La Banque privée suisse du conglomérat Espirito Santo (BPES), en liquidation, a proposé à ses clients de vendre avec une décote de 98% leurs titres de dette d'Espirito Santo International (ESI), holding de tête du groupe, à des opérateurs de marché. "Certains opérateurs de marché pourraient acquérir" les titres ESI à ce prix, a annoncé BPES dans une lettre à ses clients datée du 22 août et transmise mardi par le cabinet d'avocats portugais CSA, qui défend les intérêts des clients portugais de la banque suisse. Les acquéreurs potentiels ont également proposé 20 à 25% de la valeur des titres Rioforte et 10 à 12% de ceux d'Espirito Santo Financière, deux autres entités du groupe portugais, dans la tourmente depuis trois mois. La banque suisse affirme cependant vouloir "trouver de meilleurs prix", en organisant des offres "qui permettraient d'optimiser les ventes" des titres de dette. Ces propositions émanent de "fonds vautours", a déclaré Julio de Castro Caldas, l'un des avocats en charge du dossier au cabinet CSA, qui a annoncé vouloir "engager des actions civiles contre BPES et, dans certains cas, des actions pénales". "Pour la moitié de nos clients, 100% du portefeuille avait été placé en titres d'ESI", a précisé Me Caldas, qui défend une cinquantaine d'investisseurs pour un total de 11 millions d'euros de titres de dettes du groupe Espirito Santo. Spécialisée dans la gestion de fortune, BPES gérait à la fin de l'année dernière 5 milliards de francs suisse, confiés par de riches clients. Le groupe Espirito Santo avait annoncé le 22 juillet la vente d'une majeure partie de sa banque privée à la banque suisse CBH. BPES avait entamé quelques jours plus tard une procédure de liquidation. Dans ce cadre, les clients ont jusqu'au 8 septembre pour réclamer le paiement de leurs créances. La découverte fin mai d'irrégularités comptables au sein d'ESI avait plongé le groupe Espirito Santo dans la tourmente. La holding de tête avait déposé le bilan fin juillet au Luxembourg, suivie par deux autres holdings du groupe, Rioforte et Espirito Santo Financial Group (ESFG). La crise avait culminé le 3 août avec le plan de sauvetage de Banco Espirito Santo, joyau du groupe, dont les actifs sains ont été isolés au sein d'une nouvelle structure, Novo Banco, tandis que les actionnaires gardent les actifs toxiques.