La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine, s'est accélérée en mars à 2,4% sur un an, a annoncé cette semaine le Bureau national des statistiques (BNS), sur fond de net sursaut des prix alimentaires. L'indice des prix à la consommation du BNS marque une accélération sensible après la hausse de 2,0% enregistrée le mois précédent, et retrouve le niveau atteint en janvier. Il ressort par ailleurs très légèrement en deçà des attentes des analystes, qui tablaient sur une inflation de 2,5%. Enrayer l'envolée des prix est une des préoccupations majeures des autorités chinoises, soucieuses de limiter les mécontentements sociaux. Pékin avait reconduit en mars son objectif de contenir l'inflation sous 3,5% en 2014. La hausse des prix à la consommation dans la deuxième économie mondiale s'était maintenue à 2,6% en 2013, soit le même niveau qu'en 2012. De l'avis de plusieurs analystes, elle devrait rester à peu près stable cette année en dépit du net accès de fièvre du mois dernier, qui s'explique avant tout par des facteurs saisonniers. "Cette accélération de l'inflation est largement due à un sursaut des prix alimentaires, qui ont augmenté de 4,1% sur un an en mars", après une hausse de 2,7% en février, a commenté Julien Evans-Pritchard, expert du cabinet Capital Economics. "Ce sursaut a été provoqué par des distorsions sur les bases de comparaisons annuelles, en raison de périodes différentes du Nouvel an lunaire", congés marqués par des achats accrus de nourriture pour les réunions de famille, a-t-il expliqué. Dans le détail, les prix des légumes frais se sont envolés de 12,9% le mois dernier par rapport à mars 2013, et ceux des fruits frais de 17,3%, mais les prix de la viande enregistraient un repli de 1,8%. La hausse des prix alimentaires est particulièrement surveillée par le gouvernement car elle frappe de manière disproportionnée les ménages les plus modestes qui dépensent une grande part de leurs revenus pour se nourrir. Par ailleurs, en dépit du net ralentissement de l'activité manufacturière et de statistiques décevantes sur le commerce extérieur, le Premier ministre Li Keqiang a exclu jeudi toutes nouvelles mesures de relance de l'économie dans l'immédiat -- ce qui devrait contribuer à réduire les pressions inflationnistes. Mais en l'absence de plan gouvernemental significatif, certains experts tablent sur une possible baisse à moyen terme des taux de réserves obligatoires imposés aux établissements bancaires, afin de les inciter à accorder davantage de prêts aux entreprises. "Tant que les pressions inflationnistes restent modérées, la banque centrale chinoise devrait continuer à se montrer accommodante et à assouplir quelque peu les conditions de liquidités sur les marchés", après ses sévères coups de vis de l'an dernier, estimaient ainsi les analystes de la banque australo-néozélandaise ANZ. Pour sa part, l'indice mesurant l'évolution des prix à la vente des produits à leur sortie d'usine (PPI) s'est replié de 2,3% sur un an en mars, un recul encore plus prononcé qu'en février (-2,0%), selon le BNS. "Le PPI témoigne de la faiblesse de la demande pour les produits manufacturés", selon Liu Li-Gang et Zhou Hao, experts de ANZ. "Comme le PMI ne cesse de reculer depuis plus deux ans, et qu'il s'agit d'un important indicateur pour les tendances des prix à la consommation, les risques déflationnistes persistent toujours à l'horizon", ont-ils expliqué dans une note de recherche.
Net ralentissement des ventes automobiles Les ventes de voitures en Chine, premier marché automobile du monde, ont connu un net coup de frein en mars sur fond de conjoncture économique morose, a annoncé une fédération professionnelle. Au total, 2,17 millions de véhicules ont été vendus le mois dernier dans le pays, soit une hausse de 6,6% sur un an, selon l'association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM), après un bond de 17,8% sur un an en février. La demande toujours forte pour les SUV et les utilitaires n'a pas réussi à compenser l'érosion des ventes de voitures particulières, qui n'ont progressé que de 7,9% sur un an, à 1,71 million unités. Sur ce créneau, les marques de constructeurs chinois restaient cantonnées à seulement 39,3% de parts de marché, les groupes étrangers continuant de se tailler la part du lion, aidés par la réputation de qualité dont ils jouissent dans le pays. Le constructeur américain Ford a fait état d'un bond de 28% sur un an de ses ventes en mars, à 103'815 unités, tandis que son rival General Motors anonçait des ventes en hausse de 7,8% à 313'283 véhicules. Sur l'ensemble de 2013, les ventes de voitures en Chine ont bondi de presque 14%, à 21,98 millions de véhicules, enregistrant une nette accélération en dépit d'un contexte économique fragile. Le marché chinois est devenu crucial pour les constructeurs étrangers, confrontés à un fléchissement de leurs ventes dans d'autres régions du monde. Mais une série de grandes métropoles, soucieuses d'endiguer pollution atmosphérique et embouteillages, ont mis en place des restrictions sur le nombre de plaques d'immatriculation qu'elles octroient, ce qui pourrait freiner quelque peu les ventes, avertissent les experts.