Les cours du pétrole reprenaient leur souffle hier matin en Asie après les gains importants réalisés la veille sous l'effet des tensions en Ukraine, qui font craindre une perturbation des livraisons de brut et de gaz russes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai reculait de 12 cents, à 102,44 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance prenait cinq cents, à 107,72 dollars, en fin de matinée. "Les investisseurs sont sur leurs gardes et toute escalade dans les tensions pourrait faire déraper les marchés mondiaux", souligne Tang Hsin Jin de CMC Markets à Singapour. La veille, les prix du pétrole ont bondi de près de deux dollars à New York et à Londres, dopés par un net regain de tensions en Ukraine qui faisait craindre de nouvelles sanctions contre la Russie, et par la faiblesse du dollar. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a décollé de 2,12 dollars à 102,56 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant à son plus haut niveau depuis le 7 mars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a fini à 107,67 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,85 dollar par rapport à la clôture de lundi. "Tout un ensemble de raisons ont permis aux prix du brut de dépasser en cours d'échanges un seuil technique très surveillé, à 102,25 dollars", ce qui a permis au WTI de bondir de plus de deux dollars sur une séance, a estimé Bill Baruch, de iiTraders. En premier lieu, les cours de l'or noir texan ont bénéficié, dans le sillage du Brent, de la prime de risque géopolitique en pleine escalade des tensions en Ukraine. Après la perte de la Crimée absorbée par la Russie, l'Ukraine restait confrontée mardi à une menace de sécession de l'Est russophone où les pro-russes ont proclamé une "république souveraine" et réclamé leur rattachement à la Russie. L'un des chefs des insurgés pro-russes de Donetsk (est de l'Ukraine), Vadim Tcherniakov, a d'ailleurs annoncé mardi la formation d'un "gouvernement provisoire de la République du Donbass". La Russie, dont le président Vladimir Poutine s'est engagé à protéger "à tout prix" les russophones de l'ex-URSS, a de son côté massé jusqu'à 40 000 militaires à la frontière ukrainienne, faisant craindre une invasion. Cette recrudescence des tensions dans l'est de l'Ukraine fait craindre une nouvelle intervention russe et, en réaction, des sanctions économiques occidentales. De telles mesures pourraient isoler des pans entiers de l'économie de la Russie, l'un des plus gros producteurs de pétrole au monde et principal fournisseur de gaz à l'Europe. D'autre part, "la faiblesse du dollar face à de nombreuses autres devises favorise les achats de brut", comme des autres matières premières libellées en dollar auprès des investisseurs munis d'autres devises, a expliqué Matt Smith, de Schneider Electric. Autre facteur de hausse, "le marché anticipe un nouveau déclin, de 1 million de barils, des réserves de brut stockées à Cushing" (Oklahoma, centre-sud), qui servent de référence au WTI, "et une baisse des stocks d'essence pour la septième semaine consécutive", a relevé Tim Evans, de Citi Futures. Le ministère américain de l'Energie (DoE) doit publier ses chiffres hebdomadaires sur les réserves d'or noir aux Etats-Unis mercredi dans la matinée. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones, les stocks de brut devraient avoir progressé de 1 million de barils au cours de la semaine achevée le 4 avril, tandis que les réserves d'essence et de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) auraient respectivement reculé de 700 000 et de 100 000 barils.