Déprimée par les difficultés de l'économie américaine, épuisée par les déboires du secteur financier, la Bourse de New York va attaquer la semaine prochaine en plein manque de confiance, s'inquiétant déjà des prochains résultats trimestriels des entreprises. En seulement quatre séances, lundi étant férié, le Dow Jones a perdu 2,82%, à 11.220,96 points, le Nasdaq, à forte composante technologique, 4,71%, à 2.255,88 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 3,16%, à 1.242,88 points. Le marché obligataire, refuge de l'investisseur inquiet, a rebondi. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a en conséquence fini à 3,660%, contre 3,813% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,276%, contre 4,412%. "On était face à des marché fragiles, et tous les jours on a eu une série d'événements importants qui enlèvent de plus en plus la confiance qui restait", résume Gregori Volokhine, de Meeschaert. Statistique très attendue, l'emploi s'est ainsi dégradé plus que prévu en août, avec un taux de chômage à 6,1%, au plus haut depuis cinq ans. "On avait célébré les chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre la semaine précédente, mais il faut maintenant regarder la réalité en face: le deuxième trimestre est désormais derrière nous", estime Gina Martin, de Wachovia. Wall Street a aussi commencé à regarder plus loin que les frontières américaines, notamment en Europe et en Asie, où le ralentissement se fait aussi sentir. "Tout à coup, on a pris conscience qu'on était face à un ralentissement global de l'économie: face à cela, il n'y a pas vraiment de secteurs qui sont épargnés. Non seulement il y a un ralentissement aux Etats-Unis, mais on ne va pas être sauvé par l'Asie", avance M. Volokhine. Pour l'analyste, ce climat d'anxiété a été alimenté par des craintes que de gros acteurs du marché se retirent, notamment les fonds d'investissement. Signe du manque de confiance qui règne sur le marché: les investisseurs ont totalement ignoré une chute de près de 10 dollars du prix du baril d'or noir sur la semaine. "Une vraie douche froide", a commenté M. Volokhine. Cette baisse des prix de l'énergie a au contraire suscité des inquiétudes sur les résultats des groupes énergétiques, explique Mme Martin. Et, révélateur inquiétant de la déprime des consommateurs, elle ne semble pas se refléter dans les dépenses des ménages. "Quant les consommateurs ne dépensent pas beaucoup à la rentrée, ils peuvent aussi ne pas dépenser beaucoup pendant les congés avant Noël, ce qui est inquiétant pour les distributeurs", relève Mme Martin. Dans ce contexte, le marché surveillera avec attention les chiffres des crédits à la consommation pour juillet lundi, les ventes de détail pour août et l'indice de confiance des consommateurs de l'université de Michigan vendredi. Parmi les autres indicateurs attendus: les promesses de ventes de logements pour juillet mardi, la balance commerciale pour juillet et les prix à l'importation en août jeudi, et les prix à la production en août vendredi. Malgré cette série d'indicateurs, la semaine macroéconomique s'annonce "calme", selon Mme Martin. "On entre dans la période où les entreprises sont susceptibles de donner des avertissements sur leur résultats du troisième trimestre", prévient M. Volokhine. "Il faut reconsidérer vers où on se dirige pour les troisième et quatrième trimestres et pour 2009: les résultats, jusqu'à présent, sont trop bons au regard des difficultés économiques", ajoute Mme Martin. Principal secteur attendu au tournant: le secteur financier, dont les déboires continuent de rythmer les séances boursières, et notamment la banque d'affaires Lehman Brothers, dont le titre a continué de fluctuer en fonction de rumeurs d'intervention d'un fonds souverain asiatique ou de reprise d'une partie des actifs par des fonds d'investissement.