Il reconnaît, néanmoins, que le rapprochement entre l'Algérie et la Russie dans ce domaine constitue une force. Du point de vue économique, l'idée de la création d'un cartel du gaz est impossible. Cette opinion émane de l'économiste en chef du groupe British Pétrolum (BP) basé à Londres, Christof Ruehl. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, portant sur «la sécurité énergétique de l'Europe, quel rôle pour l'Algérie», l'économiste a présenté trois raisons. En premier lieu, il a cité la nécessité d'avoir un marché mondial avec un prix mondial. Ce qui n'est pas le cas selon lui. Il ajoute que le prix du gaz est lié au prix du pétrole et qu'il faut aussi avoir un producteur de gaz dominant. Par contre, pour lui, une organisation régionale du gaz est possible. En fait, ces arguments ne sont pas nouveaux. C'est la réaction de la majorité des économistes européens. Donc, l'idée de la création d'une Opep du gaz fait toujours trembler l'Europe. La crise, entre la Russie et l'Ukraine un certain hiver 2005, fait maintenant école. Les géants gaziers européens y voient une affaire plus grave que le nucléaire iranien. Il y va de la sécurité de toute l'Europe occidentale, et aussi, de celle des Américains. Avec une Russie réveillée d'un long sommeil, une Algérie prospère et richement sur ses pieds, libérée de ses créanciers, et un Iran en avance dans le domaine nucléaire et riche en gaz, le rapport de force est appelé à la révolution. Les multiples déclarations des responsables de ces pays sur cette question suscitent les inquiétudes des capitales occidentales. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «ne rejette pas l'idée» de même que son homologue russe, Vladimir Poutine, trouve l'idée «intéressante» et le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, considère la perspective avec bienveillance. Ainsi, le commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, a demandé à Alger et Moscou d'expliquer leurs «intentions» en les interrogeant sur les conséquences d'une telle entreprise pour les consommateurs. A rappeler que la Russie et l'Algérie sont les principaux fournisseurs de gaz de l'Union européenne. La Russie qui produit 20% du gaz mondial, possède près de 30% des réserves mondiales, suivie par l'Iran et par l'Algérie troisième producteur dans le monde. La Russie et l'Algérie contrôlent plus de 40% de la consommation de l'Europe. Néanmoins, l'économiste du groupe BP reconnaît que l'union entre l'Algérie et la Russie dans ce domaine, constitue bel et bien une force. L'Algérie et la Russie sont les deux plus grands fournisseurs de gaz en direction de l'Europe, dont les sociétés Sonatrach et Gazprom ont convenu d'une alliance stratégique qui a créé un malaise dans les capitales européennes. Il reconnaît également que si le gazoduc reliant l'Algérie et l'Europe rencontre des problèmes, c'est toute l'Europe qui va souffrir. En fait, M.Ruehl fait allusion au conflit algéro-espagnol dans le domaine gazier qui, un moment, a remis en cause le projet Medgaz. En outre, le représentant de BP a basé son intervention sur la situation de la consommation et de la production énergétiques dans le monde. En 2006, soutiendra-t-il, les prix de l'énergie ont à nouveau atteint des niveaux élevés. Mais en dépit de la hausse des prix, la croissance de la consommation énergétique mondiale est restée supérieure à la moyenne. Ce sont, selon lui, les producteurs, comme l'Algérie, qui voient leur consommation en énergie augmenter. La croissance de la consommation a touché surtout le gaz et le charbon.