Wall Street, après s'être délectée des premiers mots de la nouvelle présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, est prête à repartir de plus belle. Qu'importe les indicateurs dont l'éventuelle faiblesse est d'ores et déjà imputée au mauvais temps. Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette de la Bourse de New York, s'est adjugé 2,28%, à 16 154,39 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 2,86% à 4 244,02 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a, quant à lui, avancé de 2,32% sur la semaine à 1 838,63 points. Les vents contraires qui avaient fait vaciller les marchés en début d'année - comme le ralentissement de la croissance chinoise ou les troubles sur les devises de plusieurs pays émergents - semblent loin. Janet Yellen a parlé, pour la première fois depuis son intronisation à la tête de la banque centrale américaine (Fed), et elle a ravi les investisseurs. "Janet Yellen c'est Bernanke 2", observe Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services. "La continuité mais aussi la réaffirmation de la volonté de la Fed d'adapter sa politique à la lecture de l'économie". Elle a certes assuré devant le Congrès que, comme prévu, la Fed avait bien l'intention de continuer à diminuer les liquidités qu'elle injecte chaque mois sur les marchés pour doper la reprise. "Mais elle a donné le sentiment qu'elle ne serait en aucun cas doctrinaire et qu'en cas d'affaiblissement de la croissance, elle remettrait des munitions sur la table", souligne Gregori Volokhine. Janet Yellen a notamment répété que la politique des taux bas devrait se poursuivre bien après le recul du taux de chômage à 6,5% - il est actuellement à 6,6% - un temps présenté comme le seuil attendu par l'institution pour agir sur ses taux. A cet égard, les investisseurs seront particulièrement attentifs à toute référence aux taux dans le compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire, attendu mercredi.
Yellen imperturbable Les investisseurs ont aussi été impressionnés par le fait que "sous les feux croisés des parlementaires, Janet Yellen est restée calme, imperturbable. Elle donne l'impression qu'elle va conduire sa politique de façon très méthodique. Et ça c'est bénéfique aux marchés", relève Christopher Low, économiste à FTN Financial. Le Congrès américain a par ailleurs apporté une bouffée de soulagement au marché en relevant, sans conditions, le plafond de la dette et en autorisant le gouvernement à emprunter sans limite jusqu'en mars 2015. "Cela montre que les Républicains sont devenus plus pragmatiques" et abandonnent, pour un temps au moins, la tactique du bras de fer qui avait conduit en octobre le gouvernement à fermer partiellement boutique, remarque Gregori Volokhine. "On n'aura pas de mauvaises surprises sur la fiscalité cette année, c'est très positif pour le marché". Du côté des entreprises, les comptes trimestriels des entreprises, sans être éclatants, restent majoritairement supérieurs aux attentes. Parmi les dernières sociétés à publier leurs chiffres cette saison figurent mercredi Coca-Cola, et jeudi Walmart et HP. La seule ombre pouvant actuellement obscurcir les perspectives des investisseurs est la faiblesse des derniers indicateurs américains. Mais le marché semble pour l'instant accorder le bénéfice du doute à ces mauvaises statistiques économiques, en rejetant la responsabilité de ce ralentissement sur l'hiver rigoureux que traversent les Etats-Unis. Aussi c'est avec des pincettes que seront décortiqués les chiffres sur les mises en chantier de logement et les permis de construire mercredi, sur les indicateurs avancés et l'activité manufacturière jeudi ou sur les ventes de logements existants vendredi. Les investisseurs surveilleront avec un peu plus d'attention les prix à la production mercredi et les prix à la consommation jeudi, alors que l'inflation aux Etats-Unis reste bien en-deçà de l'objectif de la Fed.