La Banque d'Angleterre (BoE) a, comme attendu, maintenu avant-hier le statu quo sur son taux directeur et son programme de rachats d'actifs, préférant s'assurer de la pérennité de la reprise économique avant toute modification de sa politique monétaire. Lors de sa réunion la veille (exceptionnellement sur un jour en raison du déplacement à Washington de certains des neuf membres du Comité de politique monétaire, ou CPM), la banque centrale britannique a ainsi maintenu son taux directeur à 0,50%, un niveau exceptionnellement bas auquel il est fixé depuis mars 2009. Elle a laissé inchangé à 375 milliards de livres le montant total de son programme de rachats d'actifs, épuisé depuis novembre 2012. La BoE a de nouveau précisé dans un bref communiqué que le Comité est "parvenu à ces décisions dans le contexte" de la trajectoire pour sa politique monétaire annoncée en août. "Comme universellement attendu, la Banque d'Angleterre a laissé sa politique monétaire inchangée", a commenté James Knightley, économiste chez ING, l'économie britannique devant encore absorber des capacités excédentaires, notamment sur le marché du travail, pour permettre le début d'un resserrement. "La Banque d'Angleterre veut de toute évidence nourrir la reprise (économique) et ne veut pas risquer de l'étouffer en relevant ses taux d'intérêt trop tôt et trop vite", a estimé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight. La récente performance solide de l'économie britannique a conduit certains observateurs à s'attendre à un premier resserrement monétaire anticipé, mais celui-ci ne devrait tout de même pas intervenir avant le deuxième trimestre 2015. De plus, la BoE a déjà insisté sur le fait que lorsque le taux reprendra le chemin de la hausse, qui sera lente et progressive, il restera, même au plus haut, nettement en deçà de ses niveaux d'avant crise. Les observateurs décortiqueront tout de même les minutes de cette réunion, dont la publication est prévue le 23 avril, afin de se faire une idée plus précise de la vision et des perspectives de la BoE pour l'économie britannique. D'ailleurs, la BoE a déjà insisté sur le fait que lorsque le taux reprendra le chemin de la hausse, il restera, même au plus haut, nettement en deçà de ses niveaux d'avant crise. Dans l'immédiat, "parvenir à la décision de laisser le taux directeur inchangé devrait être simple pour la BoE étant donné que l'inflation ralentit plus qu'attendu et que les capacités excédentaires sur le marché du travail sont utilisées moins rapidement que prévu", a résumé Samuel Tombs, économiste chez Capital Economics. Ainsi l'inflation a nettement ralenti au Royaume-Uni en février à 1,7% sur un an contre 1,9% en janvier, s'inscrivant à son plus bas niveau depuis près de quatre ans et demi, et s'installant fermement sous le niveau cible de 2%. De son côté, le taux de chômage est resté stable à 7,2% au Royaume-Uni sur la période de trois mois achevée fin janvier par rapport à fin décembre. Par ailleurs, "les perspectives (d'évolution) des taux d'intérêt ont été troublées par le fait que trois des neufs membres du CPM vont être remplacés cet été", a relevé M. Tombs. La Banque d'Angleterre a en effet annoncé le mois dernier le lancement d'une réorganisation stratégique de ses services afin d'intégrer pleinement ses missions élargies en 2013. Les grandes lignes de cette réorganisation reposent notamment sur la création d'un quatrième poste de vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre, en charge des marchés et du secteur bancaire, auquel a été nommée mardi Nemat Shafik, adjointe de Christine Lagarde au Fonds monétaire international (FMI), qui siègera ainsi au Comité de politique monétaire.