Dix-sept policiers yéménites ont été blessés dans une embuscade tendue par des rebelles chiites dans un quartier de Sanaa alors que les combats entre l'armée et les rebelles se rapprochent de la capitale, selon des sources officielles hier. Il s'agit de l'une des rares attaques menées à Sanaa par des rebelles d'Ansaruallah, soupçonnés de chercher à gagner du terrain pour élargir leur zone d'influence dans le futur Etat fédéral, qui doit compter six provinces. L'agence officielle Saba a rapporté que des hommes armés d'Ansaruallah avaient ouvert le feu samedi avant l'aube contre une patrouille de la police après avoir bloqué la route à Al-Jarraf, un quartier dans l'est de Sanaa, où se trouve un bureau de la rébellion, non loin du siège du ministère de l'Intérieur. Dix-sept policiers, dont trois officiers, ont été blessés dans l'attaque, a ajouté l'agence. L'attaque a fait suite à l'arrestation de deux membres d'Ansaruallah par la police, qui cherchait à en arrêter d'autres, recherchés pour des affaires de sécurité, ont indiqué des responsables de la police. Dans un communiqué sur son site internet, Ansaruallah a affirmé que son bureau à Sanaa était visé par les forces de sécurité dans une tentative de déclencher une guerre insensée. Par ailleurs, un officier de l'armée a été abattu samedi soir à Sanaa par des hommes armés, a indiqué une source policière. Selon cette source, les assaillants circulant en voiture ont tiré à la mitraillette contre le général Abdallah al-Mehdhar, enseignant à l'Académie militaire, le tuant sur le coup avant de prendre la fuite. Samedi, des centaines de Yéménites ont manifesté à Sanaa pour dénoncer l'inaction des autorités face à la poussée des rebelles chiites qui menacent la capitale. Les combats entre rebelles chiites et forces armées s'étaient intensifiés cette semaine après la rupture le week-end dernier d'une trêve, conclue le 4 juin. Fortement implantés dans le nord du pays où ils contrôlent la province de Saada, les rebelles s'étaient emparés début février, au prix d'affrontements ayant fait 150 morts, de localités de la province d'Amrane, en délogeant le clan des Al-Ahmar, les puissants chefs de la confédération tribale des Hached. La reprise des hostilités autour de la capitale complique la transition politique au Yémen, mise à mal notamment par une multiplication des attaques d'Al-Qaïda et une grogne populaire accentuée par les difficultés économiques du pays, le plus pauvre de la Péninsule arabique.