La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a révélé qu'un nombre important de ses dirigeants s'inquiétaient du cap actuel de sa politique monétaire, ce qui pourrait la contraindre à diminuer plus tôt que prévu son soutien énorme à la reprise économique du pays. "De nombreux participants" à la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), les 29 et 30 janvier, ont "exprimé de l'inquiétude à propos des coûts et des risques potentiels découlant d'une poursuite des rachats d'actifs" menés par la banque centrale, indiquent les minutes de cette rencontre publiées sur le site internet de la Réserve fédérale. La Fed avait décidé le 30 janvier de maintenir le cap de sa politique monétaire ultra-accommodante, et en particulier de continuer de racheter sur les marchés des obligations d'Etat américaines et des titres adossés à des créances immobilières pour un montant total de 85 milliards de dollars par mois tant que "la perspective du marché du travail ne s'améliore pas nettement". Cependant, révèlent les minutes, "un certain nombre" de dirigeants de la Fed indiquent désormais "que l'évaluation, en cours, de l'efficacité et des coûts des rachats d'actifs, pourrait bien conduire le Comité à les diminuer ou à y mettre fin avant qu'il soit d'avis qu'une nette amélioration de la perspective du marché du travail s'est concrétisée". Par sa politique de rachats d'actifs, la Fed crée chaque mois 85 milliards de dollars, en sus des près de 2 500 milliards qu'elle a créés en injectant des liquidités dans l'économie depuis 2008. A ce rythme, chaque mois qui passe risque de compliquer la mise en œuvre de la politique de sortie de crise de la Fed, lorsqu'il s'agira de retirer ces sommes du système. Les rachats d'actifs sont combinés à la promesse de maintenir le taux directeur de la Fed au plancher, c'est-à-dire dans la fourchette de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis 2008, "au moins tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5%", si cela ne remet pas en cause l'objectif d'inflation à moyen terme de la Fed (2,0% sur un an). Débat interne Toutes ces mesures ont pour but de maintenir une pression maximale sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser l'investissement, la consommation et le marché du logement et, in fine, de hâter la reprise du marché de l'emploi (le taux de chômage officiel est encore de 7,9% aux Etats-Unis). Selon la Fed, "la plupart des participants" à la réunion de janvier étaient d'avis que les rachats de titres étaient "efficaces" et contribuaient à "stimuler l'activité économique", mais les dirigeants de la Réserve fédérale sont loin de s'accorder sur la durée prévisible de cette politique. Début janvier, la Fed avait laissé filtrer que, dans l'ensemble, ses dirigeants étaient plutôt favorables à ce qu'elle mette un terme à ses rachats nets d'actifs d'ici à la fin de l'année. L'affaire n'est cependant pas tranchée et le débat interne continue. Selon les minutes, "plusieurs" membres du FOMC mettent en garde contre le coût économique qu'il y aurait "à diminuer ou à mettre fin trop tôt" au soutien de la Fed. Pour Harm Bandholz, économiste de la banque UniCredit, les minutes révèlent "une division profonde" au sein de la Fed et sont le signe que les rachats d'actifs pourraient s'achever "plus tôt que prévu". Son confrère de Barclays, Michael Gapen, note néanmoins que "si les inquiétudes persistent" à la Fed sur les rachats d'actifs, c'est encore "la préoccupation liée à l'état du marché du travail qui l'emporte". Hausse du nombre de nouveaux chômeurs Les nouvelles inscriptions au chômage ont rebondi aux Etats-Unis après deux semaines de baisse, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Travail. Le ministère indique que 362 000 demandes d'allocations de chômage ont été déposées dans le pays du 10 au 16 février, soit 5,8% de plus que la semaine précédente, en données corrigées des variations saisonnières. Le rebond annoncé par le gouvernement est plus fort que ne le pensaient les analystes dont la prévision médiane donnait 358 000 nouveaux chômeurs, mais il n'efface pas totalement la baisse des deux semaines précédentes. Depuis le début du mois de décembre, l'indicateur du ministère fluctue, parfois fortement d'une semaine sur l'autre, entre 330 000 et 375 000 nouveaux chômeurs tous les huit jours. En moyenne sur quatre semaines, l'indicateur est remonté pour la deuxième semaine de suite, augmentant de 2,3% pour s'établir à 360'750 nouvelles demandes d'allocations, son niveau le plus haut en un mois et demi. Selon les derniers chiffres officiels, le taux de chômage officiel des Etats-Unis était de 7,9% en janvier. La banque centrale américaine (Fed) a indiqué la veille qu'elle pourrait être contrainte de diminuer le soutien exceptionnel qu'elle apporte à la reprise plus tôt que prévu, c'est-à-dire avant que la perspective du marché de l'emploi ne se soit "nettement" améliorée. Les prix à la consommation sont restés stables en janvier sur un mois La baisse des prix de l'essence a continué de comprimer l'inflation aux Etats-Unis en janvier, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Travail. En janvier, les prix à la consommation n'ont pas varié par rapport au mois précédent, comme cela avait été le cas en décembre, indique le ministère, rappelant que son indice général des prix avait reculé de 0,2% en novembre. Comme lors des deux mois précédents, les prix de l'énergie ont baissé, de 