Les prix du pétrole ont fini nettement en baisse avant-hier à New York, dans un contexte d'offre pétrolière proche de niveaux record aux Etats-Unis, et d'indicateurs américains contrastés sur l'activité économique du premier consommateur mondial de brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin a reculé de 87 cents, à 101,50 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance, dont c'est le dernier jour de cotation, a fini à 110,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 25 cents par rapport à la clôture de la veille. "Il apparaÎt clairement que le marché du pétrole est amplement approvisionné aux Etats-Unis" et c'est cela qui pèse sur les prix du marché, a relevé Bob Yawger, de Mizuho Securities. Mercredi, dans un rapport hebdomadaire, le département américain de l'Energie (DoE) a fait part d'un nouveau gonflement des stocks de pétrole dans le pays. A 398,5 millions de barils la semaine dernière, les réserves américaines effleurent à nouveau leur sommet de 399,4 millions de barils atteint fin avril. Il s'agissait alors d'un record depuis 1982, lorsque le DoE a commencé à publier des données hebdomadaires, et même depuis avril 1931 sur la base de données mensuelles. "Le seul petit point positif, du point de vue des prix, dans ce rapport", sur lequel le marché s'était initialement concentré à sa sortie mercredi, "est le nouveau recul des réserves de Cushing", le terminal pétrolier dans l'Oklahoma (centre-sud), qui servent de référence aux prix du pétrole coté à New York, a précisé M. Yawger. L'augmentation de la capacité d'acheminement du brut vers les raffineries du golfe du Mexique a en effet permis de réduire de près de moitié le volume des réserves de Cushing depuis fin janvier. En revanche, les stocks s'accumulent désormais dans les entrepôts texans. En outre, le rythme de production américaine se situe aussi à des niveaux record: les Etats-Unis ont produit quelque 8,428 millions de barils par jour au cours de la semaine achevée le 9 mai, selon le DoE, un sommet depuis octobre 1986, lorsque 8,773 millions de barils par jour avaient été extraits. Les opérateurs digéraient aussi un ensemble d'indicateurs économiques mitigés dans le pays, peu à même de rassurer sur le rythme de la demande du géant américain. Si les inscriptions hebdomadaires au chômage ont chuté de façon inattendue début mai aux Etats-Unis pour atteindre leur plus bas niveau en sept ans, la production industrielle du pays a connu une baisse surprise en avril, qui a mis fin à deux mois consécutifs de hausse. Dans la région de New York, l'activité manufacturière connait un bond spectaculaire en mai. Mais dans la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis), elle voit sa progression ralentir légèrement. De son côté, le Brent a bénéficié d'un contexte géopolitique tendu en Ukraine, où les affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes se multiplient dans l'Est russophone. Selon des propos rapportés jeudi par le Premier ministre slovaque Robert Fico, le président russe Vladimir Poutine s'est dit prêt à couper les livraisons de gaz à l'Europe via l'Ukraine si Kiev ne paie pas sa facture. Les investisseurs craignent ainsi un dérèglement de l'approvisionnement du marché européen de l'énergie, comme environ 30% des importations de gaz et de pétrole européennes proviennent de la Russie. En Asie, les prix du pétrole se repliaient dans les échanges matinaux, en raison de prises de bénéfices après la nouvelle progression de la veille provoquée par une baisse des réserves au terminal pétrolier de Cushing et des stocks d'essence. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin cédait 33 cents, à 102,04 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance perdait 19 cents à 110 dollars.