Les Algériens résidant à l'étranger ont commencé, hier, à voter, soit cinq jours avant leurs compatriotes au pays, pour élire parmi les 6 candidats en lice leur prochain président de la République. Les membres de la communauté algérienne établis à l'étranger ont commencé à voter samedi pour choisir l'un des six candidats en lice pour la présidence, selon l'agence de presse APS. Le scrutin a donc commencé hier pour les quelque 1.009.000 Algériens résidant à l'étranger, majoritairement en France, pour lesquels 398 bureaux de vote au total ont été réservés. Selon toute vraisemblance et en référence à différentes déclarations d'officiels algériens et autres rapports de correspondants de presse, APS compris, le vote devrait se dérouler, pendant six jours, dans des conditions optimales d'organisation et de sécurité. Si les candidats dans leur ensemble semblaient profiter du week-end pour tenter de toucher un maximum d'électeurs, à deux jours de la fin de la campagne, les représentants de M. Bouteflika, au grand complet, était présents en force avec ce même message décliné en différentes versions: le bilan du chef de l'Etat sortant, "largement positif", parle pour lui et fait fonction à lui seul de programme électoral. Le programme électoral du candidat Bouteflika "n'a pas besoin d'être explicité, tant il est déjà une réalité palpable, et suffit à convaincre le peuple algérien de lui accorder ses suffrages", a résumé le SG du FLN Amar Saadani lors d'un meeting à Alger. MM. Ghoul et Benyounès à Khenchela, Abdelkader Bensalah à Constantine, Sellal à M'sila puis à Boussaada, Hamidi Houari (URN) à Sidi Bel-Abbès, Ahmed Ouyahia à Béjaïa puis à Bouira, et Abdelaziz Belkhadem à Naama, ont tenu un discours sensiblement identique, appelant en plus à voter massivement pour la "stabilité", la paix et la poursuite des programmes de développement menés depuis 15 ans, avec promesses de réformes et d'accélération des projets en cours. Axant, leurs discours comme depuis le début, sur la nécessité du "changement" par des réformes constitutionnelles et institutionnelles profondes, les autres candidats à la présidentielle ont de nouveau appelé à un vote massif pour, disent-ils, mieux lutter contre les tentatives de "fraude" et contrôler l'opération électorale dans son ensemble. Pour un représentant du candidat Ali Benflis, le SG du mouvement El-Islah, Mohamed-Djahid Younsi, il n'y a qu'une "forte volonté populaire" pour "empêcher toute velléité de fraude". "C'est en protégeant leurs voix que les électeurs préserveront leurs droits et leur aspiration au changement", a-t-il ajouté lors d'un meeting à Tébessa. Le président du parti El-Fedjr El-Jadid, Tahar Benbaibeche, en soutien à Benflis, a mis en garde contre les risques de fraude avant de prôner une forte mobilisation pour le scrutin du 17 avril afin de réaliser un "changement démocratique", "mettre un terme au mandat éternel" et "protéger la Constitution". A Oum El Bouaghi, le candidat Ali Benflis, tout en prônant un "changement pacifique", a changé de registre en promettant de mettre en place, s'il est élu, un "nouveau système économique" restituant à l'Etat son rôle de régulateur, y compris des prix pour préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. De Khenchela, il a appelé les Algériens de l'étranger à une forte mobilisation pour le scrutin afin de "lutter contre la fraude" et "réaliser le changement". Pour sa part, le candidat Moussa Touati a appelé, depuis Tissemsilt, à un vote massif "contre ceux qui ont nui au peuple algérien depuis 52 ans" et continuent de le faire, selon lui, à l'occasion de ces élections au moyen de "pratiques contraires à l'éthique démocratique". De Guelma, la candidate Louisa Hanoune a préféré parler cette fois de développement de l'agriculture et du tourisme dans une région recélant des potentialités énormes en la matière. Recevant une délégation d'observateurs européens, le candidat Ali Fawzi Rebaine a affirmé de son côté à la presse avoir informé ses hôtes des conditions de déroulement de la campagne électorale, marquée, selon lui, par des "dépassements" liés à "l'absence d'équité entre les candidats et l'interférence de l'administration". Les mêmes appels à une forte participation et à la vigilance contre les risques de triche ont été lancés de Batna par le candidat Belaid Abdelaziz, qui dit mener une campagne "propre" et ne pas vouloir être "le président d'un parti politique, d'un groupe ou d'une wilaya" mais "le président de tous les Algériens". Parallèlement aux réunions électorales des candidats, les partisans du boycott ont discuté lors d'une rencontre à Alger du déroulement de la campagne électorale qui, à leur avis, "n'a pas suscité l'intérêt des citoyens". Regroupés au sein d'une coordination, ces représentants de partis et une personnalité (M. Benbitour) ont par ailleurs prévu de tenir des sit-in du 14 au 16 avril dans plusieurs wilayas pour "exprimer de manière pacifique" leur refus de cette échéance politique. En attendant, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, vient d'exprimer la satisfaction du gouvernement de voir les instances régionales et internationales invitées à observer le déroulement de l'élection répondre favorablement, ce qui témoigne, selon lui, de "la transparence qui marque le processus électoral en Algérie". Selon des indications du ministre, sont attendus quelque 200 observateurs de l'Union africaine, 130 de la Ligue arabe et une trentaine de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Outre les experts des Nations unies et ceux de l'Union européenne (UE), l'Algérie accueille également, dans le cadre de l'élection présidentielle, des analystes du National Democratic Institute (NDI) des Etats-Unis et des personnalités indépendantes, essentiellement européennes.