Une voiture piégée conduite par un kamikaze a explosé samedi matin près d'un lieu de culte chiite dans la ville de Kerbala, à 80km au sud de Bagdad, faisant huit morts et 36 blessés, a annoncé la police. L'attentat a eu lieu vers 10h30 devant le sanctuaire Al-Abbas de la ville, selon Rahman Mechaoui, le porte-parole de la police locale. Kerbala est la deuxième ville sainte chiite d'Irak après Najaf, à 70km plus au sud-est. Les chiites effectuent des pèlerinages dans ces deux cités où ils enterrent leurs morts. Les lieux saints de la majorité chiite du pays sont régulièrement la cible de la guérilla sunnite. Le 23 février dernier, au moins 136 personnes avaient été tuées dans des violences communautaires au lendemain de l'explosion qui avait détruit le dôme de la Mosquée d'Or de Samarra, haut du chiisme, à 95km au nord de Bagdad. Le 2 mars 2004, des attentats coordonnés, des tirs de mortier et des explosions diverses visant des lieux de culte chiites avaient fait 181 morts et 573 blessés à Kerbala et Bagdad Des responsables sunnites ont mis en doute vendredi la sincérité du gouvernement irakien qui veut organiser en décembre une conférence de réconciliation nationale, tandis qu'un attentat a tué au moins cinq personnes dans la ville sainte chiite de Kerbala. Face à l'escalade des violences confessionnelles meurtrières en Irak, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, a annoncé le 5 décembre la tenue d'une conférence de réconciliation destinée à "rédiger une charte d'honneur pour en finir avec l'effusion de sang et les conflits confessionnels". Selon un membre influent du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), l'un des principaux partis chiites, Jalaleddine al-Saghir, elle se tiendra le 16 décembre à Bagdad. Mais le comité des oulémas musulmans, la principale organisation religieuse sunnite d'Irak, a annoncé qu'il la boycotterait. "Nous avons trop vu par le passé le gouvernement signer des accords qu'il a plus tard dénoncés", a expliqué cheikh Mohammed Bashar al-Faidhi, porte-parole de l'association. De son côté, cheikh Khalaf al-Aylan, chef du Conseil du dialogue national, qui fait partie du Front de la Concorde nationale, la principale coalition sunnite, a également mis en doute la "sincérité" du gouvernement. "Les appels du gouvernement à la réconciliation sont nombreux, mais ils ne sont que de la poudre aux yeux. Ils ne sont pas sincères. S'ils veulent vraiment la réconciliation, qu'ils mettent un terme aux exactions de leurs milices qui enlèvent et tuent des sunnites", a-t-il affirmé. Le responsable sunnite a demandé au gouvernement d'inviter les membres du Baas, l'ancien parti unique au pouvoir sous Saddam Hussein. "Il faut inviter le parti Baas et les partis de la résistance. Le Baas a dirigé ce pays, il doit être invité, sinon avec qui faut-il se réconcilier ?" a-t-il souligné. Un responsable chiite qui a requis l'anonymat a aussitôt rejeté cette demande. "Comment pouvons-nous négocier avec des criminels dont les mains sont tâchées de sang. Il n'y a aucune chance pour que nous asseyons à la même table que les baassistes", a-t-il dit. L'influent député kurde Mahmoud Othman a cependant confirmé que le gouvernement tentait de convaincre des anciens membres du Baas de participer à la conférence. L'annonce par M. Maliki d'une prochaine conférence de réconciliation a coïncidé avec la publication du rapport du Groupe d'études américain sur l'Irak qui souligne l'insuffisance des efforts du gouvernement irakien en vue d'une réconciliation.