Il est possible de désamorcer la crise en Ukraine en renonçant aux tentatives de légitimer le "gouvernement du Maïdan", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse à Moscou. "Nous estimons qu'il est tout à fait possible de mettre fin à l'escalade de la crise en Ukraine. Pour y parvenir, il est nécessaire de cesser de chercher par tous les moyens de légitimer le gouvernement du Maïdan en l'absence de dialogue avec l'ensemble des forces politiques et régions ukrainiennes sans exception", a indiqué le chef de la diplomatie russe. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février en Ukraine à la suite de plusieurs semaines de contestation populaire meurtrière. La Rada suprême (parlement) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions, nommé le président du parlement Alexandre Tourtchinov chef de l'Etat par intérim et réformé la Constitution. Les régions du sud et de l'est de l'Ukraine connaissent ces dernières semaines une mobilisation de militants pro-russes qui réclament la tenue de référendums sur le statut de leurs régions à l'instar de celui organisé en Crimée. Les protestataires ne reconnaissent pas les nouveaux gouverneurs de leurs régions nommés par Kiev et réclament une fédéralisation de l'Ukraine. Pour sa part, Moscou a à plusieurs reprises appelé les nouvelles autorités ukrainiennes à honorer les accords de sortie de crise atteints le 21 février par le président Ianoukovitch et les leaders de l'opposition. Ceux-ci prévoient un retour au régime parlementaire, la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de l'élection présidentielle anticipée avant la fin de l'année en cours.
La Russie fournira un soutien malgré la dette gazière Bien que préoccupé par la dette gazière ukrainienne, Moscou envisage de participer avec l'UE et le FMI à l'octroi d'une aide financière à Kiev, a déclaré à Washington le ministre russe des Finances Anton Silouanov à l'issue d'une réunion avec le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew. "La Russie est prête à soutenir l'Ukraine conjointement avec l'Union européenne et le FMI", a indiqué le ministre, soulignant la nécessité de normaliser la situation politique en Ukraine, notamment de procéder à des réformes constitutionnelles dans le but de former un pouvoir légitime. "J'ai en outre exprimé ma préoccupation face à l'endettement croissant de l'Ukraine [envers la Russie]", a en outre expliqué le ministre. Et de rappeler que les deux pays étaient liés par des liens économiques très étroits. Rien que dans le secteur gazier, la partie russe a octroyé à l'Ukraine 35,4 milliards de dollars au cours de ces quatre dernières années, a conclu M. Silouanov. Selon les données disponibles début d'avril, la dette gazière de l'Ukraine s'élève à plus de 2,2 milliards de dollars. Suite à l'annulation de toutes les remises accordées à Kiev sur le gaz russe le 3 avril dernier, le prix du "combustible bleu" pour l'Ukraine a atteint 485,5 dollars les 1 000 mètres cubes. C'est précisément ce prix qui avait été fixé dans le contrat signé en 2009 entre les groupes gaziers russe et ukrainien Gazprom et Naftogaz. Selon Kiev, il s'agit d'un prix "inacceptable" et "politique".
Moscou appelle les USA à pousser Kiev à un dialogue avec le sud-est Lors de son entretien téléphonique avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé Washington à utiliser son influence sur Kiev pour éviter l'usage de la force et pousser les autorités ukrainiennes à engager un dialogue avec les régions sud-est du pays, indique la diplomatie russe. "Sergueï Lavrov a attiré l'attention de son interlocuteur sur la situation inquiétante dans le sud-est de l'Ukraine, y compris sur les menaces de prendre d'assaut les bâtiments administratifs occupés par les protestataires. Le chef de la diplomatie russe a appelé la partie américaine à utiliser toute son influence sur les autorités de Kiev pour éviter le recours à la force et les pousser à engager un dialogue avec les représentants des régions afin de réunir des conditions permettant d'effectuer une réforme constitutionnelle multiforme", lit-on dans le communiqué mis en ligne vendredi sur le site du ministère russe des Affaires étrangères. L'entretien téléphonique entre les chefs de diplomatie des deux pays a eu lieu le 11 avril à l'initiative de la partie russe. Depuis quelques semaines, les régions de l'est et du sud de l'Ukraine connaissent une mobilisation de militants pro-russes qui réclament la tenue de référendums sur le statut de leurs régions à l'instar de celui organisé en Crimée. Les manifestants ont pris le contrôle de bâtiments administratifs à Donetsk et se sont emparés des locaux du Service de sécurité ukrainien (SBU) à Lougansk. Les autorités ukrainiennes menacent de monter à l'assaut pour déloger les protestataires.
La livraison d'armes à l'Ukraine n'est pas une priorité Les livraisons d'armes à l'Ukraine ne sont pas prioritaires pour le Pentagone, Kiev n'ayant sollicité qu'une aide destinée à son armée essentiellement sous forme de nourriture et de médicaments, a annoncé jeudi soir l'assistant du secrétaire américain à la Défense Derek Chollet. "Les besoins les plus urgents dont ils (la partie ukrainienne) nous ont informé concernent essentiellement une aide humanitaire: des produits alimentaires et des médicaments, et non des armes", a déclaré le responsable aux sénateurs américains. Interrogé sur la possibilité de livrer des armes à Kiev "au cas où (le président russe) Vladimir Poutine irait plus loin", l'assistant du chef du Pentagone a répondu: " Oui, mais en ce moment, la priorité est de réagir à leur propre demande, concernant essentiellement des moyens non létaux". Selon le responsable, le Pentagone est toujours prêt à aider l'Ukraine à moderniser son armée, à la former sur une base professionnelle, un travail qui était déjà mené avant la crise actuelle.