Le géant gazier russe Gazprom a annoncé avoir subi une baisse de 10,5% de son bénéfice net au troisième trimestre, mais mis en avant la hausse de son profit sur neuf mois grâce au rebond de ses exportations vers l'Europe. Le bénéfice entre juillet et septembre 2013 s'est établi à 276,07 milliards de roubles (6,0 milliards de dollars), soit une baisse de 10,5% par rapport à la même période de 2012, a indiqué le numéro un mondial du gaz dans un communiqué. Selon les analystes, ce recul est notamment lié à la chute des ventes vers l'Ukraine, ancienne république soviétique qui a privilégié l'année dernière un rapprochement avec l'UE et n'a fait une volte-face que fin novembre pour se tourner vers la Russie. Cette décision des autorités ukrainiennes a provoqué une contestation sans précédent du régime et des heurts violents à Kiev qui se sont soldés par cinq morts. Le bénéfice net des ventes de gaz vers les ex-républiques soviétiques a chuté de 25%, notamment en raison de la baisse des prix moyens en rouble (...) et de celle des volumes du gaz vendu, selon le communiqué de Gazprom. Pour les ex-républiques soviétiques, les résultats sont en baisse comme c'était prévu. C'est lié à la détérioration de la situation en Ukraine, à l'issue de laquelle les livraisons de gaz ont baissé, a déclaré Alexeï Gromov du Centre d'analyse sur l'énergie et les finances. L'Ukraine n'a ainsi prévu d'acheter que 30 milliards de mètres cubes de gaz russe en 2013, au lieu de 52 milliards de mètres cubes un an avant, afin de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Selon le centre d'analyse Sberbank Investment Research, basé à Moscou, l'Ukraine a en outre pratiquement cessé de payer Gazprom depuis août 2013. La décision du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de renoncer fin novembre à un accord d'association avec l'Union européenne au profit de Moscou a abouti à un accord avec la Russie prévoyant notamment une baisse du prix du gaz russe pour l'Ukraine. Cette année, les livraisons (vers l'Ukraine) vont augmenter, mais cela ne rapportera beaucoup à Gazprom, car elles seront effectuées à des prix réduits, estime M. Gromov. En même temps, Gazprom a souligné avoir enregistré une hausse de 4% de son bénéfice net sur les neuf premiers mois de 2013, à 858,77 milliards de roubles (18,6 milliards d'euros), grâce au rebond de ses exportations vers l'Europe. Le chiffre d'affaires a augmenté de 12% à 3 773 milliards de roubles (82 milliards d'euros). Gazprom précise que les revenus tirés des exportations de gaz vers l'Europe a augmenté de 15% entre janvier et septembre 2013, en premier lieu en raison de la hausse des volumes du gaz vendu (...), renforcée par la hausse des prix moyens en roubles. Cette hausse s'explique notamment par la chute des importations du gaz norvégien en Europe et la décision du Qatar de diriger une partie de ses livraisons de gaz naturel liquéfié vers des marchés asiatiques plus lucratifs. De son côté, Gazprom déploie des efforts de communication et investissements dans des nouveaux gazoducs pour prouver qu'il est incontournable pour l'UE, où la demande pour le gaz progresse mais où les capacités de production déclinent. En attendant un contrat avec la Chine, repoussé depuis dix ans mais espéré dans le cadre de la prochaine visite à Pékin du président russe Vladimir Poutine en mai, le marché européen reste la principale source de revenus pour Gazprom.