L'or a chuté cette semaine, tombant vendredi à son plus bas niveau depuis un mois et demi, pénalisé par l'absence relative d'escalade des tensions en Crimée et entraîné dans sa baisse par le passage de paliers "techniques". Le métal précieux a ainsi poursuivi cette semaine sa dégringolade commencée la semaine dernière. "La pause dans l'escalade des tensions géopolitiques après que la Russie a annexé la péninsule de Crimée a généré une large vague de prises de bénéfices après la forte hausse (de l'or) début 2014", a expliqué en début de semaine Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. L'or a progressé de façon presque ininterrompue depuis le début de l'année, atteignant le 17 mars son niveau le plus élevé en plus de six mois, à 1 392,22 dollars l'once. Le métal précieux, vu comme la valeur sûre de référence par de nombreux investisseurs, avait notamment bénéficié de la crise en Crimée. Mais depuis deux semaines, l'or a amorcé une baisse, enfonçant successivement des seuils planchers qui engendrent eux-mêmes automatiquement de nouveaux ordres de vente et donc une chute supplémentaire du cours, ont expliqué des analystes. Le métal précieux, qui est tombé jusqu'à 1 285,82 dollars l'once vendredi, un minimum depuis un mois et demi, a entraîné l'argent dans son sillage. Le métal blanc, considéré comme une alternative meilleur marché à l'or, est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis sept semaines, à 19,57 dollars l'once. Pour Walter de Wet, analyste chez Standard Bank, "l'or aura du mal à se maintenir en hausse dans un environnement de faible demande physique (observée notamment en Asie) et de taux d'intérêt en hausse aux Etats-Unis". La nouvelle présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen a fait savoir la semaine dernière que l'institution envisageait une hausse des taux d'intérêt plus précoce qu'initialement attendu par le marché, d'ici à mi-2015. Si les taux d'intérêt remontent, les investisseurs seront plus enclins à préférer des investissements plus rémunérateurs que l'or tandis que le dollar se renforcera, ce qui pèsera sur le métal précieux libellé dans la monnaie américaine.
Les platinoïdes entraînés par la chute de l'or Les métaux platinoïdes ont été pénalisés par l'or, le platine tombant jeudi à 1.393,50 dollars l'once, son minimum depuis un mois et demi, et le palladium chutant de son plus haut en un an et demi atteint lundi (à 801 dollars l'once). "La faiblesse de chacun de ces métaux précieux n'est pas justifiée par les fondamentaux du marché", ont jugé les analystes de Commerzbank, soulignant que la grève dans le secteur du platine en Afrique du Sud est entrée dans sa dixième semaine. "C'est la plus longue grève dans le secteur minier sud-africain depuis la fin du régime de l'apartheid en 1994", ont-ils indiqué. L'Afrique du Sud est le premier producteur mondial de platine et le numéro deux pour le palladium. Lundi, le palladium avait atteint un nouveau plus haut depuis début août 2011, à cause du lancement d'un nouveau ETF ("exchange-traded fund") spécialisé dans ce métal par la banque sud-africaine Absa. Les ETF sont des fonds d'investissement adossés à des stocks physiques de métal qui permettent aux investisseurs de bénéficier de l'évolution de l'actif concerné sans pour autant le détenir. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 294,75 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 336 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 19,71 dollars, contre 20,55 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1 401 dollars, contre 1 439 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a clos à 771 dollars, contre 789 dollars sept jours auparavant.