Les investissements étrangers directs (IED) ont atteint 36 milliards de dollars l'année dernière, soit le double de leur niveau de 2004, selon l'édition 2007 du Rapport sur l'investissement dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), rendu publique mardi. Pour la troisième année consécutive, les investissements étrangers directs ont augmenté dans le monde, soit une hausse de 38%. Parmi les régions en développement, les flux d'IED vers des sous-régions comme l'Afrique du Nord, l'Afrique subsaharienne, l'Asie de l'Est, l'Asie du Sud et l'Asie du Sud-Est ont atteint des niveaux record, tout comme les flux d'investissements étrangers vers les pays en transition. Dans la région du Maghreb, la Cnuced, prévoit que les investissements directs étrangers devraient continuer à croître dans les années à venir, mais à un rythme moins soutenu qu'en 2006. Il semblerait aussi que notre pays soit toujours à la traîne par rapport à ses voisins. Malgré la multiplication des projets dans tous les domaines, la stabilité politique de ces dernières années et l'accumulation de réserves de changes record - 100 milliards de dollars attendus à fin 2007, l'économie algérienne n'a attiré que 1,95 milliards de dollars d'investissements direct étrangers en 2006. La Tunisie et le Maroc, avec respectivement 3,3 et 2,9 milliards de dollars font nettement mieux. Seule la Libye fait moins bien que l'Algérie, avec 1.73 milliards. Pour ce qui est du continent africain, les entrées d'IED ont progressé dans 33 de ses pays. C'est une aubaine pour tout le continent, même si les dix premiers bénéficiaires concentrent 90 % de la manne (dont huit ont reçu plus de 1 milliard de dollars). Car désormais les plus pauvres sont aussi recherchés par les investisseurs. Aubaine ou cadeau empoisonné ? En tout cas, avec la flambée des métaux et la compétition pour l'accès aux matières premières, l'Afrique est plus que jamais courtisée pour la richesse de son sous-sol. Ceci, notamment, à la suite de la découverte de nouveaux gisements dans des pays tels que la Guinée équatoriale, le Mali et le Tchad. Les sociétés transnationales redoublent donc d'intérêt pour ce nouvel eldorado minéral, dont elles peuvent encore contrôler l'exploitation, alors qu'elles ont dû renoncer à celle des hydrocarbures. La hausse des prix de nombreux minéraux a relancé l'intérêt des investisseurs pour les industries extractives. Les sociétés transnationales - y compris quelques-unes des plus importantes sociétés mondiales - jouent un rôle clef dans l'exploitation des gisements métallifères et l'extraction de pétrole et de gaz. Les sociétés transnationales (STN) privées occupent une place dominante dans le premier cas de figure, tandis que les sociétés publiques de pays en développement et de pays en transition jouent un rôle prépondérant dans les industries du pétrole et du gaz. En fait, nombre de ces entreprises publiques deviennent elles-mêmes de véritables STN. En effet, alors que la nationalisation des grands gisements de pétrole et de gaz s'est généralisée à peu près partout, les multinationales assurent, selon le rapport, " la presque totalité de la production " de minerais dans des pays tels que le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Tanzanie, la Zambie, le Botswana et la Namibie. " Dans ces pays, les multinationales exploitent généralement des concessions accordées sous forme de licences de prospection et d'exploitation ", souligne le rapport. Et dans une dizaine d'autres grands pays producteurs de métaux, les sociétés étrangères assurent, selon les estimations de la Cnuced, de 50 à 86 % de la production. Le rapport reste toutefois discret sur l'origine de ces investissements en Afrique. Mais il n'est un secret pour personne que les anciens colonisateurs occidentaux ont cédé la place aux investisseurs d'Asie, notamment les entreprises chinoises et indiennes. La flambée des cours des minerais, dont certains ont atteint des records historiques cet été, a eu certes des retombées économiques positives pour ces pays, mais au prix, souvent de conflits sociaux et politiques liés au partage de la rente. " Plusieurs études ont montré un lien solide entre dépendance aux ressources naturelles et risque de guerre civile et d'autres conflits ", souligne le rapport de la Cnuced . Le trafic de diamants qui permet de financer des rébellions armées en est un exemple. La situation des droits de l'homme en Birmanie en est un autre.