Le gouvernement irakien a annoncé mercredi son intention de dépêcher en Turquie une délégation de haut rang pour convaincre Ankara de sa volonté d'empêcher les rebelles kurdes de lancer des attaques à partir de son territoire. Cette décision est annoncée alors que le Parlement turc s'apprête à donner son feu vert à l'armée pour mener des raids au Kurdistan irakien et traquer les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit). Les débats sont prévus à partir de 12h00 GMT au sein de l'assemblée turque, dont l'autorisation est nécessaire pour toute opération militaire d'envergure à l'étranger. Compte-tenu de l'écrasante majorité détenue au Parlement par l'AKP, issue de la mouvance islamiste, du Premier ministre Tayyip Erdogan et du large consensus national sur cette question, le vote ne devrait réserver aucune surprise. La décision d'envoyer une délégation irakienne à Ankara fait suite à une réunion à Bagdad de la "cellule de crise" présidée par le Premier ministre, le chiite Nouri al Maliki, et chargée d'apaiser les tensions avec le voisin turc. Mardi, Maliki avait déjà envoyé dans la capitale turque le vice-président Tarak al Hachemi, un sunnite, pour tenter d'aplanir la crise et d'éviter le déclenchement d'une grande offensive militaire turque dans le nord de l'Irak. D'après la chaîne de télévision CNN Turk, Hachemi s'est déclaré mercredi satisfait de ses entretiens. "Je pense avoir obtenu ce que je voulais (lors de mes entretiens). Il existe une atmosphère nouvelle et nous devrions en profiter (...) Il faudrait donner à l'Irak l'occasion de stopper les activités terroristes de part et d'autre de la frontière", a dit le vice-président irakien. Selon un communique officiel publié mercredi, "le gouvernement irakien affirme son engagement à empêcher les activités terroristes du PKK contre la Turquie voisine". Les services du Premier ministre irakien précisent qu'il s'agit d'"une délégation de haut rang au niveau politique et sécuritaire", sans préciser sa composition exacte et le jour de son départ pour Ankara. On estime qu'environ 3.000 maquisards du PKK ont trouvé refuge dans les montagnes du Kurdistan irakien malgré les appels de la Turquie. Le gouvernement central de Bagdad n'exerce qu'une influence limitée sur le nord du pays, qui jouit d'une large autonomie politique, économique et sécuritaire. A la veille du vote acquis à l'avance des députés, le chef du gouvernement turc s'est voulu - relativement - rassurant. "L'adoption de ce texte ne signifie pas une incursion immédiate, mais nous agirons en temps voulu et lorsque les conditions s'y prêteront", a déclaré Erdogan devant l'AKP. Par ailleurs, le Parlement turc devait autoriser mercredi le gouvernement à lancer, si nécessaire, des incursions en Irak pour sévir contre les bases des rebelles kurdes tandis que la diplomatie est encore à l'oeuvre pour tenter d'apaiser la tension entre la Turquie et l'Irak. La motion devait passer sans difficulté au parlement, la quasi-totalité des députés étant en faveur d'une telle autorisation demandée depuis des mois par l'armée turque, après la mort de soldats. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a insisté mardi sur le fait que toute intervention aurait pour unique cible le PKK et qu'Ankara n'avait pas de prétentions territoriales sur l'Irak.