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En dénonçant le " massacre perpétré à Gaza " par Israël : Dominique de Villepin hausse le ton
Publié dans Le Maghreb le 03 - 08 - 2014

C'est en haussant le ton au-dessus du concert de la lâcheté républicaine que Dominique de Villepin fait de nouveau entendre sa voix, la même qui s'éleva, en 2003, dans l'enceinte onusienne contre la doxa dominante et les grandes manœuvres américaines pour dire
" non ! " à l'invasion de l'Irak, démystifiant par là même un énorme mensonge d'Etat, dans une tribune virulente publiée ce vendredi dans 'le Figaro'.
Si, à l'époque, il dénonçait avec lyrisme la " militarisation des esprits ", aujourd'hui, l'ancien Premier ministre de la Chiraquie, fervent gaulliste dans l'âme, dénonce sans mots couverts le "massacre qui est perpétré à Gaza" par Israël, exhortant à une interposition de l'ONU dans les territoires occupés et à des sanctions contre l'Etat hébreu. Fidèle à sa ligne de conduite et à sa volonté inébranlable de privilégier la solution diplomatique dans ce monde assis sur un volcan, Dominique de Villepin, consterné par l'allégeance honteuse de la France à Israël, fustige un asservissement à un Etat criminel qui est une tache sur le drapeau tricolore. Dans une tribune virulente publiée vendredi 1er août par Le Figaro, l'ancien premier ministre Dominique de Villepin a dénoncé le " massacre qui est perpétré à Gaza " par Israël. Il appelle à une interposition de l'ONU dans les territoires occupés et à des sanctions contre l'Etat hébreu : " Par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s'est tue, celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours, celle qui faisait parler Jacques Chirac après la deuxième Intifada. Comment comprendre aujourd'hui que la France appelle à la "retenue" quand on tue des enfants en connaissance de cause ? Comment comprendre (...) que la première réaction de la France, par la voix de son président, soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d'Israël ? " L'armée israélienne, qui a déclenché les hostilités le 8 juillet et est entrée dans la bande de Ghaza le 17 juillet, a conclu jeudi soir un nouveau cessez-le-feu de soixante-douze heures avec le Hamas palestinien. Avec environ 1 450 morts et plus de 8 300 blessés, en grande majorité des civils, cette guerre est au moins aussi meurtrière que l'opération " Plomb durci " (2008-2009), qui avait déjà été déclenchée pour mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas. L'armée israélienne a pour sa part perdu 61 soldats, ses pertes les plus lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.

" Pas de droit au massacre "
" Il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre ", s'insurge Dominique de Villepin, qui estime qu'Israël " ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier qu'il assassine ces derniers ". " Oui, il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes, comme en ont témoigné de nombreux officiers et soldats israéliens écœurés par le rôle qu'on leur a fait jouer. " " Il n'y a aujourd'hui ni plan de paix ni interlocuteur capable d'en proposer un ", regrette-t-il en dénonçant l'absence de " partenaires en Palestine car les partisans de la paix ont été méthodiquement marginalisés par la stratégie du gouvernement d'Israël ". L'armée israélienne, qui a déclenché les hostilités le 8 juillet et est entrée dans la bande de Ghaza le 17 juillet, a conclu jeudi soir un nouveau cessez-le-feu de 72 heures avec le Hamas palestinien qui entre en vigueur vendredi à 7 heures, heure française.

