Le cours de l'or a creusé ses pertes cette semaine, tombant au plus bas depuis un mois, toujours plombé par le désintérêt persistant des investisseurs spéculatifs et la concurrence des places boursières, sur fond de renforcement du dollar. OR Après avoir fortement trébuché début mai, le cours de l'once d'or a creusé ses pertes cette semaine, descendant vendredi à 1.365,48 dollars, son plus bas niveau depuis la mi-avril. "Le prix de l'or reste sous forte pression et semble se diriger vers la barre des 1.300 dollars", sous laquelle il n'est pas descendu depuis septembre 2010, a observé Michael Hewson, analyste du courtier CMC Markets. "Alors que l'inflation diminue un peu partout dans le monde, de nombreux investisseurs réduisent leur exposition à l'or", habituellement considéré comme un actif-refuge contre les tensions inflationnistes, et "préfèrent investir leur argent dans des actifs plus rémunérateurs et plus risqués, comme les marchés actions et les obligations souveraines d'Etats périphériques" de la zone euro, a-t-il expliqué. De fait, face à un or qui perd son éclat, les places boursières mondiales continuent de faire des étincelles: à Wall Street, les indices Dow Jones et S&P 500 se sont hissés mercredi à de nouveaux sommets historiques et la Bourse de Paris a dépassé le seuil symbolique des 4.000 points, pour la première fois depuis près de deux ans. "La vigueur des Bourses a surpris nombre d'investisseurs, qui se montraient encore sceptiques sur les perspectives économiques (....) Inflation basse et actions en hausse, cela les incite à se retirer des ETF", fonds d'investissement adossés à des stocks physiques d'or, ont indiqué les experts du courtier Sharps Pixley. Le plus gros fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a vu le volume de ses participations fondre de près de 13 tonnes cette semaine, tombant jeudi à 1.041,42 tonnes -- au plus bas depuis quatre ans. Depuis le début de l'année, il a lâché plus de 300 tonnes d'or (soit 22%), contribuant à tirer les cours vers le bas. Selon des données des autorités de régulation américaines rapportées par Commerzbank, cette hémorragie de SPDR Gold Trust est dûe notamment au retrait des gestionnaires d'actifs américains BlackRock et Northern Trust, mais aussi au milliardaire Georges Soros, qui a réduit de 12% ses participations dans le fonds au premier trimestre. "La nouvelle que George Soros avait diminué son engagement dans des ETF s'est ajoutée cette semaine au désarroi des investisseurs le marché de l'or, et les métaux précieux n'ont pas été aidés par le vif renforcement du dollar", a commenté Jonathan Sudaria, analyste de Capital Spreads. L'appréciation du dollar, à son plus haut niveau depuis un mois et demi face à l'euro, est de nature à rendre moins attractifs les achats de métaux précieux, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Au premier trimestre, la demande totale d'or dans le monde a chuté de 13% sur un an, à 963 tonnes (au plus bas depuis trois ans), ce recul s'expliquant principalement par la fonte des ETF tandis que la consommation d'or dans le secteur de la joaillerie a au contraire grimpé de 12% sur un an et la demande de lingots de 8%, a indiqué jeudi le Conseil mondial de l'or (CMO), organisation émanant des grands groupes aurifères. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.368,75 dollars vendredi au fixing du soir contre 1.426,50 dollars le vendredi précédent. ARGENT L'argent a accéléré son recul dans le sillage de l'or, terminant la semaine à 22,52 dollars l'once contre 23,37 dollars sept jours auparavant. PLATINE/PALLADIUM Les métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont été de nouveau tiraillés cette semaine entre les perspectives incertaines de l'économie mondiale et des craintes persistantes de tensions sur l'offre. En Afrique du Sud (premier pays exportateur), des mineurs du groupe Lonmin ont enclenché cette semaine une brève grève sans préavis et des travailleurs du numéro un mondial du platine Anglo American Platinum (Amplats) ont ainsi indiqué jeudi leur intention de se mettre en grève pour protester contre un plan de 6.000 suppressions d'emplois. La production mondiale de platine avait déjà chuté de 13% en 2012 en raison des conflits sociaux dans les mines sud-africaines et provoqué un déficit de 375.000 onces sur le marché mondial, selon le cabinet Johnson Matthey, qui a averti lundi qu'un nouveau déficit de production devrait être enregistré cette année. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1.470 dollars contre 1.490 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 736 dollars contre 702 dollars la semaine précédente.