Le dossier Gassi Touil continue de susciter de remous en Espagne. Madrid semble tenir plus que tout au projet et ne manque pas de chercher des issues au conflit opposant Sonatrach aux groupes Repsol et Gas Natural. C'est pour la deuxième fois depuis l'éclatement de l'affaire que le ministre espagnol de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, M. Joan Clos, sera auditionné, aujourd'hui, par le Sénat. Les sénateurs, notamment ceux de l'opposition de droite, entendent l'interroger sur le "comportement du gouvernement espagnol" sur ce dossier. Aussi, certaines sources affirment que le ministre serait amené à fournir quelques détails concernant une éventuelle rencontre entre les gouvernements algérien et espagnol pour aboutir à un règlement global du différend. En effet, lors de son audition par le Sénat il y une quinzaine de jours, le secrétaire aux Affaires étrangères, Bernardino Léon, avait confirmé l'existence de contacts à un haut niveau entre Alger et Madrid en vue d'aboutir à une solution. Bernardino Léon avait notamment indiqué que le gouvernement de Jose-Louis Zapatero continue "d'œuvrer activement" pour trouver une solution à la crise née de la décision de Sonatrach d'annuler le contrat Gassi Touil. "L'intérêt de notre gouvernement à réagir face à cette situation est évident", a-t-il souligné devant les sénateurs. Côté algérien, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil à réaffirmer, à la fin du mois de septembre dernier, que Sonatrach a introduit une procédure d'arbitrage international à l'encontre de ses anciens partenaires espagnols, en indiquant qu'elle leur réclamait des "réparations substantielles". Le ministre a également annoncé que la compagnie nationale des hydrocarbures allait reprendre seule le projet gazier de Gassi Touil. Des équipes ont, d'ailleurs, été installées pour le transfert des opérations des partenaires vers Sonatrach. Le ministre n'a, néanmoins, pas démenti la possibilité de trouver un arrangement à l'amiable durant cette période d'arbitrage international qui prendra un à deux ans. Les deux parties peuvent confier à une personne, désignée d'un commun accord, la tâche de trouver une issue acceptable pour tous. "Si cette solution à l'amiable est intervenue avant que la décision de l'arbitrage ne soit tombée, tant mieux, sinon, c'est à celui-ci de trancher", indiquera M. Khelil. On comprend aisément que la balle est donc du côté des Espagnols qui devront trouver des arguments solides pour convaincre les Algériens. Le gouvernement Zapatero semble en tout cas prendre le dossier au sérieux et il ne serait pas étonnant qu'il le prenne en charge, d'autant plus que l'enjeu est de taille. Ce projet prévoyant un investissement de 5,2 milliards d'euros, dont 450 millions avaient été dépensés, devrait entrer en exploitation en 2009, mais les sociétés espagnoles avaient reporté ce délai à 2012. Il s'agit aussi du premier contrat de ce type jamais accordé à une compagnie étrangère en Algérie. Au moment de sa signature, Sonatrach avait une part de 20% dans le projet, Repsol 48% et Gas Natural 32%.