Le niet du Britannique Cameron, soutenu par son homologue hongrois, Viktor Orban, n'a pas suffi à barrer la route au candidat du Parti populaire européen (PPE) de centre droit arrivé en tête aux élections européennes, Jean-Claude Juncker, et plébiscité ( 26 voix sur 28) à la tête de la Commission européenne. Une nouvelle fracture entre l'Europe continentale et non continentale ? Du côté du Downing Street, l'opposition radicale au choix de la « mauvaise personne » traduit une perception diversifiée du projet européen massivement portée sur le fédéralisme, prôné par le vieux routier Juncker, et le refus britannique de réduire le pouvoir des Etats au profit de Bruxelles appelé à entériner, le 16 juillet, par le quorum exigé de 376 voix (sur les 751), l'élection du tout nouveau président de la Commission au long parcours à la tête du gouvernement luxembourgeois (18 ans). Le Premier ministre britannique considère que cette forme de nomination « risque d'affaiblir les gouvernements et les Parlements nationaux et accorde de nouveaux pouvoirs au Parlement européen ». Le sort british dans l'UE est-il réglé ? Sous la pression des grands vainqueurs europhobes de l'Ukip, il s'est engagé à organiser un référendum sur l'appartenance dans une Union devenue « plus difficile » en 2017, dans le cas, bien sûr, de sa réélection l'année prochaine. Dans le camp de l'Europe continentale, le ralliement en définitive de la chancelière Angela Merkel, conforte le cap de l'Europe des réformes à double voie : l'orthodoxie allemande opposée à tout changement dans le pacte de la stabilité et les exigences franco-italiennes en faveur de plus de « flexibilité » dans l'application des règles budgétaires. De ce fait, selon la formule de l'ancien ministre français, Pierre Moscovici, le candidat de synthèse entre la droite sociale et la gauche social-démocrate est considéré comme un grand avantage pour allier « les demandes des Etats membres et les Parlements », renchérit Merkel. Dans cette nouvelle configuration, les 28 de l'UE doivent décider unanimement, le soir même de la désignation de Juncker, des postes stratégiques du haut représentant pour les affaires extérieures détenu par Catherine Ashton et celui de président du Conseil européen (un des pays de la zone euro), en remplacement d'Herman Van Rompuy. A la faveur de ces nouvelles nominations, le retour des Britanniques, accédant à un poste de premier choix en signe d'ouverture, est défendu par nombre de dirigeants européens qui s'emploient à conjurer le péril du départ du Royaume-Uni de l'UE. « J'ai un grand intérêt à ce que le Royaume-Uni demeure un membre de l'Union européenne », a lancé Merkel. Quel avenir pour l'Europe ?