Les problèmes d'approvisionnement en gaz, nés du différend qui a opposé la Russie à l'Ukraine, et surtout le rapprochement entre l'Algérie et la Russie qui a fait craindre la constitution d'un cartel du gaz, ont ouvert le débat sur l'autonomie énergétique de l'Europe. Cette dernière, il ne faut pas l'oublier, est dépendante de l'Algérie (10%), de la Russie (24%) et de la Norvège (17%) dans le domaine du gaz. Plus que le débat, cette question de la sécurité énergétique, d'une importance capitale, a également donné lieu en Europe à un package de législations autant nationales que communautaires. Les dernières en date sont celles annoncées le 19 septembre par la commission européenne. Des propositions qui s'inscrivent, précise-t-on, dans la politique énergétique de l'UE, et prévoyant de démanteler les positions dominantes des grands groupes européens du gaz et de l'électricité, mais aussi de limiter l'accès à de puissants groupes étrangers. Dans le détail, ce sont des mesures qui visent la séparation de la production énergétique des réseaux de transport (gazoducs ou lignes à haute tension allant jusqu'à l'entrée des villes). Les problèmes d'approvisionnement en gaz, nés du différend qui a opposé la Russie à l'Ukraine, et surtout le rapprochement entre l'Algérie et la Russie qui a fait craindre la constitution d'un cartel du gaz, ont ouvert le débat sur l'autonomie énergétique de l'Europe. Cette dernière, il ne faut pas l'oublier, est dépendante de l'Algérie (10%), de la Russie (24%) et de la Norvège (17%) dans le domaine du gaz. Plus que le débat, cette question de la sécurité énergétique, d'une importance capitale, a également donné lieu en Europe à un package de législations autant nationales que communautaires. Les dernières en date sont celles annoncées le 19 septembre par la commission européenne. Des propositions qui s'inscrivent, précise-t-on, dans la politique énergétique de l'UE, et prévoyant de démanteler les positions dominantes des grands groupes européens du gaz et de l'électricité, mais aussi de limiter l'accès à de puissants groupes étrangers. Dans le détail, ce sont des mesures qui visent la séparation de la production énergétique des réseaux de transport (gazoducs ou lignes à haute tension allant jusqu'à l'entrée des villes). La Commission européenne pose également des conditions sévères aux groupes non européens. Il faut dire que le géant semi-public russe Gazprom, qui cherche ces derniers temps à renforcer ses positions en Europe occidentale, ou encore le groupe Sonatrach sont directement visés. Ces deux groupes essayent, en effet, de consolider leurs positions sur le marché gazier européen ouvert à la concurrence depuis 1998, à travers deux directives élaborées et adoptées par Bruxelles. Ces ambitions semblent être bloquées aujourd'hui par la Commission européenne qui a réduit l'accès au marché européen. Cette mesure va à l'encontre du discours libéral développé par l'UE en matière gazière. Sonatrach et Gazprom n'en sont pas à leur premier obstacle sur le marché gazier européen. Il y a plus d'une année, les Européens leur reprochaient de vouloir créer une Opep du gaz nuisible à la physionomie du prix du gaz. Sonatrach, et un peu moins Gazprom, éprouvent d'énormes difficultés pour installer leurs propres filières pour la commercialisation du gaz dans certains pays européens. Ce qui se passe entre l'Algérie et l'Espagne depuis quelques mois en est l'exemple illustratif en la matière. En effet, Les ambitions affichées de Sonatrach dans ce pays avaient provoqué de nombreuses inquiétudes, obligeant le gouvernement espagnol à dresser plusieurs obstacles réglementaires sur le chemin du champion national. Les rumeurs d'un rachat éventuel de 30% de Cepsa par la société nationale avaient accentué ce malaise. Un malaise incompréhensible d'autant que les entreprises espagnoles n'éprouvent aucune difficultés sur le marché algérien. Le gouvernement a mis en place des cadres juridique, fiscal et institutionnel attractifs pour l'investissement, et celui venant d'Espagne est encore plus conforté par les accords bilatéraux existants en la matière. D'où une certaine incompréhension des milieux financiers et d'affaires concernant la frilosité de Madrid à l'égard de la société nationale. Les déboires de Sonatrach sur le marché espagnol ne sont qu'une illustration de ce que seront ses relations avec l'EU qui, pourtant, ambitionnait de conclure un accord énergétique stratégique avec notre pays. La récente mesure protectionniste de l'Europe va sans doute provoquer de vives tensions entre l'Algérie et ses partenaires européens. Alger, au nom du principe de réciprocité dans les relations commerciales prônée par Chakib Khelil lors du dernier conflit avec l'Espagne, sera en effet amenée à prendre des mesures à l'égard des groupes européens présents en Algérie, avec un probable durcissement de la législation sur les investissements dans le secteur des hydrocarbures. "Ce n'est pas par le truchement du protectionnisme mais par celui de la concurrence que les entreprises innovent, tirent le meilleur de leurs ressources, améliorent leur qualité et diminuent leur prix". Cette affirmation de la commissaire européenne à la Concurrence ne semble donc pas refléter la démarche de Bruxelles. Les restrictions imposées aux acteurs gaziers étrangers pour, dit-on, protéger le marché intérieur, risquent de mettre à mal la stabilité de livraison, à long terme, du gaz à l'UE. Par ailleurs, la démarche des pays consommateurs, notamment européens, qui consiste à se doter d'une stratégie énergétique commune, devrait inspirer les pays producteurs à envisager une telle approche. En effet, la concurrence pour les ressources en pétrole et en gaz s'est encore accentuée avec l'arrivée de nouveaux concurrents issus de pays en développement ou en transition. Les entreprises CNOOC, CNPC, Sinopec (Chine), Kuwait Petroleum (Koweït), Lukoil (Fédération de Russie), Petrobras (Brésil) et Petronas (Malaisie) font déjà partie des principaux investisseurs étrangers dans certains pays producteurs de pétrole et de gaz. Ces compagnies opèrent aux côtés des sociétés transnationales traditionnelles des pays développés. Les capacités technologiques et les compétences de gestion de ces nouvelles sociétés s'améliorent rapidement. Ce qui soulève un certain nombre de questions, dont certaines, pas des moindres, portent sur les relations Sud-Sud. Dans ce contexte, il serait fort intéressant de considérer la légitimité de la démarche qui, au grand dam de l'Europe, consacrerait une coopération stratégique entre l'Algérie et la Russie. L'aisance financière et la maîtrise technologique d'une compagnie comme Gazprom ne peuvent susciter que de l'intérêt de la part de Sonatrach qui aura tout à gagner avec un partenariat avec Gazprom sur, par exemple, le projet intégré de Gassi Touil.