Alors que des appels au calme et à la renonciation à toute forme de haine ont été lancés par les imams dans leur prêche du vendredi dernier, et malgré un calme relatif, rien n'indique que la violence saccadée qui caractérise la wilaya de Ghardaïa depuis décembre dernier, ne reprenne pas. Car, c'est ce qu'on remarque depuis ces dernières semaines où les échauffourées entre citoyens pour diverses raisons dont il est vraiment très difficile de cerner les vrais causes, baissent d'intensité avant de reprendre pour atteindre le summum comme ce fut le cas lors du dernier décès enregistré. Les citoyens de Ghardaïa enregistrent, certes, la présence des pouvoirs publics dont le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, mais ils se demandent, constamment, quand ces cycles d'affrontements qui se déclenchent aujourd'hui dans un quartier puis s'arrêtent et reprennent dans un autre quartier vont prendre définitivement fin ? Pour le moment c'est le calme depuis jeudi soir. Il est vrai que la situation sécuritaire s'est normalisée, après la recrudescence de violence en fin de la semaine, mais les citoyens craignent toujours un retour à la violence. Certains, sont même allés à lier ces évènements à la drogue, d'autres à la mal-vie, au manque d'infrastructures et d'emplois pour les jeunes alors que certaines personnes ont même lié ces évènements à la prochaine élection présidentielle. C'est dire, toute la complexité de cette situation. Et pour assurer un calme définitif et une éradication totale de ces violences, les imams se sont directement adressés aux citoyens lors de leurs prêches de la grande prière du vendredi appelant à l'apaisement, la concorde et la réconciliation, invitant les fidèles à faire prévaloir l'unité et leur rappelant combien il importe de vivre dans la paix, conformément aux préceptes de l'Islam. Ils ont également plaidé pour la protection des biens d'autrui, le bannissement de la violence sous toutes ses formes et le respecter des édifices religieux et funéraires. L'ensemble des imams ont appelé les citoyens à poursuivre leurs activités normalement. "Il n'y a aucune raison d'avoir peur", ont-ils insisté, soulignant que les forces de l'ordre étaient "prêtes à faire face à n'importe quelle menace". Aucun incident n'a été signalé depuis jeudi soir dans la région de Ghardaïa, à la faveur d'un très important renfort de policiers, appuyé par des brigades antiémeute de la Gendarmerie nationale, déployés sur l'ensemble des artères et quartiers de la vallée du Mzab (regroupant 4 communes), notamment sur l'axe entre Ghardaïa et Daya Ben Dahoua. Quand bien même le calme prévaut vendredi dans le centre de Ghardaïa, l'inquiétude reste visible sur le visage de nombreuses personnes rencontrées et qui redoutent "d'éventuels dérapages". Enfin, il est utile de rappeler que le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaiz, s'est déplacé jeudi sur place à Ghardaïa, avant de déclarer que l'Etat était "déterminé" à appliquer les lois de la République dans "toute leur rigueur", contre quiconque "portera atteinte" à la sécurité de l'individu et de ses biens. Le ministre a également promis un renforcement du dispositif sécuritaire à Ghardaïa. Ce qui sera bien concrétisé par la création à compter de jeudi à Ghardaïa d'un "centre opérationnel" de sécurité, cogéré par la Gendarmerie et la Sûreté nationales, dans le but de rétablir l'ordre et mettre fin aux échauffourées. "L'Etat va agir avec rigueur et équité, conformément aux décisions de justice, contre les personnes malveillantes et les fauteurs de troubles", a-t-il souligné. Evoquant succinctement les décisions prises avec les responsables de la sécurité, le Directeur général de la Sûreté nationale et le Commandant de la Gendarmerie nationale, le ministre de l'Intérieur a précisé que le dispositif de sécurité dans la région de Ghardaïa sera "multiplié par trois, voire par quatre, pour restaurer définitivement l'ordre et le calme". "Toutes les rues, les quartiers, les communes de la wilaya de Ghardaïa seront sécurisés", a affirmé le ministre devant les responsables de la sécurité nationale, respectivement les généraux-majors Abdelghani Hamel (DGSN) et Ahmed Bousteilla (Gendarmerie nationale). Accompagné des responsables de la DGSN et de la Gendarmerie nationale, M. Belaïz a indiqué avoir été chargé par le président de la République de "trouver les moyens de ramener le calme et l'ordre, avec la participation des différents acteurs de la société civile de la wilaya".