S'en prend à François Hollande et à Israël
Il faut que la France s'engage pour la fin des massacres à Ghaza. C'est en substance le message qu'a adressé Dominique de Villepin au président français François Hollande, dans une tribune parue chez nos confrères du Figaro. " Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Ghaza, c'est aujourd'hui, je l'écris en conscience, un devoir pour la France, une France qui est attachée indéfectiblement à l'existence et à la sécurité d'Israël, mais qui ne saurait oublier les droits et devoirs qui sont conférés à Israël en sa qualité d'Etat constitué ", écrit l'ancien Premier ministre. Dominique de Villepin, également ancien chef de la diplomatie française sous le président Jacques Chirac, critique ainsi le soutien de la diplomatie française à l'Etat d'Israël. " Il est temps de mesurer l'impasse d'une France alignée et si sûre du recours à la force ", résume-t-il. Le président François Hollande a montré une position très atlantiste depuis le début de l'attaque israélienne à Ghaza. Soutenant le droit d'Israël de se défendre, François Hollande a tranché avec la position française traditionnelle, normalement plus équilibrée concernant le conflit israélo-palestinien. Dans ses critiques, Dominique de Villepin cible aussi l'Etat hébreu. " L'Etat israélien se condamne à des opérations régulières à Ghaza ou en Cisjordanie, cette stratégie terrifiante parce qu'elle condamne les Palestiniens au sous-développement et à la souffrance, terrifiante parce qu'elle condamne Israël peu à peu à devenir un Etat ségrégationniste, militariste et autoritaire ", affirme Villepin.

Massacre, Apartheid et OAS
Pour étayer son propos, Dominique de Villepin fait parler son expérience, celle de la France, puis celle du monde. "Il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre", explique-t-il en précisant que la stratégie d'Israël "condamne les Palestiniens au sous-développement et à la souffrance". Blocus, marginalisation des interlocuteurs et colonisation sont pour l'ex-ministre autant d'obstacles qui minent tout espoir de création d'un Etat palestinien, seule issue viable pouvant un jour garantir la paix entre les deux parties. Pour l'ancien chef de la diplomatie française, Israël se mue progressivement en "Etat ségrégationniste" s'enfonçant dans "la spirale de l'Afrique du Sud de l'apartheid" et de "l'Algérie française entre putsch des généraux et OAS". L'ancien diplomate pointe également la dimension asymétrique du conflit condamnant l'opposition d'"un peuple sans terre et sans espoir à un Etat poussé par la peur". De surcroît, les méthodes utilisées par Tsahal, notamment l'aspersion "d'eau sale", la terreur organisée ou les bombardements, découlent selon lui d'une "logique folle" dans laquelle se sont enfermés les belligérants. Indigné par la nature même du conflit, Dominique de Villepin fait un parallèle entre la situation d'Israël et celle de la France dans les années 90 qui a refusé d'intervenir en Algérie après les attentats perpétrés par le GIA dans l'Hexagone. Face à l'insolubilité de ce conflit, Dominique de Villepin suggère des "sanctions économiques, ciblées et graduées" à l'encontre de l'Etat hébreu. Ce dernier appelle enfin la communauté internationale à agir, non seulement pour la cause palestinienne, mais également pour l'ordre du monde qui ne saurait survivre à "cette guerre perpétuelle".

Sanctionner Israël
Les voix à droite de l'échiquier politique sont éteintes quand il s'agit de condamner les massacres à Ghaza des suites de l'opération israélienne " Bordure protectrice ". Dominique de Villepin, lui, se mouille et appelle à sanctionner l'Etat hébreu.
"Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Gaza, c'est aujourd'hui, je l'écris en conscience, un devoir pour la France" : c'est ainsi que commence l'ancien ministre des Affaires étrangères et ex-Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac. " Nous ne construirons pas la paix sur des mensonges ", dit-il avant d'asséner trois vérités, la première consistant à dire qu'" il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre. (…) La sécurité telle que la recherche aujourd'hui Israël se fait contre la paix et contre le peuple palestinien ". " Il y a une deuxième vérité à dire haut et fort : il ne saurait y avoir de responsabilité collective d'un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux Etats, mais un peuple sans terre et sans espoir à un Etat poussé par la peur ? ", lance-t-il ensuite. " On ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier qu'on assassine ces derniers, d'autant moins qu'on a refusé de croire et reconnaître en 2007 que ces civils aient voté pour le Hamas, du moins pour sa branche politique." " Troisième vérité qui brûle les lèvres (…) : oui il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes. (…) Je ne peux accepter d'entendre que ce qui se passe en Palestine n'est pas si grave puisque ce serait pire ailleurs ", déclare l'avocat de 60 ans. " Il n'y a pas de partenaire en Palestine car les partisans de la paix ont été méthodiquement marginalisés par la stratégie du gouvernement d'Israël. (...) Il n'y a plus de partenaire pour la paix en Israël car le camp de la paix a été réduit au silence et marginalisé. (…) Il n'y a plus non plus de partenaire sur la scène internationale, à force de lassitude et de résignation ", constate-t-il, désespéré
" de la diplomatie du carnet de chèques de l'Europe qui se borne à payer pour reconstruire les bâtiments palestiniens qui ont été bombardés hier et le seront à nouveau demain, quand les Etats-Unis dépensent deux milliards de dollars par an pour financer les bombes qui détruisent ces bâtiments ". " Le premier outil pour réveiller la société israélienne, ce sont les sanctions. Il faut la placer devant ses responsabilités historiques avant qu'il ne soit trop tard ", proposant le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'" une résolution condamnant l'action d'Israël, son non-respect des résolutions antérieures et son non-respect du droit humanitaire et du droit de la guerre ".

