Les Turcs votaient dimanche lors d'un référendum sur une série d'amendements constitutionnels dont le plus important est l'élection du président de la République au suffrage universel, dans un climat alourdi par une importante attaque kurde contre l'armée dans le sud-est. De l'avis général, une grande majorité des Turcs devaient voter "oui", mais la participation devait être vraisemblablement loin d'atteindre les 85% enregistrés aux législatives. Quelque 42,6 millions d'électeurs étaient appelés à voter dans 134.000 bureaux mais il y avait peu d'affluence dans les premières heures du scrutin, qui se déroule de 06h00 à 16h00 (03h00 à 13h00 GMT dans l'est du pays et de 07h00 à 17h00 (04h00 à 14h00 GMT) dans le reste du pays. La réforme soumise au référendum prévoit l'élection du chef de l'Etat par vote populaire pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois et non plus par le Parlement comme c'est le cas actuellement. Elle prévoit aussi la tenue d'élections législatives tous les quatre ans au lieu de cinq à présent. Le parti au pouvoir de la Justice et du Développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), instigateur des réformes, a fait campagne pour un 'oui' massif, tandis que l'opposition a appelé les électeurs soit à voter 'non', soit à s'abstenir. L'AKP a fait passer in extremis la semaine dernière au Parlement un amendement au projet afin d'éviter une éventuelle contestation juridique de la validité du mandat de sept ans de l'actuel président Abdullah Gül. Selon des juristes, la formulation de l'une des dispositions du projet aurait en effet imposé au président, élu en août par les députés, de se présenter cette fois au vote populaire dans un délai de 40 jours. L'article en question déclarait que le onzième président serait élu par le peuple. Or, M. Gül est déjà le onzième président turc. Les Turcs sont peu habitués aux référendums, dont le dernier remonte à 1988, et les chaînes de télévision diffusent depuis des jours des reportages montrant des électeurs très peu au courant du scrutin. Le parti du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan travaille déjà sur une nouvelle constitution qui remplacera l'actuelle, héritée des généraux après un coup d'Etat en 1980. Alors que les électeurs, peu empressés, commençaient à voter, le pays a pris connaissance en fin de matinée de combats en cours dans le sud-est. Au moins seize soldats turcs ont été tués, dix étaient portés disparus et 15 autres blessés lors d'une attaque surprise à l'arme lourde lancée aux premières heures de dimanche par les rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre un bataillon d'infanterie dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, selon les forces de sécurité sur place. Les combats continuaient dimanche en milieu de journée dans cette région montagneuse. Il s'agit de la première opération rebelle d'envergure depuis la décision du parlement turc mercredi d'autoriser en cas de nécessité des incursions militaires dans le nord de l'Irak pour y frapper des bases rebelles.