après des statistiques gouvernementales distinctes publiées en cette fin de semaine, le chômage est resté stable au faible niveau de 4,0% et la consommation des ménages a grimpé de 0,9% sur un an grâce à une augmentation des achats de voitures. Pris isolément, les ménages salariés ont toutefois dépensé moins, à cause d'un effritement de leurs revenus. Des économistes soulignent depuis des mois qu'une partie des ménages doit limiter ses dépenses à cause de la stagnation des salaires, combinée à un certain retour de la vie chère dopée par les tarifs de l'énergie. Ils soulignent qu'une progression des rémunérations constitue l'une des clés de la réussite ou non de la politique de M. Abe, les "Abenomics".
Taux de chômage stable Le taux de chômage au Japon est resté stable à 4,0% en octobre, a annoncé avant-hier le ministère des Affaires intérieures. En octobre, on recensait 2,63 millions de chômeurs au Japon, soit 3,0% de moins qu'un an plus tôt, pour une population au travail en augmentation de 0,7% à 63,66 millions d'individus. Le marché du travail s'est détendu, avec 98 offres d'emplois pour 100 demandes dans l'archipel, contre 95 en septembre, d'après des données séparées publiées par le ministère du Travail. En juillet, le taux de chômage avait chuté à son plus bas niveau depuis le mois d'octobre 2008 (3,8%). Malgré une très légère remontée, il reste à un niveau particulièrement bas, même si l'ampleur du taux est réduite par la méthode de comptabilisation officielle, qui considère que les personnes effectuant très peu d'heures de travail ne sont pas chômeuses. Ces derniers mois, les Japonais sont devenus un peu plus optimistes sur les perspectives d'emploi, en partie grâce à la politique économique offensive du Premier ministre de droite, Shinzo Abe, destinée à redonner le moral aux entrepreneurs et aux travailleurs. Le nouveau chef du gouvernement a fait adopter en début d'année un plan public de relance équivalent à plus de 70 milliards d'euros, pour doper l'activité entre autres dans le secteur de la construction. Ce train de dispositions exceptionnelles est censé générer la création de 600 000 emplois. Début octobre, M. Abe a promis un plan de soutien supplémentaire à l'économie de quelque 35 milliards d'euros, dont le versement s'étalera de janvier 2014 à mars 2015, pour atténuer les effets négatifs sur la croissance d'une hausse de la taxe sur la consommation prévue en avril prochain.
Croissance de la production industrielle La production industrielle au Japon a progressé de 0,5% en octobre sur un mois, moins que prévu par les économistes, a annoncé, avant-hier, le ministère de l'Industrie. Sur un an, la production industrielle a grimpé de 4,7% et le Meti continue de juger que la production suit un mouvement d'augmentation de fond. En octobre, les industries nippones ont produit davantage de machines destinées à l'industrie des semi-conducteurs. Elles ont aussi assemblé davantage de téléphones portables, de systèmes d'air conditionné et d'humidificateurs d'air. La fabrication de produits électroniques a toutefois nettement moins progressé que ce que les industriels eux-mêmes espéraient. Reste que depuis le début de l'année, la production industrielle au Japon s'affiche en hausse quasiment tous les mois, sur fond d'amélioration du moral des entrepreneurs et de dépréciation bienvenue du yen. D'après une enquête réalisée par le Meti auprès des professionnels, elle pourrait encore augmenter de 0,9% en novembre sur un mois, et encore de 2,1% en décembre, bien que ces prévisions soient à prendre avec prudence. En octobre, les livraisons ont par ailleurs augmenté de 1,8% sur un mois et les stocks se sont effrités de 0,5%. L'atmosphère est meilleure dans le monde industriel depuis le retour au pouvoir du conservateur Shinzo Abe, qui a fait de la relance de la troisième puissance économique mondiale la priorité de son mandat. Le Premier ministre a lancé pour l'équivalent de 70 milliards d'euros de dépenses de relance budgétaire (avec 35 milliards supplémentaires attendus l'année prochaine), poussé la Banque centrale du Japon (BoJ) à assouplir sa politique monétaire et s'est engagé à soutenir l'activité des entreprises par des réformes réglementaires. L'ensemble vise à sortir le pays d'une déflation d'une quinzaine d'années qui a pour entre autres conséquence de décourager l'investissement des entreprises. En partie du fait de ces coups de pouce, l'activité a rebondi depuis le début de l'année et le yen s'est fortement déprécié sous l'effet de la nouvelle politique monétaire, ce qui favorise en principe les industries tournées vers l'exportation.