Le nouveau recul en août du moral des entrepreneurs allemands, mesuré par le baromètre Ifo, témoigne de l'impact des tensions géopolitiques sur la première économie européenne, mais celle-ci reste robuste selon les analystes. L'indicateur a reculé davantage que prévu en août, à 106,3 points après 108 points en juillet, accusant un quatrième repli consécutif et un plus bas depuis juillet 2013, selon un communiqué de l'institut Ifo publié lundi. Le consensus d'analystes réalisé par l'agence Dow Jones Newswires escomptait une baisse moins prononcée, à 107 points. Un indice supérieur à 100 signifie qu'une majorité de chefs d'entreprise se montre plutôt optimiste. Toutefois, l'Ifo ne cesse de décliner depuis mai, portant la marque des tensions géopolitiques qui dominent l'actualité et du passage à vide de l'économie allemande au deuxième trimestre, au cours duquel son produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2% selon un chiffre provisoire. "Les entreprises ont été à nouveau moins satisfaites de leur situation actuelle", a commenté l'institut dans le communiqué. "Elles sont également plus sceptiques que le mois précédent à l'égard des perspectives pour leurs activités. L'économie allemande perd de la vigueur", a-t-il ajouté. Le moral des entreprises du secteur manufacturier a atteint son plus bas niveau depuis juillet 2013, relève l'institut. "De moins en moins d'impulsions sont attendues du côté des exportations", poursuit l'Ifo. Le baromètre Ifo "renforce notre conviction que la dynamique conjoncturelle au second semestre sera plus faible que nous ne le supposions jusqu'ici", juge Johannes Mayr, analyste de Bayern LB. Son confrère d'UniCredit Andreas Rees souligne le rôle des facteurs géopolitiques, notamment "la crise actuelle entre la Russie et l'Ukraine", dans la détérioration du baromètre. Même si les livraisons à la Russie ne représentent que 4% des exportations allemandes, le conflit ukrainien pourrait nuire à l'ensemble des relations commerciales entre l'Allemagne et les pays de l'Est et du centre de l'Europe, selon lui. Les experts se montrent néanmoins rassurants quant à l'avenir proche de l'économie allemande. "Nous ne diagnostiquons pas de fin prématurée de la reprise en Allemagne", insiste M. Mayr, de Bayern LB, car les fondamentaux alimentant la demande intérieure sont inchangés. L'analyste d'Unicredit met en garde contre tout "pessimisme excessif". Pour lui le coup de froid sur la croissance allemande au deuxième trimestre "n'est pas le début d'une longue période d'activité économique déclinante mais revêt au contraire un caractère unique". Le baromètre Ifo "est encore à un niveau tout à fait correct" et "n'annonce pas un effondrement de la conjoncture", renchérit Heinrich Bayer, de Postbank. Une opinion partagée par le gouvernement allemand. "La tendance de fond de la conjoncture est intacte", a estimé lundi un porte-parole du ministère de l'Economie. Celui-ci mise sur une retour dans le vert des taux de croissance du PIB au troisième et au quatrième trimestres, a précisé ce porte-parole. La banque centrale allemande, la Bundesbank, a exprimé la semaine dernière une position similaire. L'hebdomadaire Der Spiegel rapporte même dans son édition de lundi que le gouvernement estime qu'il y a de bonnes chances de dépasser cette année la prévision officielle de croissance de 1,8%, sur la foi d'un document issu du ministère des Finances.