Désormais, les entreprises publiques seront libres de déposer leur argent auprès des banques privées, et c'est officiel. Le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, vient en effet d'annuler la directive Ouyahia. Il est vrai que depuis quelques jours la rumeur persistait sur l'éventualité d'un retrait de cette directive. C'est l'ancien ministre des Finances, M. Abdelatif Benachenhou, qui, dans une contribution publiée dans les colonnes de notre confrère El Watan, a annoncé que "selon des informations persistantes qui circulent dans les milieux bancaires concernés, le gouvernement aurait décidé de retirer la décision d'août 2004 qui organisait la segmentation du marché du crédit bancaire et du marché monétaire". Celui-ci ajoutait que "si cette information se confirme, les autorités feraient preuve d'un pragmatisme très utile et démontreraient que la rationalité progresse dans la gestion des affaires économiques et financières du pays. L'impact d'une telle décision sera remarquable et dépassera de loin la question de la privatisation du CPA et de la modernisation de l'industrie bancaire". Cette question est donc aujourd'hui réglée. Il serait utile de rappeler que la directive d'août 2004 avait été prise à la suite du scandale Khalifa, lorsque plusieurs entreprises et organismes publics à l'image de la Cnas, la Casnos, les OPGI, Digromed, Saidal et bien d'autres ont déposé leurs fonds au niveau de Khalifa Bank. Ces mêmes fonds ont été ensuite détournés. Chose qui a conduit à la banqueroute de la banque et induit des pertes considérables au Trésor public. Cette directive était donc un moyen d'éviter que ce genre de problèmes ne se répète. Néanmoins, dans le contexte actuel des choses où le marché bancaire se développe à une allure de plus en plus rapide grâce à l'implantation de plusieurs banques privées, notamment étrangères, et avec l'amorce du processus de privatisation des banques publiques, cette mesure ne saurait être maintenue. Cette règle semble en effet s'ériger en contradiction avec les règles de l'économie de marché et suscite des réactions de la part des banquiers privés qui se considèrent pénalisés par une mesure qui instaure une discrimination. M. Benachenhou estime aussi que le gouvernement prend acte qu'une avancée significative dans la modernisation des structures, des méthodes et des régulations bancaire et financière est indispensable pour l'acte d'investir et de produire et pour lutter contre la croissance molle qui caractérise notre pays, avant d'ajouter que "le retrait de la décision favoriserait évidemment de meilleures offres pour le rachat du CPA dès lors qu'il a un effet sur le plan d'affaires du repreneur. La réunification du marché du crédit bancaire et du marché monétaire va aussi favoriser la concurrence, tous les opérateurs ayant un accès potentiellement égal aux ressources et à toutes les clientèles. A celles-ci de choisir la banque qui sert le mieux leurs intérêts". M. Benachenhou note enfin que "le souhait de notre pays d'accéder à l'Organisation mondiale du commerce induira la levée de la mesure, en raison de la nécessité d'une harmonisation avec les règles de l'OMC".