L'économie des Etats-Unis a continué de créer des emplois en juillet à un rythme solide, même s'il déçoit, tandis que le taux de chômage est légèrement remonté après l'embellie du mois précédent. Selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi, il s'est créé 209 000 emplois en juillet, un net ralentissement par rapport à l'excellente performance de juin qui avait pris de court les analystes. Le taux de chômage s'est établi à 6,2% contre 6,1% en juin. Ces chiffres jugés légèrement décevants sont en partie compensés par des révisions à la hausse des créations d'emplois en mai et juin (15 000 de plus au total). Ainsi, au mois de juin, les nouvelles embauches auront frôlé la barre des 300 000 (298 000). Quant à la très légère remontée du taux de chômage, elle s'explique aussi par le retour sur le marché du travail de chômeurs jusque-là découragés qui reprennent la recherche d'un emploi. "Il faut modérer sa déception par le fait que davantage de personnes retournent sur le marché du travail ce qui est toujours encourageant", estimait Chris Williamson de Markit. "C'est un bon signe", ajoutait Doug Handler, chef économiste pour IHS Global Insight, "car un taux de participation stable ou en hausse au marché du travail est important pour que l'économie continue de croître sans trop de pressions inflationnistes". Le nombre de chômeurs s'est établi à 9,7 millions en juillet, sans différence marquante par rapport à juin. Sur l'année, on compte 1,7 million de chômeurs en moins. Il y a un an, le taux de chômage était encore de 7,3%. Mais sur les 146,4 millions de personnes qui travaillent, 7,5 millions n'ont que des emplois partiels alors qu'elles souhaiteraient travailler plus, montre l'enquête.
Six mois d'affilée au-dessus de 200 000 "Juillet marque le sixième mois d'affilée où les gains d'emplois dépassent les 200.000. C'est la plus longue série depuis 1997!", affirme Harm Bandholz de UniCredit Economics. Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research, qualifiait le rapport sur l'emploi de "modestement positif". Au cours des trois derniers mois, l'économie des Etats-Unis a créé en moyenne chaque mois 245 000 emplois, a souligné Erica Groshen, commissaire au Bureau des Statistiques du Travail, dans un communiqué. En juillet, les embauches se sont réparties dans de nombreux secteurs, dont les services aux entreprises (47 000), l'industrie manufacturière (28 000), le commerce de détail (27 000) et le bâtiment (22 000). "La bonne nouvelle est que le bâtiment et l'industrie manufacturière sont bien représentés alors qu'ils étaient à la traîne depuis la fin de la récession", soulignait Doug Handler. Les observateurs signalaient également la mince hausse des salaires (de seulement un cent pour le salaire horaire moyen) laissant penser que la Réserve fédérale (Fed) ne va pas accélérer la normalisation de sa politique monétaire jusqu'ici ultra-accommodante. "Le rapport sur l'emploi a peu de chances d'avoir un impact sur le débat du Comité monétaire de la Fed" sur le calendrier d'une première hausse des taux, notait encore l'économiste d'UniCredit Economics. Pour Dean Baker, "on est encore loin du point où le marché de l'emploi est suffisamment vigoureux pour que les travailleurs obtiennent des hausses de rémunération en ligne avec la croissance économique". "Même avec une économie qui se reprend fortement", note encore Chris Williamson, après une croissance de 4% du PIB au 2e trimestre qui a rattrapé la sévère contraction du trimestre précédent (-2,1%), "si les salaires n'augmentent pas vraiment et qu'il n'y a pas de signe inflationniste, il n'y a pas d'argument pour une hausse des taux".
Dépenses des ménages Le Département du commerce a également indiqué que les revenus et les dépenses des ménages aux Etats-Unis ont augmenté au même rythme soutenu en juin, selon là aussi des données publiées vendredi. Revenus et dépenses ont progressé de 0,4% sur un mois en données corrigées des variations saisonnières. Les analystes tablaient sur une augmentation de cet ordre pour les revenus, mais étaient moins optimistes pour les dépenses, calculant qu'elles ne progresseraient que de 0,2%. Le ministère a par ailleurs révisé en légère hausse les dépenses de consommation de mai montrant une progression de 0,3% au lieu de 0,2%. En mai, les revenus avaient aussi progressé de 0,4%. L'augmentation du revenu disponible est identique à celle de mai, à +0,4%, un même rythme depuis trois mois. Le taux d'épargne s'est inscrit à 5,3% comme en mai, le ministère ayant dans sa révision annuelle, revus à la hausse les chiffres de ces trois derniers mois. Le ministère a par ailleurs révisé en légère hausse les dépenses de consommation de mai montrant une progression de 0,3% au lieu de 0,2%. En mai, les revenus avaient également progressé de 0,4%.