La Bourse de New York passe un test décisif la semaine prochaine, avec au programme une décision monétaire très attendue de la Banque centrale américaine (Fed), la publication des chiffres de l'emploi et celui du Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, qui devraient donner une indication précise sur l'état de santé de l'économie. Wall Street a eu quelques difficultés à se remettre des lourdes pertes essuyées la semaine dernière, son indice vedette - le Dow Jones - ne parvenant à se reprendre que lors des trois dernières séances pour finir à 13.806,70 points (+2,10%). Dans le rouge tout au long de la semaine, l'indice composite du Nasdaq a tiré profit, à la dernière minute, des résultats trimestriels largement supérieurs aux attentes du leader mondial des logiciels Microsoft pour gagner 2,90% et finir à 2.804,19 points vendredi. Plus large donc plus représentatif, l'indice Standard and Poor's 500 a pour sa part progressé de 2,30% sur la semaine pour terminer à 1.535,28 points vendredi. Abri de l'investisseur frileux, le marché obligataire n'a pas particulièrement bénéficié des hésitations des opérateurs. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, a peu évolué à 4,389% contre 4,401% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,683% contre 4,689%, il y a une semaine. Avec l'accumulation de mauvais indicateurs économiques, la place new-yorkaise n'arrive pas à avoir une idée précise de l'état de santé de l'économie américaine: simple ralentissement ou récession comme elle le craint? Cette indécision pourrait être levée, selon Marc Pado, analyste chez Cantor Fitzgerald, dans ce qui s'annonce comme la "semaine-clé". "La semaine prochaine va donner le ton, la tendance de l'évolution de la place new-yorkaise dans les prochains mois et notamment au quatrième trimestre", renchérissent les analystes de Global Insight. La réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC), prévue mardi et mercredi et au terme de laquelle une décision doit être rendue sur le niveau du coût du crédit aux Etats-Unis, en constitue le paysage de fond. Déboussolé par la crise financière depuis cet été, couplée aux difficultés du secteur immobilier à risque ("subprime"), le marché anticipe un allègement monétaire de l'ordre d'un quart de point de pourcentage, à 4,50%, mais espère secrètement une baisse d'un demi-point, qui lui permettrait de reprendre sa marche en avant, estiment Drew Matus et Ethan Harris de Lehman Brothers. Un assouplissement monétaire en septembre avait déjà permis à la première place financière du monde de se consoler quelque peu, lui permettant d'établir son record absolu à 14.198,10 points le 11 octobre. "La Fed ne décevra pas les marchés", affirment les deux analystes, car affirment-ils, les conditions du crédit se sont durcies, le secteur immobilier est à l'agonie, la consommation des ménages -- l'un des moteurs de la croissance -- paraît affectée par les "subprime", et l'emploi semble manquer de direction. Peu avant la décision de la Fed, les investisseurs pourront déjà commenter la première estimation du Produit intérieur Brut (PIB) au troisième trimestre. Les analystes tablent sur une fourchette comprise entre 3 et 3,1%, contre 3,8% au deuxième trimestre. La publication des chiffres de l'emploi et celui du taux de chômage vendredi constitue, de l'avis général, le troisième rendez-vous clé de la semaine, car l'emploi sera le reflet de la propagation effective à l'économie réelle de la crise immobilière, estiment MM. Matus et Harris.