La production manufacturière en Chine a de nouveau reculé en mars, enregistrant sa plus forte contraction depuis huit mois, selon un indicateur provisoire publié avant-hier par la banque HSBC --confirmant le ralentissement de l'activité dans le pays. L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par HSBC dans la deuxième économie mondiale atteint 48,1 en mars, après 48,5 en février. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction. Cet indicateur pour mars "indique que le rythme de la croissance en Chine a continué à ralentir", a commenté Qu Hongbin, économiste de HSBC basé à Hong Kong, dans un communiqué accompagnant les chiffres. "Cette faiblesse générale est en grande partie liée à un repli continu de la demande intérieure", a-t-il ajouté. Publiée à la suite d'une longue série d'indicateurs décevants ces derniers mois, cette nouvelle contraction de la production manufacturière renforçait les inquiétudes sur la vigueur de l'économie chinoise. "Cette faiblesse de l'activité semble désormais être encore plus prononcée, étant donné qu'on assiste d'habitude à un net rebond (de la production manufacturière) après les congés du Nouvel an lunaire", a ainsi observé Julian Evans-Pritchard, expert du cabinet Capital Economics. Durant les longs congés du Nouvel an chinois, débutés cette année fin janvier, de nombreux travailleurs migrants rentrent dans leur région d'origine et la plupart des usines ferment leurs portes. Or, sur neuf des dix dernières années, l'indice PMI manufacturier avait toujours rebondi le mois suivant, rappelle l'expert de Capital Economics. Pour lui, le resserrement des conditions de crédit --orchestré par la banque centrale pour endiguer l'envolée des dettes des gouvernements locaux et des entreprises-- "continue de peser sur la demande" et de gripper les investissements. Dans ce contexte, les autorités devraient réagir en prenant "une série de mesures pour stabiliser la croissance", a jugé Qu Hongbin, l'analyste de HSBC. Pékin pourrait notamment assouplir les règlements régissant les investissements privés ou accroître les dépenses publiques dans les chemins de fer, le logement ou la lutter contre la pollution atmosphérique, mais aussi orienter à la baisse les taux d'emprunt, a-t-il estimé. A l'inverse, M. Evans-Pritchard disait "ne pas attendre de plan de relance significatif de la part du gouvernement", étant donné que la situation reste saine sur le marché de l'emploi --ce qui est "la priorité des autorités". D'autre part, "le récent accès de faiblesse de la production manufacturière" est "un ralentissement bienvenu" dans un secteur industriel miné depuis longtemps par de sévères surcapacités, et "ne menace pas jusqu'à présent l'objectif de croissance économique d'environ 7,5%" que s'est fixé Pékin pour 2014, a expliqué l'analyste. La Chine avait enregistré une croissance économique de 7,7% en 2013, un chiffre stable par rapport à 2012, année où le pays avait enregistré sa plus faible performance en 13 ans.
Les défauts de paiement peuvent être "sains" Laisser des défauts de paiement se produire sur le marché chinois de la gestion de fortune contribuera à ce que son développement soit "sain", a estimé la Banque centrale chinoise (PBOC). "Afin d'éviter des risques systémiques, permettre que certains défauts de paiement surviennent de manière naturelle selon les lois du marché (...) permettra de rectifier les comportements d'émetteurs et d'investisseurs et contribuera au sain développement du marché de la dette", a estimé le gouverneur adjoint de la Banque centrale, Pan Gongsheng, lors d'un forum à Shanghai. "Le remboursement garanti (...) bien qu'il assure la stabilité à court terme, n'aidera pas le marché à différencier les risques et conduira finalement à une accumulation de risques", a-t-il ajouté. Ces propos font écho à ceux du Premier ministre Li Keqiang qui, mi-mars, avait assuré que la Chine attachait "une grande importance aux risques financiers et aux dangers liés à l'endettement". Il avait aussi estimé que certains défauts de paiement étaient "difficiles à éviter". Le marché de la dette a explosé ces dernières années en Chine: il représentait 11 000 milliards de yuans (1 295 milliards d'euros) début 2014, contre 2 000 milliards de yuans en 2011, a indiqué M. Pan. Début mars, le tout premier cas d'un défaut de paiement sur des obligations d'entreprises émises en Chine continentale est venu raviver les inquiétudes sur les produits d'investissement émis par des dizaines de trusts et sociétés de crédit, évoquant pour certains le spectre des "obligations pourries" américaines. Le fabricant de panneaux solaires Chaori Solar Energy Science & Technology avait ainsi déclaré ne pas avoir les moyens d'honorer le paiement de 89,8 millions de yuans (10,7 millions d'euros) d'intérêts sur des obligations qu'il avait émises en 2012. Alors que les gouvernements locaux et les banques publiques intervenaient systématiquement ces dernières années pour aider les entreprises en détresse à honorer les paiements sur leurs obligations, l'Etat veut désormais "laisser le marché jouer son rôle", selon les médias officiels.
La réforme en Chine apportera des opportunités à l'économie mondiale L'approfondissement de la réforme en Chine donnera un nouvel élan à la croissance économique du pays et apportera des opportunités à l'économie mondiale, a indiqué le vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli. "L'approfondissement des réformes globales va considérablement stimuler l'enthousiasme des gens pour l'innovation, augmenter la vitalité des entités du marché et engendrer de nouvelles forces motrices endogènes pour la croissance", a affirmé M. Zhang lors du Forum sur le développement de la Chine 2014 qui se tient à Pékin. Selon lui, l'économie chinoise dispose des fondements pour une croissance stable et réunit toutes les conditions pour une croissance durable à un rythme moyen ou plus soutenu sur une période relativement longue. Le Forum sur le développement de la Chine 2014 est considéré comme une plate-forme d'interaction entre les leaders du monde des affaires et du monde universitaire, et les décideurs politiques chinois.
L'économie a mis le cap sur un développement économique plus durable La Chine est sur le point d'entamer une nouvelle étape de son développement économique, ciblant une meilleure qualité de vie et un développement plus durable, a déclaré la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Ce processus économique a permis à la Chine de figurer dans le top trois de l'économie mondiale et d'aider plusieurs centaines de millions de personnes à sortir de la pauvreté sur une courte période, a indiqué Mme Lagarde lors du Forum sur le développement de la Chine. "Cette nouvelle transformation de l'économie chinoise est caractérisée par trois dimensions clés, à savoir un objectif ferme, une feuille de route explicite et un sens aigu de la responsabilité mondiale", a-t-elle expliqué. Après avoir montré un grand sens de leadership économique, notamment pendant la crise financière mondiale, la Chine a désormais le regard fermement fixé sur sa prochaine destination, à savoir un développement "de meilleure qualité, plus inclusif et plus durable", a ajouté la directrice du FMI. Initié en 2000 par le Centre de recherche sur le développement du Conseil des Affaires d'Etat, ce forum est un rendez-vous d'échanges entre les leaders du monde des affaires et du monde universitaire, et les décideurs politiques chinois.