Placer la Palestine sous protection internationale
" Le deuxième outil, c'est la justice internationale. L'urgence aujourd'hui, c'est d'empêcher que des crimes de guerre soient commis. Pour cela, il est temps de donner droit aux demandes palestiniennes d'adhérer à la Cour pénale internationale (…). C'est une manière de mettre les Territoires palestiniens sous protection internationale ", appuie Dominique de Villepin. L'Autorité palestinienne a déclaré cette semaine sa volonté d'adhérer à la CPI pour poursuivre Israël. " Le troisième outil à la disposition de la communauté internationale, c'est l'interposition. À défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l'imposer par la mise sous mandat de l'ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, avec une administration et une force de paix internationales ", propose enfin l'ex-ministre, voyant en cette solution un moyen de " renouer le dialogue inter palestinien et de garantir des élections libres sur l'ensemble de ces territoires. Forte de ces résultats, elle appuierait des pourparlers de paix avec Israël en traçant les grandes lignes ".
" Une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l'idée même de la justice ", conclut-il. Voilà qui est dit. Ainsi fait, il met aussi bien la France qu'Israël, comme l'ONU, devant leurs responsabilités. Pour Dominique de Villepin, le vote d'une résolution onusienne condamnant l'action d'Israël est un préalable indispensable : "Cela passe par un vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution condamnant l'action d'Israël. (...) Cela signifie concrètement d'assumer des sanctions économiques ciblées et graduées", qui devra s'ensuivre d'une "interposition" par "la mise sous mandat de l'ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, avec une administration et une force de paix internationales."

" La voix de la France s'est tue "
Ce deuxième réquisitoire, cette fois contre la politique israélienne, serait gratuit s'il n'évoquait pas les termes d'une sortie de crise. L'ancien ministre relève qu'il n'y a pas de partenaire pour la paix du côté palestinien car ces derniers ont été systématiquement affaiblis et marginalisés par la politique israélienne ; et qu'il n'y a pas plus de rôle actif de la communauté internationale, en premier lieu des Etats-Unis. Il ajoute : " Face à l'absence de plan de paix, seules des mesures imposées et capables de changer la donne sont susceptibles de réveiller les partenaires de leur torpeur. C'est au premier chef la responsabilité de la France. "

Une prise de position symbolique
Cette dernière proposition, audacieuse, n'a strictement aucune chance -Dominique de Villepin le sait bien- d'aboutir dans le climat international actuel. On voit mal les Etats-Unis effectuer un tel virage à 180° de leur politique vis-à-vis d'Israël, et on voit mal non plus les conditions d'une collaboration internationale entre les membres du Conseil de sécurité, en pleine crise ukrainienne et sanctions contre la Russie... Au bout du compte, la prise de position de Dominique de Villepin est largement symbolique. Elle vise à rompre le consensus mou de la classe politique -FN et extrême gauche exceptés- sur la question du Proche-Orient depuis trois semaines. L'homme qui avait réussi à secouer le monde avec son discours de 2003 contre la guerre américaine en Irak, réussira-t-il à susciter le débat qui n'a pas lieu autour du positionnement de la France dans ce conflit ? Pas sûr : les hommes politiques n'y voient que des coups à prendre...


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