Chouchou de Wall Street, la banque américaine Wells Fargo, premier fournisseur de prêts immobiliers aux Etats-Unis, a enregistré des bénéfices trimestriels sans éclat marqués par une atonie des crédits immobiliers. Pour la première fois depuis 2010, la banque de San Francisco n'a pas battu les attentes de la communauté financière, habituée à la voir aligner des profits colossaux, ce qui lui a permis l'an dernier de ravir le titre d'établissement financier américain le plus rentable. Wells Fargo a enregistré un bénéfice net de 5,72 milliards de dollars entre avril et juin, en hausse de 4% sur un an, selon un communiqué publié vendredi. Cette performance se traduit par un résultat par action hors éléments exceptionnels, référence à Wall Street, de 1,01 dollar, conforme aux anticipations. En Bourse, la déception des investisseurs était à l'aune des espoirs placés en Wells Fargo, seule grosse banque américaine épargnée par les affaires et les litiges liés aux prêts hypothécaires, adossés à des instruments financiers à risque "subprime". L'action perdait 0,52% à 51,54 dollars. "Wells Fargo n'a ni impressionné ni déçu", commente Paul Ausick, du site 24/7 wallst.com. A court terme, la banque voit s'éloigner le record (282,75 milliards de dollars) de plus grosse capitalisation boursière établi par Citigroup en 2001 qui lui tendait les bras. Wells Fargo pèse actuellement 270,4 milliards de dollars en Bourse. "Nos résultats reflètent non seulement une solide qualité de crédit, tirée par une amélioration de l'économie plus particulièrement du marché immobilier, mais aussi notre discipline, pour ce qui est des risques", veut croire le directeur général John Stumpf, cité dans le communiqué. Mais les bénéfices ont été gonflés par 500 millions de dollars piochés dans l'enveloppe mise de côté pour couvrir des éventuels impayés de ses clients.
Ni bon ni mauvais Wells Fargo est une banque toute tournée vers son marché intérieur: son activité principale est de prêter de l'argent aux entreprises et aux ménages. Elle s'est renforcée dans ce secteur après la crise alors que ses rivales jouaient la carte du courtage qui offrait de meilleurs rendements. Mais elles ont été depuis rattrapées par la réforme financière qui a strictement limité cette activité. Ce pari semble payer puisque le chiffre d'affaires trimestriel de Wells Fargo a certes reculé de 1,40% sur un an à 21,1 milliards de dollars, mais il est supérieur aux 20,82 milliards de dollars attendus. Le ralentissement s'est poursuivi dans les prêts immobiliers, dont Wells Fargo est le premier pourvoyeur aux Etats-Unis. La banque n'a octroyé que 47 milliards de dollars de prêts immobiliers lors des trois derniers mois, contre 112 milliards de dollars à la même période l'an dernier. Les volumes ont ainsi chuté de 58%. "Ce n'est pas bon. C'est décourageant", a commenté la banque Sterne Agee. Wells Fargo est considérée comme un baromètre de la santé du marché immobilier aux Etats-Unis où elle fournit un emprunt immobilier sur six, selon les analystes. L'une des mesures de la rentabilité, la marge nette (différence entre les intérêts perçus et les intérêts réglés), a décru à 3,15% contre 3,40% à la même période il y a un an. Autre élément négatif: les coûts ont augmenté au moment où nombre de grandes banques américaines sont lancées dans une chasse aux économies. Les dépenses de Wells Fargo, première banque à publier ses résultats, se sont élevées à 12,19 milliards de dollars, soit beaucoup plus qu'au premier trimestre (11,95 milliards). La banque a réussi à contrer ces vents contraires par une amélioration continue de la qualité du crédit. Ses provisions sur des pertes issues des crédits sont tombées à 217 millions de dollars, contre 652 million il y a un an. Les prêts à la consommation ont augmenté de 3,6% à 828,9 milliards de dollars, tirées par les crédits non renouvelables, dont les prêts étudiants. Ce sont surtout les crédits automobiles qui ont bondi de 11% sur un an.