“L'Europe appartient aux citoyens, pas aux banquiers allemands ou italiens”, a sèchement lancé le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, en réponse à des propos du président de la banque centrale allemande, considérés par la presse italienne comme une attaque à l'encontre des pays trop endettés. Renzi, dont le pays a une énorme dette publique, plaide en faveur d'une meilleure utilisation de la flexibilité permise par les règles budgétaires européennes, afin de relancer les investissements en faveur de la croissance. Jens Weidmann, président de la Bundesbank, a rappelé jeudi la nécessité de faire des réformes. Selon le journal Sole 24 Ore, il aurait ajouté: le Premier ministre italien nous dit ce que nous devons faire, mais creuser la dette n'est pas un préalable à la croissance. La mission de la Bundesbank est de garantir le respect de ses objectifs statutaires et pas de participer au débat politique italien, a répliqué M. Renzi, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite de la Commission européenne à l'occasion du début de la présidence italienne de l'UE. Je respecte le travail de la Bundesbank. Si elle a envie de parler avec nous, elle est la bienvenue, mais en partant du principe que l'Europe appartient à ses citoyens, et que ce n'est pas l'Europe des banquiers ni allemands ni italiens, a ajouté le dirigeant social-démocrate réputé pour son sens de la formule. Berlin a confirmé qu'il n'y a aucune polémique entre nous et le gouvernement allemand sur la gestion de la flexibilité et la stabilité, a-t-il assuré. Ma conviction est qu'il faut surtout être d'accord sur les règles que nous nous sommes données, qui parlent de stabilité mais aussi de croissance, a-t-il dit, parce que sans croissance, on détruit un morceau de notre avenir. Le Premier ministre a rappelé qu'il a la volonté de réformer son pays en profondeur, son entourage parlant même d'une volonté de révolution radicale pour changer l'Italie. Nos pays doivent devenir plus compétitifs. Nous devons défendre la rigueur budgétaire mais aussi l'investissement, car, sans investissement il n'y aura pas de croissance et pas d'emplois, a estimé le président de la Commission sortante, José Manuel Barroso, souvent critiquée pour avoir mis en œuvre une austérité aveugle. Les règles doivent être respectées à 100%, mais elles permettent déjà de la flexibilité, a-t-il dit en estimant qu'on devrait accorder de la flexibilité à un pays s'il met en œuvre des réformes structurelles. M. Renzi a rappelé qu'il avait voté pour la candidature du chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker pour présider la prochaine Commission européenne, mais seulement parce que l'Italie avait obtenu l'adoption par les dirigeants européens d'une feuille de route qui prévoit notamment la flexibilité. Il s'est dit convaincu que M. Juncker respectera ce document. Dans son entourage, on affirme que si les chrétiens-démocrates du PPE sont arrivés en tête des élections européennes, M. Juncker n'est pas devenu pour autant le leader de l'Europe, parce qu'aucun parti n'a obtenu la majorité. On souligne aussi que c'est le Parti démocrate (PD) de M. Renzi qui a obtenu le plus grand nombre de voix, avec plus de 11 millions de suffrages contre 10 millions pour la CDU allemande.