Le taux de chômage au Japon est remonté de 0,2 point en juin à 3,7%, un regain inattendu alors qu'il était tombé en mai à son plus bas niveau en près de 17 ans, a annoncé le ministère des Affaires intérieures. C'est la première fois qu'est constatée une remontée depuis août 2013, selon les données antérieures communiquées par la même source. En juin, on recensait 2,45 millions de chômeurs au Japon, un total qui reste néanmoins inférieur à ce qu'il était un an auparavant, pour une population au travail en augmentation d'un an sur l'autre pour le 18e mois d'affilée à 63,89 millions d'individus (ou 63,59 millions en données corrigées des variations saisonnières). En juin, le taux de chômage des hommes était de 3,8%, celui des femmes de 3,5%. L'ampleur en est toutefois réduite par la méthode de comptabilisation officielle, qui considère que les personnes effectuant ne serait-ce que très peu d'heures de travail ne sont pas chômeuses. Quoi qu'il en soit, le marché du travail a continué à se détendre: on comptait en juin 110 offres d'emploi pour 100 demandes, contre 109 en mai, 108 en avril et 107 en mars, a indiqué par ailleurs le ministère du Travail. Le ratio de juin est inédit depuis 22 ans. Il existe toutefois de grandes disparités entre les régions, les mégapoles de Tokyo, Nagoya et Osaka étant privilégiées. Ces derniers mois, les Japonais sont globalement plus optimistes sur les perspectives d'emploi, en partie grâce à la politique économique offensive du Premier ministre de droite, Shinzo Abe, destinée à redonner le moral aux entrepreneurs et aux travailleurs. Le fait que les offres augmentent tend à attirer des personnes déoeuvrées sur le marché du travail, ce qui mécaniquement les fait dans un premier temps entrer dans les statistiques du chômage. Cela peut expliquer en partie la remontée de juin. Certains secteurs, comme celui du bâtiment ou des soins aux personnes, ont particulièrement besoin de main-d'œuvre, du fait des politiques favorisant les travaux publics et du vieillissement de la population qui accentue la demande d'aide individuelle. Les employeurs peinent aussi à recruter dans le domaine de la restauration et du commerce de détail où les salariés, souvent sous contrat à durée déterminée ou engagés à la journée, ont tendance à changer rapidement d'employeur.
La consommation des ménages en baisse La consommation des ménages japonais a baissé de 3% en juin sur un an, subissant encore les effets d'une hausse de taxe, mais de façon moins sévère qu'en mai où la chute avait été de 8%. Cette donnée confirme que les clients ont ponctuellement diminué leurs dépenses de consommation juste après ce changement de taux de "TVA japonaise" le 1er avril, mais que l'impact s'amenuise au fil des semaines, ce que les commerçants disent eux aussi avoir constaté, même si les ventes de détail ont encore cédé 0,6% le mois dernier sur un an. En juin, les dépenses de consommation des ménages se sont établies en moyenne à 272 791 yens. Ce sont très nettement les achats de meubles et autres biens d'équipement pour le logement, les frais de santé et de loisirs qui ont le plus baissé, tandis qu'ont augmenté les débours pour les transports et télécommunications, pour l'éducation ou la rénovation et l'entretien de la maison. En juin toujours, les dépenses des ménages dont le chef de famille est salarié ont encore plus baissé que pour l'ensemble des foyers de deux personnes et plus: elles ont cédé 4,5% sur un an à 295 738 yens. La chute était toutefois bien plus forte en mai (-8,8%). Leurs revenus dans le même temps étaient diminués de 6,6% sur un an à 710 375 yens, tout en étant plus important que les mois précédents, du fait du versement en juin de la prime estivale dans de nombreuses entreprises. Au-delà des oscillations brutales de dépenses et consommation liées à la hausse de taxe, l'important sera de voir dans quelle mesure la troisième puissance économique mondiale sera capable de générer de nouveau de la demande intérieure de façon durable dans les prochain mois, une fois digérée cette accentuation de la pression fiscale. Une autre hausse de la "TVA japonaise" doit intervenir en octobre 2015, à moins que le Premier ministre ne décide de la différer si la conjoncture l'exige.
Recul des ventes au détail Les ventes au détail au Japon ont décliné de 0,6% en juin sur un an, après un repli de 4,3% en avril (chiffre révisé) et de 0,4% en mai, subissant toujours le contrecoup de la hausse de la taxe sur la consommation le 1er avril. En juin, les Japonais ont acheté moins de véhicules motorisés (voitures, deux roues, etc.) d'appareils électroménagers ou électroniques (télévisions, réfrigérateurs, climatiseurs, etc.), a précisé le ministère du Commerce. Les produits de luxe (bijoux par exemple) ont également moins trouvé preneurs dans les grands magasins. De façon générale, la baisse est plus forte dans les grandes surfaces (-1,8%). Les Japonais ont en revanche renouvelé leur garde-robe et consommé davantage de boissons. Le reflux général des ventes au détail était attendu par les économistes, et les industriels et commerçants tendent à considérer qu'il est presque moindre désormais qu'ils ne le redoutaient. Le 1er avril, la taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française) est passée de 5% à 8%, sur décision du gouvernement, pour tenter de limiter l'augmentation d'une dette publique déjà colossale. Dans les semaines qui ont précédé cette hausse de la pression fiscale, les Nippons se sont rués dans les magasins pour acheter des produits durables et semi-durables. Le contrecoup est donc là, mais le rétablissement semble s'opérer plus vite qu'à la suite de la précédente hausse de taxe en 1997, selon les économistes.