1,7%, tirés par le recul de ceux de l'essence (-3,0%), indique le gouvernement, précisant que le coût de la nourriture n'avait pas varié pour le consommateur final. L'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a progressé officiellement de 0,2 point par rapport à décembre, pour s'établir à 0,3% sur un mois, son niveau le plus élevé depuis avril 2011 au moins. En glissement annuel, indique le ministère, l'inflation a ralenti pour le troisième mois d'affilée pour s'établir à 1,6%, son niveau le plus faible en six mois. A titre de comparaison, elle atteignait 2,9% un an plus tôt. Selon les données officielles, l'inflation sous-jacente est restée en janvier pour le troisième mois d'affilée, son niveau le plus faible depuis juillet 2011. Le gouvernement a précisé que le salaire hebdomadaire réel moyen des employés a augmenté en janvier de 0,1% par rapport au mois précédent, sous l'effet d'une hausse du salaire horaire réel moyen, le temps de travail hebdomadaire moyen (34,4 heures) n'ayant pas varié. En glissement annuel, le pouvoir d'achat des employés a augmenté de 0,3% en janvier, ajoute le ministère, précisant que le salaire hebdomadaire réel moyen a augmenté de 1,3% par rapport à son récent point bas touché en octobre. Légère hausse des reventes de logements en janvier Les ventes de logements anciens ont légèrement augmenté aux Etats-Unis en janvier, selon des chiffres publiés par l'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR). Elles ont progressé de 0,4% par rapport au mois précédent, a indiqué la NAR dans un communiqué. En rythme annualisé, ajoute-t-elle, les reventes de logements se sont établies à 4,92 millions en janvier contre 4,90 millions le mois précédent, un chiffre que la NAR a revu à la baisse avant-hier de 0,8%. En se fondant sur la précédente estimation pour décembre, les analystes s'attendaient à une stabilisation de cet indicateur à 4,94 millions. "L'activité des acheteurs continue à augmenter tandis que celles des vendeurs reste stable. Il y a donc une forte demande mais des stocks insuffisants pour porter les ventes à des niveaux plus élevés", a indiqué Lawrence Yun, économiste en chef de la NAR, cité dans le communiqué. En glissement annuel, les reventes de logement ont toutefois continué à progresser en janvier, pour le dix-neuvième mois d'affilée, de 9,1%. Selon les estimations de la NAR parues en janvier, le total des ventes de logements anciens en 2012 avait ailleurs atteint son plus haut niveau depuis cinq ans. L'indice composite du Conference Board a augmenté de 0,2% en janvier L'indice composite des indicateurs économiques américains a augmenté en janvier pour le deuxième mois d'affilée et témoigne du maintien d'une croissance "relativement saine, mais molle", a indiqué le Conference Board. Cet indice regroupant dix indicateurs censés donner une idée de l'évolution de la conjoncture aux Etats-Unis dans les six mois à venir a crû de 0,2% par rapport au mois précédent, en donnée corrigées des variations saisonnières. La prévision médiane des analystes le donnait en hausse de 0,3%. En décembre, l'indice avait progressé de 0,5% après avoir stagné en novembre. Les dernières données "indiquent que l'économie sous-jacente reste relativement solide, mais molle", déclare le Conference Board dans un communiqué. "Le recours au crédit s'est redressé, tiré en partie par une demande assez forte des prêts à l'achat d'une automobile. Le marché du logement est le point le plus positif" de l'économie et "devrait continuer de s'améliorer jusqu'à la fin du printemps, donnant de l'élan au marché du travail et à l'économie dans son ensemble", ajoute cet institut privé spécialisé dans les enquêtes de conjoncture. La baisse de l'activité manufacturière de Philadelphie s'intensifie La baisse de l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) s'intensifie, selon l'indice de l'antenne locale de la banque centrale américaine (Fed) pour le mois de février publié avant-hier. Cet indicateur d'activité avancé, tombé dans le rouge en janvier, perd 6,7 points supplémentaires pour s'établir -12,5, son niveau le plus bas depuis juin, indique la Fed de Philadelphie sur son site internet, alors que la prévision médiane des analystes le donnait en terrain positif, à +1,5.L'indicateur mesure la perception que les industriels de la troisième région de la Réserve fédérale (couvrant l'est de la Pennsylvanie, le sud du New Jersey et le Delaware) ont de la conjoncture à travers l'activité de leur société. Il ne s'est affiché au-dessus de zéro (la limite entre hausse et baisse de l'activité) que trois fois au cours des dix derniers mois. La dernière baisse de l'indice a été tirée par une chute de ses composantes mesurant les commandes nouvelles, les carnets de commandes et les stocks. D'une manière générale, indique la Fed, les entreprises de la région prévoient que le recul de l'activité "sera de courte durée". Elles comptent en effet sur une hausse de la production sur l'ensemble du premier trimestre et s'attendent à une hausse des commandes et de leurs expéditions de produits finis pour les six mois à venir. Philadelphie est une des premières métropoles des Etats-Unis et un des plus grands centres industriels du pays. Selon l'indice Empire State, autre indicateur d'activité avancé publié vendredi par la Fed, l'activité manufacturière de la région de New York serait en train de se redresser après avoir reculé pendant six mois d'affilée.