L'ex-président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi pour trafic d'influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel à l'issue d'une garde à vue sans précédent pour un ex-chef de l'Etat. Il encourt dix ans de prison. Avant de recevoir l'ancien président, les juges d'instruction avaient déjà inculpé dans la soirée son avocat, Me Thierry Herzog, et un haut magistrat Gilbert Azibert pour les mêmes motifs. S'y ajoute pour Me Herzog celui de violation de secret professionnel, a précisé le parquet. Nicolas Sarkozy, qui dit en être au stade de la "réflexion" quant à un éventuel retour en politique pour la présidentielle de 2017, s'est vu notifier sa mise en examen au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris après environ 15 heures de garde à vue dans les locaux de l'office anticorruption. Il n'est pas soumis à un contrôle judiciaire. Ces développements judiciaires interviennent au moment où les rumeurs sur sa volonté de prendre à l'automne la tête du parti de droite UMP se font de plus en plus précises. Si quelques-uns de ses supporteurs avaient dénoncé dans la journée son placement en garde à vue, aucun ténor de droite n'est monté au créneau pour le défendre.
Obtention d'informations Dans cette procédure, trois autres personnes avaient été placées en garde à vue lundi: Me Thierry Herzog, l'avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert et un autre avocat général à la Cour de cassation, Patrick Sassoust, qui n'a toutefois pas été présenté aux juges. Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de M. Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco. La Cour de cassation devait alors se prononcer sur la saisie dans l'affaire Bettencourt des agendas de Nicolas Sarkozy, susceptibles d'intéresser les juges enquêtant sur d'autres dossiers. Dans le dossier Bettencourt, Nicolas Sarkozy avait été mis en examen avant de bénéficier d'un non-lieu.
Avocat inculpé L'avocat de l'ex-président français Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a été inculpé dans une enquête ouverte notamment pour trafic d'influence, a annoncé son avocat. L'ancien chef de l'Etat devait également être présenté aux juges dans la soirée en vue d'une possible inculpation (mise en examen). Me Herzog est mis en examen pour les faits que vous connaissez et que nous contestons. Aucun élément matériel ne vient en appui de ces accusations, a déclaré à la presse Me Paul-Albert Iweins, sans expliciter les chefs de poursuites retenus. Ces faits ne reposent que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue, a encore déclaré l'avocat. Je crois que c'est la première fois en France certainement, et peut-être dans le monde, qu'on essaie d'utiliser une écoute entre un avocat et son confesseur naturel (...) Nous allons nous battre!, a-t-il lancé. Thierry Herzog est libre. Il reste l'avocat de Nicolas Sarkozy avec lequel il n'a aucune interdiction de correspondre, a également précisé Me Iweins. L'avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, a, lui aussi, été inculpé, notamment pour trafic d'influence, a indiqué son avocat Me José Allegrini. Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de M. Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco. Autre soupçon qui pèse sur Nicolas Sarkozy: avoir été informé de manière illicite de son placement sur écoute par des juges enquêtant sur les accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007.