Un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a estimé que l'inflation mettrait longtemps à atteindre les 2% souhaités par la banque centrale, n'atteignant ce niveau qu'en 2018. Narayana Kocherlakota, président de l'antenne régionale de la Réserve fédérale de Minneapolis, pense que "le retour à 2% d'inflation va prendre longtemps, probablement quatre ans", selon un discours devant un club économique du Minnesota (nord). Ce retour au niveau optimal d'inflation est plus lent que ce que prévoient l'ensemble des membres du Comité monétaire de la Fed (FOMC) qui misent dès 2015 sur une hausse des prix entre 1,5% et 2%. "Je ne suis pas le seul à prévoir un lent retour de l'inflation" à ce niveau, a ajouté M. Kocherlakota, citant les prévisions du Bureau du Budget du Congrès (CBO) qui donnent aussi la date de 2018. Le président de la Fed de Minneapolis, réputé comme une "colombe" au sein du FOMC, étant plus préoccupé par le chômage que la lutte contre l'inflation, a été le seul dissident à la première réunion du Comité monétaire présidé par Janet Yellen. Il avait voté contre les décisions du FOMC de mars car il estimait que la Fed devait garder dans son message d'orientation monétaire son engagement chiffré à favoriser le plein emploi. Une inflation trop basse "signale un problème important" dans l'économie car elle reflète "une demande trop faible de biens et de services n'utilisant pas toutes les ressources à disposition dans la société", a affirmé M. Kocherlakota. "L'inflation basse aux Etats-Unis nous dit que des ressources sont gâchées" et qu'il y a notamment une sous-utilisation de la force de travail. C'est aussi un handicap pour ceux qui ont des emprunts, notamment immobiliers, car leurs remboursements mensuels augmentent en termes réels alors que leur rémunération ne progressent pas, a expliqué ce membre votant du Comité de politique monétaire de la Fed. Pa ailleurs, les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ont augmenté davantage qu'attendu après avoir atteint un plus bas en sept ans la semaine d'avant, a indiqué avant-hier le département du Travail. En données corrigées des variations saisonnières, elles se sont établies à 326 000, au cours de la semaine close le 17 mai, marquant une hausse de 28 000. Les analystes s'attendaient à une légère augmentation des demandes à 305 000. Les inscriptions au chômage de la semaine précédente ont été révisées en hausse de 1 000 à 298 000. C'était la première fois depuis mai 2007 qu'elles passaient sous la barre des 300 000. "Aucun facteur particulier" n'était observé pour expliquer la hausse, a précisé un statisticien du ministère. En moyenne sur un mois, les demandes d'allocations chômage présentent un recul de 1 000 à 322 500. Il y a un an pour la même semaine, les inscriptions au chômage s'élevaient à 344 000. Le taux de chômage aux Etats-Unis est au plus bas depuis près de six ans après être tombé à 6,3% en avril. De son côté, l'indice composite des indicateurs économiques américains a ralenti sa progression en avril, a indiqué le Conference Board. Cet indice, qui regroupe dix indicateurs censés donner une idée de l'évolution de la conjoncture aux Etats-Unis, a progressé de 0,4% en avril pour s'établir à 101,4. Les analystes tablaient dans leur prévision médiane sur une hausse de 0,5%, après un progrès de 1% en mars. "C'est le troisième mois d'affilée que l'indice composite progresse, tiré par une amélioration du marché du logement et des conditions financières", a affirmé Ataman Ozyildirim, économiste à l'institut du Conference Board. "Ce dernier rapport suggère que l'économie va continuer son expansion et pourrait même prendre de l'allure pendant la deuxième partie de l'année", assure-t-il. "Si les consommateurs continuent de dépenser et que les entreprises accélèrent leurs investissements, le cœur industriel de l'économie en profitera et la croissance du Produit intérieur brut pourrait grimper autour de 3%", a ajouté un autre économiste, Ken Goldstein. Au premier trimestre, l'économie américaine a nettement marqué le pas, n'enregistrant qu'une croissance de 0,1% après 2,6% au quatrième trimestre. D'autre part, les ventes de logements anciens aux Etats-Unis ont affiché leur première hausse de l'année en avril après un hiver rigoureux qui avait ralenti l'activité, selon des chiffres publiés jeudi par l'Association nationale des agents immobiliers américains (NAR). Le nombre de reventes de logements s'est établi à 4,65 millions en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, soit une hausse de 1,3%. Les analystes prévoyaient 4,66 millions de transactions. Malgré cette légère remontée des ventes, la tendance sur un an reste en baisse, montrant un recul de 6,8% par rapport aux 4,99 millions de reventes intervenues sur douze mois en avril 2013. Selon l'association professionnelle, les stocks sont plus fournis et le prix des maisons a ralenti sa progression. "Une croissance était inévitable après la faiblesse de l'activité au premier trimestre, mais un meilleur état des stocks élargit les choix et les ventes devraient augmenter à partir de maintenant", a affirmé Lawrence Yun, chef économiste de la NAR. Après avoir été freiné par les rudes conditions hivernales aux Etats-unis, le marché des reventes de logements a bénéficié en avril d'un bond spectaculaire des stocks de 16,8% à 2,29 millions d'unités. A ce rythme de ventes, cela signifie qu'il faudrait 5,9 mois pour épuiser ce stock contre 5,1 mois en mars. Selon la NAR, le prix médian d'un logement ancien en avril se situait à 201.700, ce qui représente une hausse de 5,2% sur un an.