Le géant français du pneumatique Michelin a souffert en 2013 de la variation des taux de change, qui a pesé sur ses résultats, et de la morosité des marchés, mais il se veut confiant pour cette année. Son bénéfice net a reculé de 28% à 1,13 milliard d'euros et son bénéfice opérationnel avant éléments non récurrents s'est replié de 7,8% à 2,23 milliards, selon un communiqué publié avant-hier. Cette baisse s'explique en partie par le renforcement de l'euro, défavorable au groupe clermontois. "L'année 2013 a été marquée, notamment par la question de variation des monnaies" avec "une très forte baisse des monnaies des pays émergents et en même temps une hausse de l'euro par rapport à l'ensemble des devises et en particulier au dollar", a rappelé son président Jean-Dominique Senard lors d'une conférence de presse. Le renforcement de la monnaie unique a amputé le bénéfice opérationnel de 230 millions d'euros l'an dernier et a continué à peser en ce début d'année. "Ce phénomène est lourd, il peut évoluer et c'est très erratique", a commenté M. Senard. Des éléments non récurrents de 260 millions, qui "correspondent principalement aux frais de restructuration" en cours en France, ont aussi pesé sur ses résultats l'an dernier. Michelin va transférer sa production de pneus poids-lourds de son usine de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire) en Vendée, avec à la clé 706 suppressions de postes. Sur l'exercice écoulé, les ventes du fabricant de pneus ont fléchi de 5,7% à 20,25 milliards, "dans un contexte de marchés faibles au premier semestre et plus dynamiques au second". Michelin a aussi souffert "des ajustements contractuels de prix à la baisse, liés à l'indexation sur les matières premières". Pour autant, "ce sont de bon résultats", a fait valoir M. Senard. A périmètre et taux de change constants, le bénéfice opérationnel avant éléments non récurrents a progressé de 41 millions. Michelin met aussi en avant le fait qu'il ait généré un flux de trésorerie disponible (cash-flow libre) de 1,15 milliard d'euros l'an dernier et que son endettement est quasi nul, à 142 millions contre plus d'un milliard un an plus tôt. De plus, "notre plan de compétitivité est en bonne voie" et devrait permettre au groupe d'économiser un milliard d'euros entre 2012 et 2016, a indiqué M. Senard. Le groupe a choisi d'en faire profiter ses actionnaires en proposant un dividende de 2,50 euros par action lors de sa prochaine assemblée générale en mai, soit 10 centimes de plus qu'en 2012. Cette annonce a été saluée à la Bourse de Paris par une progression de 3,30% à 83,67 euros de l'action, quand le CAC 40 a fini en hausse de 1,09%, malgré des résultats inférieurs aux attentes des analystes interrogés par Dow Jones Newswires. Pour 2014, Michelin estime que la situation sur les marchés devrait s'améliorer et table par conséquent sur une hausse de 3% environ de ses ventes en volume "en ligne avec la croissance mondiale du marché de pneumatiques", selon le communiqué. Il compte générer "un cash-flow libre (flux de trésorerie disponible) structurel supérieur à 500 millions d'euros" tout en continuant à investir environ 2 milliards d'euros par an. "Les résultats de 2013 nous font penser que nous n'avons aucune espèce de raison de changer les objectifs que nous avions donné pour l'année 2015", a assuré M. Senard. Michelin vise à cette date un résultat opérationnel avant éléments non récurrents de l'ordre de 2,9 milliards d'euros. Son président a toutefois précisé que cet objectif était formulé "avec des parités de changes de 2012". Il a aussi reconnu que le Michelin disposait d'une marge pour réaliser des achats, mais "ce n'est pas parce que nous avons une souplesse financière que nous devons faire n'importe quoi et à n'importe quel prix". "Si une acquisition un jour se présentait, ce serait probablement en Asie lorsque le marché se consolidera", a-t-il précisé.