La France et la Chine se sont déclarées avant-hier prêtes à prendre en compte leurs besoins réciproques afin de rééquilibrer leur relation économique et relancer leur partenariat, 50 ans après l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Une cinquantaine de contrats et d'accords ont été signés à l'occasion de la visite d'Etat du président Xi Jinping en France, d'une valeur estimée à 18 milliards d'euros, en particulier avec Airbus et PSA. "Quand vous buvez de l'eau, n'oubliez jamais ceux qui ont creusé le puits", a dit Xi Jinping à l'issue d'un forum économique, rappelant que la France avait été l'un des premiers pays occidentaux à reconnaître la République de Chine Populaire. "Ce geste a ouvert la porte aux échanges entre Chinois et Français et entre Chinois et Occidentaux et a noué une relation particulière entre ces deux grands pays." François Hollande a abondé dans le même sens. "En 1964, nous avions trouvé le sens de l'Histoire, nous avions bravé les préjugés", a-t-il dit. "En 2014, nous devons avoir la même clairvoyance, la même espérance, la même volonté", en émettant l'espoir que la visite en grande pompe du dirigeant chinois "ouvre un nouveau cycle". Dans la matinée, Chinois et Français s'étaient accordés à œuvrer pour accroître les relations entre les deux pays et contribuer à résorber un double déséquilibre, sur les investissements et les échanges commerciaux.
Rééquilibrer les échanges Le stock d'investissements chinois en France n'atteignait fin 2012 que le quart des investissements français en Chine, à 3,5 milliards d'euros, plus 0,7 depuis Hong-Kong, contre 16,7 milliards. Ils ne représentaient que 0,9% des investissements étrangers en France. Et le déséquilibre en emplois est massif. Alors que 500 000 emplois auraient été créés en Chine grâce aux investissements français, seulement 15 000 emplois l'auraient été en France grâce aux investissements chinois. "Le cadre est clair: rééquilibrer nos échanges par la diversification à la fois des investissements et de nos relations commerciales", a déclaré la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq à l'occasion d'un forum réunissant à Bercy 400 entreprises françaises et chinoises. La Chine est le deuxième fournisseur de la France après l'Allemagne, alors que la France n'est que le 19e fournisseur de la Chine. Avec 1,2% de part de marché en Chine en 2013, la France se place devant le Royaume-Uni (1,0%) et l'Italie (0,9%) mais très loin derrière l'Allemagne (4,8%). Les exportations françaises en Chine se sont élevées à 14,7 milliards d'euros l'an dernier et les importations depuis la Chine à 40,5 milliards, soit un déficit commercial de 25,8 milliards, après 26,1 milliards en 2012 et 27 milliards en 2011. "La Chine est prête à importer plus de produits français afin de créer une relation commerciale équilibrée", a déclaré le ministre chinois du Commerce. Gao Hucheng a cité, en plus des secteurs de coopération traditionnels comme le nucléaire civil et l'aéronautique, le souhait d'accroître les échanges dans l'agroalimentaire, la santé, l'environnement et l'efficacité énergétique. "Nous espérons du fond du cœur que l'investissement chinois va accélérer son développement en France", a-t-il ajouté. Dans quatre nouveaux domaines de coopération, la santé, l'agroalimentaire, la ville "durable" et les communications, le volume des échanges est désormais de 4 milliards d'euros, avec des exportations françaises en hausse de 7% l'an denier, a ajouté Nicole Bricq.
Charcuterie et lait La ministre du Commerce extérieur a salué l'abandon par la Chine de son enquête sur les vins européens, un soulagement pour la France qui pèse pour la moitié de ces exportations vers la Chine, et des avancées sur le lait et la charcuterie. La France et la Chine doivent davantage coopérer dans le domaine financier, a ajouté le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, expliquant que la place de Paris souhaitait "se positionner comme un - voire le - centre qui fournit du renminbi au sein de la zone euro". Selon la place de Paris, près de 20% des échanges commerciaux entre la France et la Chine sont libellés en monnaie chinoise contre 10% il y a deux ans. Un double accord a été signé entre les autorités de régulation financière françaises et chinoises pour faciliter les investissements croisés. Un quota de 80 milliards de renminbis a été accordé aux investisseurs institutionnels français pour investir en Chine, faisant de Paris la première place de la zone euro à obtenir le bénéfice de ce dispositif, et la capacité des banques et investisseurs institutionnels chinois qualifiés à investir sur le marché français a été élargie.