Les cours du blé ont été poussés cette semaine à Chicago par la montée des tensions en Ukraine, grand exportateur de la céréale, et une météo peu favorable à la récolte d'hiver aux Etats-Unis. Les prix du maïs ont peu bougé tandis que ceux du soja ont reculé. "Les courtiers continuent d'observer avec une grande attention ce qui se passe en Crimée, où se tiendra ce week-end un référendum décidant si la péninsule ukrainienne se rattache à la Russie", rappellent les analystes de Commerzbank. "Si la réponse est oui, cela pourrait fortement perturber les cargaisons de blé ukrainien" passant par la mer noire. Face à l'incertitude, les acheteurs vont sans doute préférer se tourner vers d'autres pays pour s'approvisionner en blé, dont les Etats-Unis. "L'Egypte, le plus grand importateur mondial de la céréale, est déjà en train de réviser ses critères pour pouvoir plus facilement acheter du blé auprès d'autres sources", remarque ainsi Bill Nelson de Doane Advisory Services. Parallèlement, aux Etats-Unis, les acteurs du marché observent avec fébrilité les conditions météorologiques affectant actuellement la région des grandes plaines, dans le centre du pays, où est produit l'essentiel de la récolte américaine. "Entre le froid et le manque d'eau, plusieurs zones sont très sèches. Et si le temps ne s'améliore pas très vite, cela pourrait endommager la récolte qui s'apprête à sortir de la période d'hivernage", explique Bill Nelson. La perspective d'une moisson moins abondante que prévu fait monter les prix. Grippe aviaire et virus porcin Sur le marché du soja, les cours sont minés par les signes d'une baisse de la demande aussi bien en Chine qu'aux Etats-Unis. Pékin, premier importateur mondial de l'oléagineux, a fait part tout au long de la semaine d'indicateurs signalant un ralentissement de sa croissance. De plus, "il semblerait que la résurgence de la grippe aviaire dans le pays pèse sur la demande de tourteaux de soja à destination de la volaille", indique Bill Nelson. Aussi la Chine est en train d'annuler en masse des commandes passées auprès des Etats-Unis, comme elle le fait régulièrement à cette période de l'année, mais aussi auprès de l'Amérique du Sud. "C'est beaucoup plus inhabituel vu qu'on est en pleine période de récolte au Brésil et que celle d'Argentine va commencer", note Bill Nelson. Dans le même temps aux Etats-Unis, la consommation de soja est affectée par une nette baisse de la production porcine. Les élevages américains sont en effet dévastés depuis plusieurs mois par un virus mortel. "Les porcs étant de gros consommateurs de tourteaux de soja, ces pertes affectent la demande de l'oléagineux", relève Bill Nelson. La consommation de maïs aux Etats-Unis pourrait être affectée pour la même raison, selon Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors. Les cours de la céréale, qui avaient nettement grimpé au cours des semaines précédentes, ont toutefois buté sur le rapport du ministère américain de l'Agriculture publié lundi: les autorités ont abaissé, mais moins fortement que prévu, leur estimation de stocks de fin de campagne aux Etats-Unis. Ils ont par la suite été tiraillés entre la perspective d'un abaissement de la demande en provenance de Chine, la bonne tenue des récoltes en Amérique du Sud et la montée des tensions en Ukraine, troisième exportateur mondial de la céréale. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le plus échangé, évoluait vendredi à la mi-séance à 4,8250 dollars contre 4,8900 dollars en fin de semaine dernière. Le boisseau de blé pour la même échéance s'échangeait à 6,8375 dollars contre 6,5400 dollars vendredi dernier, au plus haut depuis début novembre. Le boisseau de soja également pour livraison en mai s'établissait à 13,8525 dollars contre 14,5775 dollars il y a une semaine.