Les ventes au détail au Japon ont décliné de 0,4% en mai sur un an, après un repli de 4,4% en avril, subissant le contrecoup de la hausse de la taxe sur la consommation le 1er avril. En mai, les Japonais ont acheté moins de véhicules motorisés (voitures, deux roues, etc.) d'appareils électroménagers ou électroniques (télévisions, réfrigérateurs, climatiseurs, etc.), a précisé le ministère du Commerce. Les produits de luxe (bijoux par exemple) ont également moins trouvé preneurs dans les grands magasins. A l'inverse, du fait de la remontée des températures, les consommateurs ont acheté des vêtements d'été et des glaces. Le reflux général des ventes au détail était attendu par les économistes, et les industriels et commerçants tendent à considérer qu'il est presque moindre désormais qu'ils ne le redoutaient. Le 1er avril, la taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française) est passée de 5% à 8%, sur décision du gouvernement, pour tenter de limiter l'augmentation d'une dette publique déjà colossale. Dans les semaines qui ont précédé cette hausse de la pression fiscale, les Nippons se sont rués dans les magasins pour acheter des produits durables et semi-durables. Le contrecoup est donc là, mais "le rétablissement semble s'opérer plus vite qu'à la suite de la précédente hausse de taxe en 1997", souligne Marcel Thieliant, chercheur à Capital Economics. De son côté, la consommation des ménages japonais a chuté de 8% en mai sur un an, victime d'une hausse de taxe le mois précédent qui a pesé sur les achats de biens divers, a annoncé le ministère des Affaires intérieures. Dans les mois précédant l'augmentation le 1er avril à 8% (contre 5%) de la taxe sur la consommation, les acheteurs s'étaient rués dans les boutiques. A contrario, en avril et mai, ils ont en partie vécu sur leurs stocks et n'ont pas ou peu investi dans des biens durables ni semi-durables et ont réduit ce qui était jugé le moins indispensable pour conserver du pouvoir d'achat pour le reste. En mai, les dépenses de consommation des ménages se sont établies en moyenne à 271 411 yens (1 952 euros). Ce sont très nettement les frais pour le logement, les biens de la maison, l'éducation et la santé qui ont le plus baissé, mais on note aussi un recul net pour les transports, l'énergie et les vêtements. En mai toujours, les dépenses des ménages dont le chef de famille est salarié ont encore plus baissé que pour l'ensemble des foyers de deux personnes et plus: elles ont cédé 8,8% sur un an à 293 050 yens (2 093 euros). Leurs revenus dans le même temps étaient diminués de 4,6% à 421 117 yens (un peu plus de 3 000 euros). Au-delà de ces oscillations brutales liées à la hausse de taxe, l'important sera de voir dans quelle mesure la troisième puissance économique mondiale sera capable de générer de nouveau de la demande intérieure de façon durable dans les prochain mois, une fois digérée la hausse de la taxe. C'est un enjeu de taille pour la politique de relance du Premier ministre de droite Shinzo Abe, surnommée "Abenomics". Ce dernier appelle les employeurs à augmenter les salaires pour maintenir le pouvoir d'achat des employés et leur promet en échange une baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés. Notons que jusqu'à très récemment encore, le gouverneur de la Banque du Japon a affiché une position très sereine vis-à-vis de la situation intérieure, tout en se disant vigilant et disposé à intervenir si d'aventure le besoin s'en faisait sentir.