Le FMI a approuvé avant-hier le versement d'un nouveau prêt en faveur de l'Ukraine malgré les risques élevés liés aux tensions avec la Russie et les écarts économiques des autorités de Kiev. L'Ukraine va recevoir 1,4 milliard de dollars après le feu vert du conseil d'administration du Fonds monétaire international, qui représente ses 188 Etats-membres, a annoncé l'institution dans un communiqué. Fin avril, le FMI avait accordé une ligne de crédit de 17 milliards de dollars à Kiev dont le déblocage par tranches est conditionné à un programme de réformes économiques drastiques (hausse des prix du gaz...) Les risques qui pèsent sur le programme restent élevés, a reconnu la directrice générale du FMI Christine Lagarde, assurant que son succès dépendait d'un règlement rapide du conflit dans l'est du pays, en proie à une insurrection pro-russe. Une telle issue semble toutefois lointaine. Les pays occidentaux accusent Moscou d'intervenir désormais directement en Ukraine tandis que le président russe Vladimir Poutine a déclaré avant-hier qu'il fallait contraindre Kiev à négocier avec les séparatistes pro-russes. Selon Mme Lagarde, l'escalade du conflit dans l'Est a pesé lourdement sur l'économie et contraint Kiev à commettre des écarts, notamment sur le déficit budgétaire, par rapport aux objectifs fixés par le Fonds. Pour y remédier, les autorités de Kiev devront notamment veiller à ce que la société Naftogaz grève moins les finances publiques, selon le FMI. A plusieurs reprises par le passé, le FMI s'est inquiété des conséquences d'une escalade de la crise ukrainienne et a admis qu'une aide financière supplémentaire serait requise en cas d'escalade dans l'est ukrainien, poumon économique du pays. Fin avril, la communauté internationale s'était engagée à fournir 27 milliards de dollars au total aux autorités ukrainiennes. L'assistance technique et financière de la communauté internationale en soutien aux efforts de réforme de l'Ukraine est indispensable pour garantir la stabilisation macro-économique et raviver la croissance, a redit la patronne du Fonds avant-hier dans le communiqué. La récession en Ukraine s'est aggravée au deuxième trimestre avec un recul du produit intérieur brut de 2,3% après une contraction de 2% sur les trois premiers mois de l'année. Réagissant sur Twitter, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a salué le feu vert du FMI, assurant qu'il constituait un signe de confiance bienvenu. Plus tôt dans la journée, le dirigeant avait jugé l'aide du FMI cruciale au vu des milliards de dollars mobilisés dans le conflit avec les séparatistes pro-russes. Dans son communiqué, Mme Lagarde a jugé encourageante la mise en œuvre par Kiev des réformes demandées par le FMI, en dépit d'un contexte bien pire qu'attendu et au vu de l'échec des précédents plans d'aide accordés au pays par le Fonds. Les deux précédentes lignes de crédit accordées à l'Ukraine (16,4 milliards de dollars en 2008, 15,1 milliards en 2010) avaient été rapidement interrompues face au refus des autorités de mettre en œuvre des réformes impopulaires.