La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril a pris fin ce dimanche à minuit. Tout au long des vingt-deux jours, les six candidats engagés ont sillonné le territoire national de bout en bout, en vue de présenter leurs programmes et de convaincre les citoyens à aller voter le jour du scrutin. Pour ce faire, les candidats, à savoir Abdelaziz Bouteflika, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne, Abdelaziz Belaid, Moussa Touati et Ali Benflis, ont tenu plusieurs meetings, des discours, des actions de proximité et des passages sur les médiats lourds. Les centaines de réunions électorales des candidats et de leurs représentants ont drainé beaucoup de monde à travers les différentes villes du pays. Tous les thèmes électoraux porteurs ont été mis en avant par les candidats qui se sont surtout investis dans la séduction de la frange la plus importante en nombre, la jeunesse. Ils ont tous plaidé pour l'émancipation de la femme, étant donné que la femme représente plus de la moitié de l'ensemble des électeurs inscrits sur les listes électorales, s'engageant notamment à donner plus de représentativité aux femmes dans la vie de la nation et dans l'activité politique. Le programme électoral du candidat Bouteflika "n'a pas besoin d'être explicité, tant il est déjà une réalité palpable, et suffit à convaincre le peuple algérien de lui accorder ses suffrages", a résumé le SG du FLN Amar Saadani lors d'un meeting à Alger. MM. Ghoul et Benyounès à Khenchela Abdelkader Bensalah à Constantine, Sellal à M'sila puis à Boussaada, Hamidi Houari (URN) à Sidi Bel-Abbès, Ahmed Ouyahia à Béjaïa puis à Bouira, et Abdelaziz Belkhadem à Naama ont tenu un discours sensiblement identique, appelant en plus à voter massivement pour la "stabilité", la paix et la poursuite des programmes de développement menés depuis 15 ans, avec promesses de réformes et d'accélération des projets en cours. Axant leurs discours comme depuis le début, sur la nécessité du "changement" par des réformes constitutionnelles et institutionnelles profondes, les autres candidats à la présidentielle ont de nouveau appelé à un vote massif pour, disent-ils, mieux lutter contre les tentatives de "fraude" et contrôler l'opération électorale dans son ensemble. Pour un représentant du candidat Ali Benflis, le SG du mouvement El-Islah, Mohamed-Djahid Younsi, il n'y a qu'une "forte volonté populaire" pour "empêcher toute velléité de fraude". "C'est en protégeant leur voix que les électeurs préserveront leurs droits et leur aspiration au changement", a-t-il ajouté lors d'un meeting à Tébessa. Le président du parti El-Fedjr El-Jadid, Tahar Benbaibeche, en soutien de Benflis, a mis en garde contre les risques de fraude avant de prôner une forte mobilisation pour le scrutin du 17 avril afin de réaliser un "changement démocratique", "mettre un terme au mandat éternel" et "protéger la Constitution". A Oum El Bouaghi, le candidat Ali Benflis, tout en prônant un "changement pacifique", a changé de registre en promettant de mettre en place, s'il est élu, un "nouveau système économique" restituant à l'Etat son rôle de régulateur, y compris des prix pour préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. De Khenchela, il a appelé les Algériens de l'étranger à une forte mobilisation pour le scrutin afin de "lutter contre la fraude" et "réaliser le changement". Pour sa part, le candidat Moussa Touati a appelé, depuis Tissemsilt, à un vote massif "contre ceux qui ont nui au peuple algérien depuis 52 ans" et continuent de le faire, selon lui, à l'occasion de ces élections au moyen de "pratiques contraires à l'éthique démocratique". De Guelma, la candidate Louisa Hanoune a préféré parler cette fois de développement de l'agriculture et du tourisme dans une région recélant des potentialités énormes en la matière. Recevant une délégation d'observateurs européens, le candidat Ali Fawzi Rebaine a affirmé de son côté à la presse avoir informé ses hôtes des conditions de déroulement de la campagne électorale, marquée, selon lui, par des "dépassements" liés à "l'absence d'équité entre les candidats et l'interférence de l'administration". Les mêmes appels à une forte participation et à la vigilance contre les risques de triche ont été lancés de Batna par le candidat Belaid Abdelaziz, qui dit mener une campagne "propre" et ne pas vouloir être "le président d'un parti politique, d'un groupe ou d'une wilaya" mais "le président de tous les Algériens". Parallèlement aux réunions électorales des candidats, les partisans du boycott ont discuté lors d'une rencontre à Alger du déroulement de la campagne électorale qui, à leur avis, "n'a pas suscité l'intérêt des citoyens". Regroupés au sein d'une coordination, ces représentants de partis et une personnalité (M. Benbitour) ont par ailleurs prévu de tenir des sit-in du 14 au 16 avril dans plusieurs wilayas pour "exprimer de manière pacifique" leur refus de cette échéance politique.